
Quatrième de couverture
Poursuivant sa traversée de l’histoire humaine, Noam s’éveille d’un long sommeil sur les rives du Nil, en 1650 av. J.-C. et se lance à la découverte de Memphis, capitale des deux royaumes d’Égypte. Les temps ont bien changé. Des maisons de plaisir à la Maison des morts, des quartiers hébreux au palais de Pharaon se dévoile à lui une civilisation inouïe qui se transmet sur des rouleaux de papyrus, qui vénère le Nil, fleuve nourricier, momifie les morts, invente l’au-delà, érige des temples et des pyramides pour accéder à l’éternité. Mais Noam, le cœur plein de rage, a une unique idée en tête : en découdre avec son ennemi pour connaître enfin l’immortalité heureuse auprès de Noura, son aimée.
Avec le troisième tome du cycle de ‘La Traversée des Temps’, Éric-Emmanuel Schmitt nous embarque en Égypte ancienne, une civilisation qui prospéra pendant plus de trois mille ans. Fertile en surprises, ‘Soleil sombre’ restitue ce monde en pleine effervescence dont notre modernité a conservé des traces, mais qui reste dans l’Histoire des hommes une parenthèse aussi sublime qu’énigmatique.
Après la période du néolithique puis la Mésopotamie, E E Schmitt nous entraine avec Noam à Memphis capitale égyptienne au temps des pharaons. Hormis les aventures, l’amour, l’amitié qui jalonnent le parcours de Noam , on retrouve aussi dans ce tome des réflexions sur le vieillissement, sur la médecine, le pouvoir, sur le syndrome pyramidal qui laisse toujours les mêmes en bas de l’échelle. J’ai parcouru avec beaucoup de plaisir toute cette époque et les quelques 576 pages du livres. Comme pour les deux autres tomes j’ai encore beaucoup appris sur cette période de l’humanité. Bref, vous l’aurez compris j’ai vraiment aimé.
Extraits
« Par fractions et allusions, je découvris qu’Osiris avait rapporté aux humains l’espoir d’une vie après la mort. En ressuscitant, il avait dévoilé une nouvelle dimension de l’existence : la mort n’était pas une fin ; une vie ne se terminait pas au trépas, elle changeait de forme ; lorsqu’un individu s’éteignait, il bouclait un cycle avant d’en commencer un autre. »
« L’Égypte était un oxymore. Elle mêlait constamment ce que l’on allait ensuite estimer contradictoire. Elle n’excluait pas, elle joignait. Naissance et trépas se complétaient puisque Rê, le soleil, périssait chaque soir à l’occident pour renaître chaque matin à l’orient. Vie et mort concordaient puisque le vivant se préparait à la mort tandis que le défunt prolongeait l’existence du vivant. Fini et infini voisinaient puisqu’on occupait un monde fermé, groupé autour du Nil, mais bordé de déserts interminables. Villes et campagnes, loin de s’opposer, se rangeaient sous la protection unique du fleuve. Animal et homme ne se boudaient pas, mais s’unissaient dans les effigies – corps de lion avec face d’homme, corps d’homme avec face de chacal. Féminin et masculin se fondaient dans certains individus, et d’abord dans le Nil, nourricier comme une femelle, vaillant comme un mâle. Matière et esprit s’associaient dans les temples de pierre, les idoles de granit, les sphinx couchés sur le sable. Même le bien et le mal ne se rejetaient pas, car il fallait la tension des deux, Seth le destructeur se révélant indispensable à Osiris le bon. La lumière appelait l’ombre, le désert, l’oasis. Ce vaste pays coulait ses jours à la lueur d’un paradoxe, sous un soleil sombre qui de ses feux éclairait le mystère. »

Quatrième de couverture
À 50 ans, Bernard est persuadé que sa bonne petite vie tranquille se déroulera ainsi jusqu’à la fin de ses jours.C’est sans compter sa femme, qui décide d’un coup de divorcer, et la crise, qui lui fait perdre son emploi. Sans logement, sans argent, incapable d’avouer son chômage à sa famille, il n’a d’autre alternative que de retourner vivre dans sa chambre d’adolescent, chez ses parents. Ceux-ci ne semblent pas réjouis de recueillir leur unique rejeton, qui trouble leur vieillesse paisible. Jusqu’à ce que Bernard rencontre la fille d’un quincaillier, aussi perdue que lui…
Comment trouver sa place dans un monde en crise, quand on n’est ni très jeune, ni très beau, quand, finalement, on ne désire que le bonheur ? Un destin d’aujourd’hui, une histoire drôle et mélancolique.
D’emblée cet homme nommé Bernard a la sympathie du lecteur , on ne peut que montrer de la compassion pour un être soumis à un véritable maelstrom intérieur et extérieur. Les thèmes abordés dans ce livre sont nombreux :la lassitude , l’érosion du couple, l’amour et le désamour, l’adultère, la séparation, la solitude, les relations parents / enfants, le fossé générationnel, la perte de son emploi , le parcours du combattant pour en décrocher un autre à 50 ans . Mais la façon dont l’auteur aborde le tout est vraiment comique et vous ne regretterez pas de vous laisser aller à rire grâce à l’autodérision de Bernard et au talent de l’auteur. Un roman ancré dans la réalité , truffé de situations cocasses et de dialogues savoureux que l’on dévore .
Extraits
« Des chiffres et des lettres possédait le mérite de nous réveiller en douceur. C’était comme un préliminaire à l’orgasme que serait Questions pour un champion. »
« Elle avait cinquante ans et des poussières. J’emploie cette expression car il me semblait justement voir les poussières sur son visage. C’était comme des ombres se promenant sur son enthousiasme factice. »
« Les parents parlaient de sujets et d’autre : on se donnait des nouvelles des voisins et de la famille : on s’apitoyait sur le sort d’Untel ou Untel atteint d’un cancer de la prostate ou de la maladie d’Alzheimer ; on évoquait les morts ; et on regrettait bien sûr l’insécurité dans nos villes, et le fait qu’il fasse trop froid en hiver et trop chaud en été. Un festival de réjouissances à vous donner envie de vous suicider aux cacahuètes. »

Quatrième de couverture
Dans le Morbihan, jeu de la vérité et de la trahison entre résistants et Gestapo. Fin 1942. La liaison de Roland Le Mezec, patron pêcheur à Quiberon, et de Soizic Vaillant, la gérante du Goéland, un café restaurant du port, attire sur lui les foudres de l’épicier, Simon Leridan, qui courtise la jeune femme depuis toujours et participe avec elle à un réseau de résistance.
Roman émouvant , à l’atmosphère oppressante dans une étroite communauté du Morbihan où tout le monde connaît et soupçonne tout le monde. L’intrigue se développe autour du port de Quiberon, à Carnac dans l’église Saint Cornely où officie un recteur-curé philosophe et dans le château d’un vieil aristocrate du coin, réquisitionné pour le major et sa maîtresse. À Rennes ou à Paris, Roland a ses entrées dans les bureaux, auprès de personnages surprenants, vrais et faux collabos compris ou traitres et héros cachés dont les caractères se révèleront dans l’adversité. Haine et amour se côtoient dans ce roman , les apparences sont trompeuses , même le lecteur peut être emmené à se tromper sur la personnalité des personnages.

Quatrième de couverture
« La photo en noir et blanc d’une petite fille en maillot de bain foncé, sur une plage de galets. En fond, des falaises. Elle est assise sur un rocher plat, ses jambes robustes étendues bien droites devant elle, les bras en appui sur le rocher, les yeux fermés, la tête légèrement penchée, souriant. Une épaisse natte brune ramenée par-devant, l’autre laissée dans le dos.
Tout révèle le désir de poser comme les stars dans Cinémonde ou la publicité d’Ambre solaire, d’échapper à son corps humiliant et sans importance de petite fille. Les cuisses plus claires, ainsi que le haut des bras, dessinent la forme d’une robe et indiquent le caractère exceptionnel, pour cette enfant, d’un séjour ou d’une sortie à la mer. La plage est déserte. Au dos : août 1949, Sotte ville-sur-Mer ».
Au travers de photos et de souvenirs laissés par les événements, les mots et les choses, Annie Ernaux donne à ressentir le passage des années, de l’après-guerre à aujourd’hui. En même temps, elle inscrit l’existence dans une forme nouvelle d’autobiographie, impersonnelle et collective.
Un roman à la fois personnel et universel qui ne peut que toucher le lecteur . Les transformations du monde pour l’auteure sont aussi palpables au travers de notre propre vécu . L’humeur et l’état d’esprit des années traversées y sont remarquablement décrits. Les faits marquants de ces décennies , les changements opérés dans la société ont marqué de leur empreinte notre vie , en s’adressant à nous de cette façon Annie Ernaux peint un tableau vraiment fidèle et vivant. C’est aussi une tres juste réflexion sur le temps qui passe et qui emporte tout, qui pose la question de ce qui restera de nous après notre passage sur cette planète.
Extraits
« Et les jeunes arrivaient, de plus en plus nombreux. Les maîtres d’école manquaient, il suffisait d’avoir dix-huit ans et le bas pour être envoyé dans un cours préparatoire faire lire Rémi et Colette. On nous fournissait de quoi nous amuser, le hula hoop, Salut les copains, Age tendre et tête de bois, on n’avait le droit de rien, ni voter ni faire l’amour ni même donner son avis. Pour avoir le droit à la parole, il fallait d’abord faire ses preuves d’intégration au modèle social dominant, « entrer » dans l’enseignement, à la Poste ou à la SNCF, chez Michelin, Gillette, dans les assurances : « gagner sa vie. L’avenir n’était qu’une somme d’expériences à reconduire, service militaire de vingt-quatre mois, travail, mariage, enfants. On attendait de nous l’acceptation naturelle de la transmission. Devant ce futur assigné, on avait confusément envie de rester jeunes longtemps. «
« Le sexe était le grand soupçon de la société qui en voyait les signes partout,, dans les décolletés, les jupes étroites, le vernis à ongles rouge, les sous-vêtements noirs, le bikini, la mixité, l’obscurité des salles de cinéma, les toilettes publiques, les muscles de Tarzan, les femmes qui fument et croisent les jambes, le geste de se toucher les cheveux en classe, etc. Il était le premier critère d’évaluation des filles, les départageaient en » comme il faut » et » mauvais genre ».
« Au souper, il fallait nous arracher les mots de la bouche, on laissait de la nourriture, s’attirant le reproche « si tu avais eu faim pendant la guerre tu serais moins difficile ». Aux désirs qui nous agitaient était opposée la sagesse des limites, « tu demandes trop à la vie ».

Quatrième de couverture
Au collège de Clerval, près de Tours, Eric Capadis, jeune professeur d’histoire-géographie, vient de se suicider en se jetant par la fenêtre de sa classe. Lorsque Pierre Hoffman, son remplaçant, prend contact avec ses nouveaux élèves, il décèle chez eux des comportements étranges. Soudés, anormalement disciplinés, ces adolescents forment un bloc impénétrable. Surtout, ils dégagent une hostilité diffuse, une violence sourde dont le narrateur sent qu’elle peut devenir extrême. Mais le collège tout entier semble conspirer pour banaliser la situation.
Un roman qui vous prend aux tripes tant l’atmosphère est oppressante . Ces adolescents et leur comportement plus que dérangeants sont des manipulateurs extrêmement efficaces. Heureusement je n’ai pas lu la première quatrième de couverture qui révèle la clé de l’intrigue, ce qui m’a permis d’en apprécier toute l’efficacité .
Extraits
« On dit souvent que le culte des objets s’enracine dès l’enfance et qu’ils enchâssent les périodes marquantes de l’existence, comme une sorte de métaphore personnelle. Un jour, il faudrait que quelqu’un retrace l’importance anthropologique des airs musicaux et la place qu’ils occupent dans les biographies familiales. Récemment, j’ai entendu parler par hasard du joueur de pipeau de « Bonne nuit les petits ». Il s’appelle Antoine Berge et a soixante et onze ans. Il avait demandé sur le tard 150 000 francs de droits d’auteur au tribunal de grande instance de Paris. Il ne lui avait finalement été accordé que 632,50 francs. »
« Je me souvenais de lui comme de quelqu’un de jeune avec des pattes-d’oie, un mental grisonnant, des rides et une peau qui semblait avoir essuyé tous les coups de vent d’une existence vécue sans discernement. Ayant dix ans de plus que moi, il appartenait à cette génération qui, la première, avait tourné la bonté et la gentillesse en dérision, et dont l’heure de gloire se situait au milieu des années quatre-vingt. »
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