J’ai lu

Quatrième de couverture

Poursuivant sa traversée de l’histoire humaine, Noam s’éveille d’un long sommeil sur les rives du Nil, en 1650 av. J.-C. et se lance à la découverte de Memphis, capitale des deux royaumes d’Égypte. Les temps ont bien changé. Des maisons de plaisir à la Maison des morts, des quartiers hébreux au palais de Pharaon se dévoile à lui une civilisation inouïe qui se transmet sur des rouleaux de papyrus, qui vénère le Nil, fleuve nourricier, momifie les morts, invente l’au-delà, érige des temples et des pyramides pour accéder à l’éternité. Mais Noam, le cœur plein de rage, a une unique idée en tête : en découdre avec son ennemi pour connaître enfin l’immortalité heureuse auprès de Noura, son aimée.
Avec le troisième tome du cycle de ‘La Traversée des Temps’, Éric-Emmanuel Schmitt nous embarque en Égypte ancienne, une civilisation qui prospéra pendant plus de trois mille ans. Fertile en surprises, ‘Soleil sombre’ restitue ce monde en pleine effervescence dont notre modernité a conservé des traces, mais qui reste dans l’Histoire des hommes une parenthèse aussi sublime qu’énigmatique.

Après la période du néolithique puis la Mésopotamie, E E Schmitt nous entraine avec Noam à Memphis capitale égyptienne au temps des pharaons. Hormis les aventures, l’amour, l’amitié qui jalonnent le parcours de Noam , on retrouve aussi dans ce tome des réflexions sur le vieillissement, sur la médecine, le pouvoir, sur le syndrome pyramidal qui laisse toujours les mêmes en bas de l’échelle. J’ai parcouru avec beaucoup de plaisir toute cette époque et les quelques 576 pages du livres. Comme pour les deux autres tomes j’ai encore beaucoup appris sur cette période de l’humanité. Bref, vous l’aurez compris j’ai vraiment aimé.

Extraits

« Par fractions et allusions, je découvris qu’Osiris avait rapporté aux humains l’espoir d’une vie après la mort. En ressuscitant, il avait dévoilé une nouvelle dimension de l’existence : la mort n’était pas une fin ; une vie ne se terminait pas au trépas, elle changeait de forme ; lorsqu’un individu s’éteignait, il bouclait un cycle avant d’en commencer un autre. »

« L’Égypte était un oxymore. Elle mêlait constamment ce que l’on allait ensuite estimer contradictoire. Elle n’excluait pas, elle joignait. Naissance et trépas se complétaient puisque Rê, le soleil, périssait chaque soir à l’occident pour renaître chaque matin à l’orient. Vie et mort concordaient puisque le vivant se préparait à la mort tandis que le défunt prolongeait l’existence du vivant. Fini et infini voisinaient puisqu’on occupait un monde fermé, groupé autour du Nil, mais bordé de déserts interminables. Villes et campagnes, loin de s’opposer, se rangeaient sous la protection unique du fleuve. Animal et homme ne se boudaient pas, mais s’unissaient dans les effigies – corps de lion avec face d’homme, corps d’homme avec face de chacal. Féminin et masculin se fondaient dans certains individus, et d’abord dans le Nil, nourricier comme une femelle, vaillant comme un mâle. Matière et esprit s’associaient dans les temples de pierre, les idoles de granit, les sphinx couchés sur le sable. Même le bien et le mal ne se rejetaient pas, car il fallait la tension des deux, Seth le destructeur se révélant indispensable à Osiris le bon. La lumière appelait l’ombre, le désert, l’oasis. Ce vaste pays coulait ses jours à la lueur d’un paradoxe, sous un soleil sombre qui de ses feux éclairait le mystère. »

Quatrième de couverture

À 50 ans, Bernard est persuadé que sa bonne petite vie tranquille se déroulera ainsi jusqu’à la fin de ses jours.C’est sans compter sa femme, qui décide d’un coup de divorcer, et la crise, qui lui fait perdre son emploi. Sans logement, sans argent, incapable d’avouer son chômage à sa famille, il n’a d’autre alternative que de retourner vivre dans sa chambre d’adolescent, chez ses parents. Ceux-ci ne semblent pas réjouis de recueillir leur unique rejeton, qui trouble leur vieillesse paisible. Jusqu’à ce que Bernard rencontre la fille d’un quincaillier, aussi perdue que lui…
Comment trouver sa place dans un monde en crise, quand on n’est ni très jeune, ni très beau, quand, finalement, on ne désire que le bonheur ? Un destin d’aujourd’hui, une histoire drôle et mélancolique.

D’emblée cet homme nommé Bernard a la sympathie du lecteur , on ne peut que montrer de la compassion pour un être soumis à un véritable maelstrom intérieur et extérieur. Les thèmes abordés dans ce livre sont nombreux :la lassitude , l’érosion du couple, l’amour et le désamour, l’adultère, la séparation, la solitude, les relations parents / enfants, le fossé générationnel, la perte de son emploi , le parcours du combattant pour en décrocher un autre à 50 ans . Mais la façon dont l’auteur aborde le tout est vraiment comique et vous ne regretterez pas de vous laisser aller à rire grâce à l’autodérision de Bernard et au talent de l’auteur. Un roman ancré dans la réalité , truffé de situations cocasses et de dialogues savoureux que l’on dévore .

Extraits

« Des chiffres et des lettres possédait le mérite de nous réveiller en douceur. C’était comme un préliminaire à l’orgasme que serait Questions pour un champion. »

« Elle avait cinquante ans et des poussières. J’emploie cette expression car il me semblait justement voir les poussières sur son visage. C’était comme des ombres se promenant sur son enthousiasme factice. »

« Les parents parlaient de sujets et d’autre : on se donnait des nouvelles des voisins et de la famille : on s’apitoyait sur le sort d’Untel ou Untel atteint d’un cancer de la prostate ou de la maladie d’Alzheimer ; on évoquait les morts ; et on regrettait bien sûr l’insécurité dans nos villes, et le fait qu’il fasse trop froid en hiver et trop chaud en été. Un festival de réjouissances à vous donner envie de vous suicider aux cacahuètes. »

Quatrième de couverture

Dans le Morbihan, jeu de la vérité et de la trahison entre résistants et Gestapo. Fin 1942. La liaison de Roland Le Mezec, patron pêcheur à Quiberon, et de Soizic Vaillant, la gérante du Goéland, un café restaurant du port, attire sur lui les foudres de l’épicier, Simon Leridan, qui courtise la jeune femme depuis toujours et participe avec elle à un réseau de résistance.

Roman émouvant , à l’atmosphère oppressante dans une étroite communauté du Morbihan où tout le monde connaît et soupçonne tout le monde. L’intrigue se développe autour du port de Quiberon, à Carnac dans l’église Saint Cornely où officie un recteur-curé philosophe et dans le château d’un vieil aristocrate du coin, réquisitionné pour le major et sa maîtresse. À Rennes ou à Paris, Roland a ses entrées dans les bureaux, auprès de personnages surprenants, vrais et faux collabos compris ou traitres et héros cachés dont les caractères se révèleront dans l’adversité. Haine et amour se côtoient dans ce roman , les apparences sont trompeuses , même le lecteur peut être emmené à se tromper sur la personnalité des personnages.

Quatrième de couverture

« La photo en noir et blanc d’une petite fille en maillot de bain foncé, sur une plage de galets. En fond, des falaises. Elle est assise sur un rocher plat, ses jambes robustes étendues bien droites devant elle, les bras en appui sur le rocher, les yeux fermés, la tête légèrement penchée, souriant. Une épaisse natte brune ramenée par-devant, l’autre laissée dans le dos.
Tout révèle le désir de poser comme les stars dans Cinémonde ou la publicité d’Ambre solaire, d’échapper à son corps humiliant et sans importance de petite fille. Les cuisses plus claires, ainsi que le haut des bras, dessinent la forme d’une robe et indiquent le caractère exceptionnel, pour cette enfant, d’un séjour ou d’une sortie à la mer. La plage est déserte. Au dos : août 1949, Sotte ville-sur-Mer ».
Au travers de photos et de souvenirs laissés par les événements, les mots et les choses, Annie Ernaux donne à ressentir le passage des années, de l’après-guerre à aujourd’hui. En même temps, elle inscrit l’existence dans une forme nouvelle d’autobiographie, impersonnelle et collective.

Un roman à la fois personnel et universel qui ne peut que toucher le lecteur . Les transformations du monde pour l’auteure sont aussi palpables au travers de notre propre vécu . L’humeur et l’état d’esprit des années traversées y sont remarquablement décrits. Les faits marquants de ces décennies , les changements opérés dans la société ont marqué de leur empreinte notre vie , en s’adressant à nous de cette façon Annie Ernaux peint un tableau vraiment fidèle et vivant. C’est aussi une tres juste réflexion sur le temps qui passe et qui emporte tout, qui pose la question de ce qui restera de nous après notre passage sur cette planète.

Extraits

« Et les jeunes arrivaient, de plus en plus nombreux. Les maîtres d’école manquaient, il suffisait d’avoir dix-huit ans et le bas pour être envoyé dans un cours préparatoire faire lire Rémi et Colette. On nous fournissait de quoi nous amuser, le hula hoop, Salut les copains, Age tendre et tête de bois, on n’avait le droit de rien, ni voter ni faire l’amour ni même donner son avis. Pour avoir le droit à la parole, il fallait d’abord faire ses preuves d’intégration au modèle social dominant, « entrer » dans l’enseignement, à la Poste ou à la SNCF, chez Michelin, Gillette, dans les assurances : « gagner sa vie. L’avenir n’était qu’une somme d’expériences à reconduire, service militaire de vingt-quatre mois, travail, mariage, enfants. On attendait de nous l’acceptation naturelle de la transmission. Devant ce futur assigné, on avait confusément envie de rester jeunes longtemps. « 

« Le sexe était le grand soupçon de la société qui en voyait les signes partout,, dans les décolletés, les jupes étroites, le vernis à ongles rouge, les sous-vêtements noirs, le bikini, la mixité, l’obscurité des salles de cinéma, les toilettes publiques, les muscles de Tarzan, les femmes qui fument et croisent les jambes, le geste de se toucher les cheveux en classe, etc. Il était le premier critère d’évaluation des filles, les départageaient en  » comme il faut » et  » mauvais genre ».

« Au souper, il fallait nous arracher les mots de la bouche, on laissait de la nourriture, s’attirant le reproche « si tu avais eu faim pendant la guerre tu serais moins difficile ». Aux désirs qui nous agitaient était opposée la sagesse des limites, « tu demandes trop à la vie ».

Quatrième de couverture

Au collège de Clerval, près de Tours, Eric Capadis, jeune professeur d’histoire-géographie, vient de se suicider en se jetant par la fenêtre de sa classe. Lorsque Pierre Hoffman, son remplaçant, prend contact avec ses nouveaux élèves, il décèle chez eux des comportements étranges. Soudés, anormalement disciplinés, ces adolescents forment un bloc impénétrable. Surtout, ils dégagent une hostilité diffuse, une violence sourde dont le narrateur sent qu’elle peut devenir extrême. Mais le collège tout entier semble conspirer pour banaliser la situation.

Un roman qui vous prend aux tripes tant l’atmosphère est oppressante . Ces adolescents et leur comportement plus que dérangeants sont des manipulateurs extrêmement efficaces. Heureusement je n’ai pas lu la première quatrième de couverture qui révèle la clé de l’intrigue, ce qui m’a permis d’en apprécier toute l’efficacité .

Extraits

« On dit souvent que le culte des objets s’enracine dès l’enfance et qu’ils enchâssent les périodes marquantes de l’existence, comme une sorte de métaphore personnelle. Un jour, il faudrait que quelqu’un retrace l’importance anthropologique des airs musicaux et la place qu’ils occupent dans les biographies familiales. Récemment, j’ai entendu parler par hasard du joueur de pipeau de « Bonne nuit les petits ». Il s’appelle Antoine Berge et a soixante et onze ans. Il avait demandé sur le tard 150 000 francs de droits d’auteur au tribunal de grande instance de Paris. Il ne lui avait finalement été accordé que 632,50 francs. »

« Je me souvenais de lui comme de quelqu’un de jeune avec des pattes-d’oie, un mental grisonnant, des rides et une peau qui semblait avoir essuyé tous les coups de vent d’une existence vécue sans discernement. Ayant dix ans de plus que moi, il appartenait à cette génération qui, la première, avait tourné la bonté et la gentillesse en dérision, et dont l’heure de gloire se situait au milieu des années quatre-vingt. »

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J’ai lu

La jeune Martha Laborne s’est évaporée à Acapulco. Mauvaise nouvelle pour le Quai d’Orsay : c’est la fille d’un homme politique français. La « Perle du Pacifique » était dans les années soixante le paradis des stars hollywoodiennes. Hélas, la ville aujourd’hui est livrée aux pires cartels mexicains de la drogue.Aurel Timescu, notre calamiteux Consul, est envoyé sur place.Comme à son habitude, il est fermement décidé à ne rien faire. Son hôtel, le Los Flamingos, est hanté par les fantômes de Tarzan, d’Ava Gardner ou de Frank Sinatra. En suivant ces héros qui l’ont tant fait rêver dans son enfance, il va subir une complète métamorphose.Un Aurel hédoniste, dandy et buveur de tequila se révèle. C’est bien malgré lui qu’il va se retrouver exposé à des intrigues meurtrières, à des dangers inconnus et au plus redoutable d’entre eux : la passion pour une femme exceptionnelle.

L’auteur ne livre pas vraiment une enquête policière, plutôt une galerie de portraits – caricatures, dans un environnement cependant bien réel. Acapulco a décliné au fil du temps de point de ralliement des vedettes hollywoodiennes en zone de guerre entre narco-trafiquants. Tous les problèmes du Mexique y sont présents : la corruption, les narcos , les flics qu’il vaut mieux éviter , la violence, les assassinats Même si JC Ruffin s’est amusé à écrire ce cinquième tome, il a puisé dans sa carrière de diplomate pour camper ses personnages qui existent réellement.

Un livre que j’ai vraiment apprécié drôle , plein d’ humour, d’ imagination, riche en connaissance du monde diplomatique , et superbement écrit.

Extraits :

— Nous avons ce qu’il vous faut, monsieur Timescu. Puisque apparemment vous vous prenez pour James Bond.
Personne n’avait moins l’air de James Bond que le petit homme dégarni, transpirant dans son costume de tweed et son gros manteau d’hiver à six boutons, fermé jusqu’au col. Covid oblige, il portait un masque chirurgical d’un rose pâle. Il l’avait posé de travers, si bien qu’on aurait cru qu’il était bâillonné avec du papier hygiénique.

« Acapulco était un monstre, un fantôme. La ville conservait une apparence de grâce, de volupté, de beauté, comme une revenante qui aurait pris, pour tromper les humains, l’enveloppe de chair du temps où elle était de ce monde. Mais à l’intérieur, il y avait le vide et la mort. »

« Il ne lui serra pas la main car c’était un homme qui pratiquait les gestes barrières depuis la naissance. »

Danny, 10 ans, est mort dans un effroyable accident. Et Tina, sa mère, n’a jamais pu identifier son corps. Un an plus tard, des signes prouvent pourtant à Tina que son fils est toujours en vie. Dès lors, elle n’a qu’une obsession : le retrouver et découvrir la vérité. Mais elle dérange et les services secrets tentent de l’assassiner. Qu’ont-ils à cacher ? Et si Danny était celui par qui la fin de l’humanité pouvait arriver ?

Un bon thriller flirtant avec le fantastique et à la fin prémonitoire d’un certain vécu récent.

Extraits

« La nuit enveloppe de son silence la maison des Evans, un silence troublé seulement par le bruissement des feuillages qu’agite le vent sec venu du désert. Un matou blanc du voisinage se glisse sur la pelouse et joue avec un bout de papier qui voltige et se pose devant lui tout à coup comme pour le narguer ; le chat bondit, avance la patte, manque son coup car son jouet capricieux est reparti, et, déçu, il file sous les buissons à la recherche d’une autre proie plus facile à saisir. »

« C’est là que le paradoxe lui sauta à la figure comme un diable qui sort d’une boîte : d’un côté elle se comportait comme si elle ignorait la vérité, de l’autre elle cherchait à l’obtenir par l’intermédiaire de Stryker que l’on rouvrît la tombe de son fils, ce qui semblait indiquer qu’elle savait quelque chose. A en croire Stryker, ses motivations étaient innocentes : elle entretenait des remords pour n’avoir pas eu le courage de voir le corps mutilé de son fils avant la mise en bière. Elle avait l’impression d’avoir manqué aux égards les plus élémentaires vis-à-vis du défunt et ce sentiment de culpabilité avait engendré, toujours aux dires de l’avocat, des troubles psychologiques sérieux, cauchemars, etc. »

En juin 1944, le père de Mathias, le petit Mainou, neuf ans, vient de perdre sa mère, morte en couches. On décide de l’envoyer, caché dans une charrette à foin, par-delà la ligne de démarcation, chez sa grand-mère qui a une ferme en Lorraine. Ce sont ces derniers mois de guerre, vus à hauteur d’enfant, que fait revivre Mathias Malzieu, mêlant sa voix à celle de son père. Mainou va rencontrer cette famille qu’il ne connaît pas encore, découvrir avec l’oncle Émile le pouvoir de l’imagination, trouver la force de faire son deuil et de survivre dans une France occupée.
Il aura fallu plus de six ans à Mathias Malzieu pour écrire ce « Guerrier de porcelaine », son roman le plus intime, où, alliant humour et poésie, il retrace l’enfance de son père et s’interroge sur les liens puissants de la filiation.

Une superbe découverte pour moi avec cet auteur , un style poétique ou l’humour est omniprésent sans oublier un plein de tendresse . Un vrai coup de coeur pour ce roman plein d’émotion vraie .

Extraits :

« Je suis comme un diabétique qui rêve de nager dans un océan de crème chantilly. J’aime tellement la joie que je ne peux m’empêcher d’en fabriquer, même si c’est mauvais pour ma santé. Parce que je finis toujours par me coincer entre la réalité et les souvenirs. Là où les rêveries explosent comme des bulles de savon. Je vais penser à un petit-déjeuner normal à Montpellier, sans vol de poussins ni écureuils domestiques. Juste toi et l’odeur du pain grillé. Et là, je suis cuit pour plusieurs heures d’affilée. Je vais rester coincé dans le souvenir. Ça me fera un peu de joie en plus et un chagrin de boule de pétanque dans le gorge »

-Tu sais que Dieu a créé le monde en six jours ? Mais s’il avait pris autant de temps que toi pour avaler un bol de lait, on en serait encore au Moyen Age.
Je crois qu’elle essaie de faire de l’humour, du coup j’essaie de rire. C’est terrible cet humour de vieux. Pourtant, malgré l’arrière-goût d’hostie périmé, je sens une tentative de tendresse. 

 » Son rire, quand il finit par arriver, ça fait comme un court-circuit dans la guerre. Je me prends un tel taux de lumière dans le sang que je me sens luminescent. Je brille comme une étoile dans mon lit toute la nuit et je ne m’éteins qu’au petit matin. (…) L’autre soir, je me suis endormi dans ses bras. Quand elle m’a réveillé avec sa jolie tête au-dessus de la mienne, c’était mieux qu’un rêve. J’ai fini par retourner dans ma chambre avec des étoiles à la place de la tête. Toute une galaxie douce dans les cheveux, il faisait presque jour dans le couloir tellement j’irradiais. »

Mathieu tient une librairie à qui il voue tout son temps jusqu’au burn-out. Il va alors se réfugier dans la maison de son ami César qu’il a acheté en viager. Tous ses proches se succèdent pour le ramener à la raison, mais c’est encore dans l’adversité qu’il est le meilleur et trouve comment redonner un sens à sa vie.

C’est un bon roman avec de beaux dialogues qui sonnent juste.  Françoise Bourdin y évoque avec talent des problèmes de société et des relations familiales parfois difficiles. Une lecture bien agréable .

extraits

« La soirée à venir lui apparaissait comme une épreuve. Faire la conversation, mimer la gaieté ou même un simple bien-être allait lui demander des efforts considérables, et il s’en voulait d’être dans un tel état de rejet. Bon sang, il aimait Tess, il adorait sa fille, pourtant il aurait donné n’importe quoi pour qu’elles s’en aillent ! Il faillit le dire, parvint de justesse à s’en empêcher, mais cette petite victoire sur lui-même ne lui apporta aucune satisfaction. »

« Se sentait-il sur la voie de la guérison? Sauf qu’il n’était pas malade, seulement épuisé par toutes ces années d’hyperactivité qu’il s’était imposées. L’envie de réussir, de prouver que sa passion le ferait vivre et que son énergie triompherait de toutes les difficultés, l’avait mené au bord du gouffre. Comprenant qu’il risquait d’être consumé par le fameux burn-out – pudique synonyme de la dépression – il avait tout arrêté. Depuis, il refusait de songer à ce qui pouvait bien se passer en son absence. Privé de capitaine, son navire était peut-être en train de sombrer, néanmoins il ne voulait pas se poser la question. »

« Cette impression d’impuissance et de solitude, ne l’avait-il pas souvent subie lorsqu’il était enfant ? Tout venait de là. Il avait occulté le passé au lieu de le liquider et la machine s’était bloquée. Se noyer dans le travail n’avait été qu’une fuite en avant qui ne réglait rien. Accroché à son unique passion, les livres, il s’était mis des œillères. En vain. La bombe à retardement lui avait sauté à la figure. »

 » Elle aurait pu renoncer. Elle aurait dû renoncer. Elle se le répéta bien un million de fois toutes les années qui suivirent. Elle eut d’ailleurs une hésitation, peut-être valait-il mieux rester, se rallonger dans la chambrée, à écouter ses deux autres soeurs qui gesticulaient dans leur sommeil, pétaient et miaulaient sous leurs draps à cause de leurs rêves lascifs tout juste pubères. Peut-être valait-il mieux abdiquer, enrager, et se délecter de sa rage, puisqu’il y a un plaisir dans l’abdication, cela va sans dire, le plaisir tragique de la passivité et du dépit, le plaisir du drapage dans la dignité, on ne nous laisse jamais rien faire, on a juste le droit de se taire, on nous enferme, alors que les autres là-bas au loin s’amusent et se goinfrent, qu’est-ce que j’ai fait dans mes vies antérieures pour mériter ça, oh comme je suis malheureuse. Peut-être aussi que le jeu n’en valait pas la chandelle. Mais le jeu, n’est-ce pas, en vaut rarement la chandelle. Le jeu n’est désirable que parce qu’il est le jeu. »


Véronique Ovaldé, à travers l’histoire d’une famille frappée par une mystérieuse tragédie, ausculte au plus près les relations que nous entretenons les uns avec les autres et les incessants accommodements qu’il nous faut déployer pour vivre nos vies.

 L’auteur aborde les blessures par le biais d’une écriture poétique mettant en avant les fragilités et les drames des histoires familiales.

Un tres bon roman au style incisif non dépourvu d’humour.

extraits :

« La maison est tellement silencieuse qu’elle entend les pommes de terre germer dans leur sac en papier kraft. »

« La mer est comme un sirop, onctueuse et amniotique. C’est une eau qui vous porte et vous lave de vos douleurs. Aïda n’avait pas nagé depuis quinze ans. Comment avait-elle pu s’en passer ? On est le lendemain de l’enterrement du Vieux. Il est sept heures du matin. Elle s’est couchée tôt la veille, ou du moins elle est montée tôt dans sa chambre, elle a lu son livre de physique quantique pour les nuls, il y avait encore du monde dans la Grande Maison, éclats de voix et quelques rires, on en avait terminé avec les chuchotis et la commisération, dernière phase des obsèques. Elle était montée parce qu’elle avait fini par se sentir comme un scarabée au milieu d’un plat de crème. »

« Il y a d’abord l’odeur du chèvrefeuille et les stridulations des mésanges, puis il y a les abeilles bombardiers qui passent en ronflant entre eux deux, leur route était là, leur route est là, elles ne vont pas changer de trajet à cause des importuns, elles n’ont que faire des importuns, ils sont trop fugaces pour être réellement incommodants, et la route des abeilles est immémoriale, on les voit se diriger vers la cheminée de la grange, elles paraissent surmenées, exécutant un ballet complexe autour de leur nid, on aimerait apprendre à décrypter leur danse, il y a aussi le toit de la grange qui s’affaisse, et les poutres qui s’effritent, constellés de minuscules trous parfaitement ronds, le sol est jonché de bois mastiqué, les choses ici s’effondrent sans fracas, c’est une très lente dégringolade, il y a la brise de mer, les pins qui bruissent sans qu’on puisse discerner leur mouvement, il y a les émanations si particulières du sable de la cour juste après l’heure la plus chaude du jour, et la poussière jaune qu’y ont saupoudrée les mimosas, il y a le vol indéchiffrable des hirondelles qui semblent toujours esquiver d’invisibles colonnes, il y a le battement profond du cœur d’Aïda qui retentit à ses oreilles, et puis surtout il y a ce garçon qu’elle connait depuis toujours assis près d’elle, elle se dit qu’il doit bien formuler des opinions mais qu’il les garde pour lui. C’est comme essayer d’imaginer à quoi rêve un nouveau-né. »

Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant. Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude. Ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.

Mon deuxième coup de coeur , un livre que je n’ai pas pu quitter avant de l’avoir terminé . Sandrine Colette nous fait partager toute la fragilité de l’être humain avec beaucoup de poésie , malgré l’âpreté , la rudesse du récit l’émotion gomme la noirceur .

extraits

« le chant des loups nous appelle parce que c’est notre chant et aussi loin qu’on puisse remonter il y a l’éclat d’un animal en nous, c’est pour ça que ça m’émeut et que des larmes viennent brûler le bas de mes yeux. Ce n’est pas du chagrin c’est une émotion profonde viscérale racinaire et ceux qui ne ressentent pas ça ils ont tout oublié, ce sont des gens déjà morts ».

«  En vrai c’est la lueur éperdue dans ses yeux bleus qui me rend dingue, cette lueur qui me cherche simplement pour s’accrocher à moi, pour que j’ouvre une brèche une possibilité la largeur des mes bras et cette quête-là, cette prière muette je n’y arrive pas il peut toujours rêver. La seule chose qu’il demande le gosse c’est un peu de tendresse un truc comme ça. Il ne le dit pas c’est invisible sauf que c’est tellement là que l’air en frissonne, et je sens les vibrations vers moi que je repousse d’un geste de la main et je voudrais lui dire que ce n’est pas la peine, la tendresse je n’en ai pas du tout ou pas pour lui, on n’est plus que deux et ce n’est pas pour ça que je vais me rabattre sur lui. »

« Il y a des jours où je sens avec une force infinie que c’est le même qui fait de moi un homme je veux dire avec de l’humanité et pas seulement une machine vivante ».
Finalement n’est-ce pas là l’effet que font les enfants à leurs parents le plus souvent, de devenir des hommes et des femmes avec de l’humanité, pas seulement des machines vivantes, de devenir meilleur ? Et de pouvoir se dire alors que l’enfant fait de nous ce que nous devons peu à peu : « Les choses sont à leur place, je crois ».

Rien n’est plus éphémère que la mémoire d’un enfant.
Quand Malone, du haut ses trois ans et demi, affirme que sa maman n’est pas sa vraie maman, même si cela semble impossible, Vasile, psychologue scolaire le croit.
Il est le seul… Il doit agir vite.
Découvrir la vérité cachée. Trouver de l’aide. Celle de la commandante Marianne Augresse par exemple. Car déjà les souvenirs de Malone s’effacent. Ils ne tiennent plus qu’à un fil, qu’à des bouts de souvenirs, qu’aux conversations qu’il entretient avec Gouti, sa peluche.
Le compte à rebours a commencé.

Avant que tout bascule. Que l’engrenage se déclenche. Quel les masques tombent.
Qui est Malone ?

Un roman qui tient en haleine jusqu’au bout , où l’amour maternel est mis en avant . L’énigme se met en place tout doucement , en effet au début on erre un peu au milieu des faits et des états d’âme de chacun puis c’est tambour battant que l’histoire se prolonge et on n’aura de cesse d’en connaitre la fin . Comme d’habitude Michel Bussi s’est tres bien documenté, nous apprenons beaucoup sur les mécanismes de la mémoire chez les jeunes enfants .

extraits

« Chez la plupart d’entre nous, il n’existe presque aucun souvenir direct de tout ce que l’on a vécu avant quatre ou cinq ans. Tout ce que vous faites avec vos gosses pendant les soixante premiers mois de leur vie, les emmener au zoo, à la mer, leur raconter des histoires, fêter leur anniversaire ou Noël, vous vous en souviendrez avec émotion, toute votre vie, comme si c’était hier, alors que pour eux, pchitt… le néant ! »

« Des milliers d’étoiles dans le ciel,
Des milliers de fleurs au jardin,
Des milliers d’abeilles sur les fleurs,
Des milliers de coquillages sur les plages,
Et seulement, seulement une maman. »

« Les vrais trésors ne sont pas ceux qu’on cherche toute sa vie, ils sont cachés près de nous depuis toujours. Si on les plante un jour, si on les cultive et on les arrose tous les soirs, en oubliant même pourquoi à la fin, ils fleuriront un beau matin alors qu’on ne les espérait plus. »

J’ai lu

Quatrième de couverture :

Aux frontières de l’Empire sommeille une province minérale où le rythme lent des grands hivers engourdit les habitants d’une petite ville ordinaire.

Un matin, le Curé est découvert la tête fracassée à coups de pierres. Qui pouvait à ce point lui en vouloir dans cette bourgade où, jusque-là, les communautés religieuses avaient vécu en bonne entente ?

L’enquête est confiée à Nourio, le Policier trop souvent gouverné par ses passions et qui méprise Baraj, son Adjoint, bon géant placide à l’âme de poète. Mais l’Empire a-t-il intérêt à ce que l’on découvre le véritable assassin ?

De suspens en rebondissements, l’intrigue policière se double d’une réflexion magistrale sur la nature humaine. Lorsque les peuples et les Etats sont malmenés, comment s’écrit ou se réécrit l’Histoire ? Et que peuvent les hommes face à son cours impétueux

Un livre que j’ai dévoré , un vrai coup de coeur, du grand, du très grand Claudel . Dès le début de l’ouvrage l’auteur nous transporte dans un pays de l’Est que nous semblons connaitre sans pour autant arriver à bien le définir. L’action se passe dans un « Empire » au début du XX ème siècle. Chaque personnage est identifié par sa fonction, le médecin, l’aubergiste, le rapporteur de l’administration impériale, le maire, le policier , le curé, le Margrave, etc…

Pour mener à bien son enquête le policier apprendra de sa hiérarchie que la vérité doit être efficiente pour coller au besoin de l’Empire, celle qui arrange le pouvoir, peu importe si l’injustice et l’intolérance sont érigées en valeurs absolues. .

Comme à son habitude Philippe Claudel est un orfèvre du mot juste. Il n’a pas son pareil pour décrire ses personnages, planter le décor, installer une atmosphère . L’humour n’est pas pour autant absent du roman , le portrait du boutiquier est un petit chef d’œuvre, tout comme les préparatifs pour la partie de chasse mémorable. Une écriture d’une force exemplaire , poétique, sensible, qui par le biais de l’Histoire dénonce les travers de notre époque : la manipulation de la vérité, la tension entre communautés religieuses, les hommes de pouvoir dominés par leur désir sexuel .

Je ne peux que vous le recommander.

extraits

« Vous savez que nous autres ici sommes peu nombreux. Celui qui est différent est toléré quand le monde va comme la corde dans la gorge de la poulie, mais il suffit d’une poussière, d’un grain de sable, d’une écorchure sur le chanvre, d’un trou dans le seau du puits , d’un mal qui frappe le troupeau , d’une source tarie, et alors les doigts se tendent et désignent. Quand on veut noyer son chat , on l’accuse de mordre. »

 » Je n’ai jamais aimé l’ironie. Elle donne aux idiots l’illusion de l’intelligence »

 » Le pays était devenu autre. Etouffé. Les toits n’étaient plus que des meringues baroques phosphorescentes dans l’obscurité. Vers le levant aucune lueur encore ne pointait. Rien que du noir sur lequel , lucioles chahutées par la bise, les flocons s’agitaient »

« Le monde est une étrange étable, dans laquelle des vaches mâchent, une succulente paille, ruminent, dorment, vêlent , allaitent, tandis qu’à leur côté, sans qu’elles les regardent, ou s’en soucient, d’autres vaches agonisent, couvertes de mouches en tirant une langue noire et en recevant cent coups de bâtons. »

« J’en suis venu à a conclusion qu’est vrai ce qui est demandé et acceptable par le plus grand nombre. Qu’aller dans le sens de la minorité , même si la vérité effective semble être de son coté, ne peut conduire qu’au désordre et au chaos. »

« La mémoire est un objet fragile, qui se fausse avec naturel , et dont la constitution est si faible que , lorsqu’on veut la courber et lui faire prendre des formes diverses, elle se laisse faire sans opposer la moindre résistance. Ainsi la mémoire n’est-elle que ce qu’on choisit qu’elle soit ; Changeante au fil des temps et des époques , rien ne lui est autant étranger que l’exactitude ou la vérité car elle peut exister sans celui qui la sollicite et la forge, c’est à dire l’homme , dont un des buts principaux est qu’elle lui soit la plus redevable et légère possible , et la moins désavantageuse. »

Quatrième de couverture

À quatorze ans, Turtle Alveston arpente les bois de la côte nord de la Californie avec un fusil et un pistolet pour seuls compagnons. Elle trouve refuge sur les plages et les îlots rocheux qu’elle parcourt sur des kilomètres. Mais si le monde extérieur s’ouvre à elle dans toute son immensité, son univers familial est étroit et menaçant : Turtle a grandi seule, sous la coupe d’un père charismatique et abusif. Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace. Jusqu’au jour où elle rencontre Jacob, un lycéen blagueur qu’elle intrigue et fascine à la fois. Poussée par cette amitié naissante, Turtle décide alors d’échapper à son père et plonge dans une aventure sans retour où elle mettra en jeu sa liberté et sa survie.
My Absolute Darling a été le livre phénomène de l’année 2017 aux États-Unis. Ce roman inoubliable sur le combat d’une jeune fille pour devenir elle-même et sauver son âme marque la naissance d’un nouvel auteur au talent prodigieux.
Le terme de « chef-d’œuvre » est bien trop galvaudé, mais il ne fait aucun doute que My Absolute Darling en est un.
STEPHEN KING

Une histoire poignante , des personnages dérangeants qu’on ne risque pas d’oublier , une atmosphère angoissante. Il est même parfois nécessaire de faire des pauses dans la lecture. Une parfaite démonstration de l’emprise toxique de ce père sur sa fille. Une écriture intense , un environnement éblouissant, des personnages hallucinants, impossibles à lâcher, malgré l’épreuve et la douleur. Et pourtant, au-delà de l’horreur de cet enfer familial suffocant, la jeune héroïne, illumine chaque page, maintient l’attention et l’admiration du lecteur tout en le bouleversant. 

Extraits :

« Elle se sent éventrée, vidée, rien en elle, rien à dire, elle n’arrive pas à penser, ne ressent rien. S’il y a du chagrin quelque part en elle, elle ne le sent pas. Elle a l’impression qu’on lui a arraché quelque chose dans les tripes, les racines et tout le reste, un grand aulne, et à la place ne demeure plus qu’un vide écœurant, mais c’est tout ce qu’elle éprouve, pas de chagrin, rien. Elle serait capable d’infliger de terribles dégâts, si elle le souhaitait. Elle pourrait faire n’importe quoi, il n’y aurait aucune limite à la peine qu’elle pourrait causer, sauf qu’en cet instant, elle souhaite simplement fermer les yeux, faire tourner son esprit autour de ce vide comme on fait tourner sa langue autour du trou laissé par une dent arrachée. « 

« Ils refuseront de se battre pour eux-mêmes. Alors tu crois qu’ils voudront en plus se battre pour un monde qui leur est étranger ? Un monde trop compliqué à imaginer, trop compliqué à comprendre ? Ils n’ont même pas les mots corrects pour le concevoir. Ils n’y perçoivent aucune beauté. »

« La tristesse a trouvé des recoins entiers d’elle-même dont elle ne soupçonnait pas l’existence. »

« Ici, le ruisseau jaillit d’une niche moussue à flanc de colline, et il a sculpté un bassin de pierre à l’endroit de son impact, une eau froide et limpide au goût métallique, un bassin grand comme une chambre à coucher où trempent des troncs d’arbres usés, rendus duveteux par le temps. Turtle s’assied sur un tronc, ôte tous ses vêtements, pose le fusil dessus avant de glisser dans la piscine de pierre, les pieds d’abord – car elle vient chercher ici son réconfort, étrange et personnel, et elle a le sentiment qu’ici règne le réconfort des lieux froids, d’une entité limpide et glacée et vivante. Elle retient son souffle et s’enfonce jusqu’au fond du bassin, elle remonte les genoux à ses épaules, ses cheveux flottent autour d’elle comme des algues, elle ouvre les yeux, lève la tête et aperçoit les images grossies sur la surface piquetée de gouttes de pluie, et les silhouettes des tritons aux doigts écartés, leurs ventres rouge et or exposés au-dessus d’elle, leurs queues oscillant paresseusement. »

Quatrième de couverture :

Et si vous n’étiez qu’un pion dans leur jeu ?
Deux femmes, deux destins, deux visions opposées du monde.
L’une croit dans la force du groupe.
L’autre en l’individualisme.
Leur duel est inévitable… laquelle aura l’avantage ?
Des années 1970 à 2050, entre guerres, attaques terroristes et espionnage, elles vont s’opposer sans répit et sans merci. Leur terrain de jeu s’étend aux quatre coins de la planète, devenue un échiquier géant dont les humains sont les pièces.
Dans ce roman puissant, porté par deux héroïnes exceptionnelles, Bernard Werber ajoute l’art de la stratégie à ses thèmes de prédilection pour nous entraîner dans une aventure contemporaine fascinante et visionnaire.

Deux joueuses d’échecs qui progressivement ne se contentent plus de jouer sur l’échiquier de 64 cases mais qui vont mener leurs parties sur l’échiquier mondial. Deux stratégies s’opposent celle de l’individualité contre celle du groupe. L’une servira le bloc de l’Est l’autre celui de l’Ouest . Les deux héroïnes se vouent une haine qui ne fera que s’accroitre au fil des ans et n’auront de cesse de vouloir éliminer l’autre par n’importe quel moyen. La lecture de ce roman est addictive et l’intrigue vraiment prenante. Suspens , fiction et géopolitique y sont mêlés avec beaucoup de savoir faire.

Extraits :

« Pendant plusieurs semaines, elle dort les trois quarts de la journée. Quand enfin elle arrive à reprendre la maîtrise de son cerveau, elle décide de lire et passe son temps dans la bibliothèque du centre. Les livres sont pour elles comme un jogging des neurones. Elle reprend grâce à eux le contrôle d’elle-même. »

« Moi, je considère que l’homme ne s’autorise à être vraiment lui-même que lorsqu’il joue, dit-elle. C’est dans le jeu qu’il réalise tout ce qu’il n’ose pas faire dans la vie réelle et développe son potentiel. Dans le jeu, l’esprit est libéré de la peur de déplaire, de la hantise du jugement des autres. Il n’y a plus les blessures d’enfance, il n’y a plus les soucis liés à la santé ou au travail. Il n’y a que… l’enjeu précis de la partie. »

« Si vous êtes vivants de nos jours, c’est parce que vos plus lointains ancêtres ont fait le choix du groupe plutôt que celui de la solitude. Seul, l’humain est faible. En foule, il est devenu invincible, créatif, sans limite.

Et ce jusqu’à cette ultime activité qui semble a priori non nécessaire à la nourriture, à la défense ou à la santé : l’étude de la sociologie à l’université ! »

« C’est confortable de ne pas réfléchir : on a l’impression que tout est simple. Et il est pénible d’être intelligent, car a contrario on a l’impression que tout est compliqué. Ainsi les intelligents doutent, et les idiots sont pleins de certitudes. »

J’ai lu

Philosopher ne sert à rien. Pour être heureux : inspirons-nous des chats.
Depuis la nuit des temps, de nombreux penseurs ont cherché des moyens d’accéder au bonheur et à la tranquillité de l’âme. Aucun n’a vraiment réussi et l’épineuse question de savoir comment vivre continue de susciter la même angoisse.
Les chats n’ont pas ce genre de problème. Obéissant à leur nature, ils se satisfont de la vie que celle-ci leur donne.

Dans ce petit ouvrage aussi éclairant qu’amusant, mêlant philosophie et littérature, petite et grande histoire, John Gray intellectuel subversif et ailurophile convaincu nous révèle que nos compagnons les chats détiennent contrairement à toutes le idéologies la clé des mystères de l’existence.

Ode aux félins et méditation stimulante sur notre condition vulnérable et solitaire, sa « philosophie » nous montre la « façon chat » d’apprécier notre vie .

J’aime beaucoup les astuces félines pour vivre bien que nous donnent l’auteur à la fin de l’ouvrage , je vous en livre cinq à vous de découvrir les autres

1 N’essayez jamais de ramener les êtres humains à la raison

2 Il est idiot de se plaindre d’un manque de temps

3 Ne cherchez pas de sens à votre souffrance

4 Mieux vaut l’indifférence que le sentiment d’amour obligé

5 Oubliez votre quête du bonheur et vous le trouverez peut être

Un soir, une jeune chienne, traînant une sale histoire avec sa chaîne brisée, surgit à la porte d’un vieux couple  : Sophie, romancière, qui aime la nature et les marches en forêt et son compagnon Grieg, déjà sorti du monde, dormant le jour et lisant la nuit, survivant grâce à la littérature.
 
D’où vient cette bête blessée  ? Qu’a-t-elle vécu  ? Est-on à sa poursuite  ?

Son irruption va transformer la vieillesse du monde , celle d’un couple, celle d’une femme, en ode à la vie , nous montrant qu’un autre chemin est possible .

Un chien à ma table relier le féminin révolté et la nature saccagée: si notre époque inquiétante semble menacer notre avenir et celui des livres, les poètes des temps de détresse sauvent ce qu’il nous reste d’humanité.


Ce roman baigne dans un climat d’amour de la poésie. Je vous le conseille vraiment vous serez comme moi envoutés par cette mise en alerte permanente des cinq sens dans le bain de forêt qu’elle nous propose .

Lorsqu’une mystérieuse superwoman sauve in extremis un adolescent tombé sur les voies du métro new-yorkais, McKenna Jordan pense tenir une histoire en or.
En tentant d’identifier l’héroïne, volatilisée comme par magie, la journaliste – et ancienne procureure adjointe – met la main sur une vidéo de l’incident. Contre toute attente, elle croit y reconnaître une amie chère disparue dix ans plus tôt sans laisser de traces. Ébranlée dans ses certitudes, McKenna va replonger dans cet épisode douloureux de son passé. Persuadée que ce fantôme veut être retrouvé, elle enclenche alors malgré elle les rouages d’une affaire aux ramifications obscures, mettant à vif d’intimes blessures…

Le lecteur est très vite captivé par la quête de McKenna, qui est aussi un personnage attachant. Les pages du roman se tournent vite et le mystère ne cesse de s’épaissir jusqu’au dénouement de l’affaire. de fausses pistes, en suspects s’amoncellent. On peut être un peu désorienté par les allers retours en arrière mais on s’y fait rapidement .

Un manuscrit sans fin, une enquête sans corps, une défunte sans visage : voici le nouveau thriller de Franck Thilliez !
Une enquête sans corps.
Une défunte sans visage.
Un thriller sans fin.
Aux alentours de Grenoble, une voiture finit sa trajectoire dans un ravin. Dans le coffre, le corps d’une femme. À la station-service où a été vu le conducteur, la vidéosurveillance est claire : l’homme n’est pas le propriétaire du véhicule.
Léane Morgan et Enaël Miraure sont une seule et même personne. L’institutrice reconvertie en reine du thriller a toujours tenu sa vie privée secrète : un mariage dont il ne reste rien sauf un lieu,  » L’Inspirante « , villa posée au bord des dunes de la Côte d’Opale, et le traumatisme de l’enlèvement de sa fille Sarah. L’agression soudaine de son mari va faire resurgir le pire.

Comme à son habitude Franck Thilliez joue merveilleusement bien avec le lecteur , semant des indices qui nous emmènent sur de fausses pistes avec quelques clins d’œil à Conan Doyle et Stephen King.

L’auteur prévient, on sait qu’il faut ouvrir l’œil mais immanquablement vous vous laissez prendre et vous continuez à douter jusqu’au final . C’est un roman addictif tres noir où la mise en abyme est vertigineuse que bien sur je conseille.

L’auteur le plus déjanté du concordat est de retour avec douze nouvelles noires et impertinentes qui utilisent la Moselle comme décor. Vous y retrouverez le caractère affable du commissaire Platini, des récits inspirés par de vraies enquêtes menées dans les communes à la rencontre des habitants, ainsi que le coup de plume décalé et malicieux de l’auteur, qui s’appuie sur le patrimoine vivant et la beauté de de notre département pour imaginer le pire… Parce que le meilleur moyen que Nicolas Turon a trouvé de mettre la Moselle en lumière, c’est de la plonger dans le noir du polar !
« Nicolas Turon fait partie de ces artistes qui bousculent les codes. Véritable trublion des temps modernes, il s’attache à replacer l’humain au centre de son œuvre, s’inventant écrivain de trottoir, de la rencontre et des petites histoires ».

Une douzaine de nouvelles à savourer sans modération tout comme l’humour de l’auteur . J’ai découvert avec grand plaisir la plume de cet auteur et n’ai eu aucun mal à suivre le commissaire Platini dans mon département .

Depuis quelque temps, les accents grognaient. Ils se sentaient mal aimés, dédaignés, méprisés. A l’école, les enfants ne les utilisaient presque plus. Chaque fois que je croisais un accent dans la rue, un aigu, un grave, un circonflexe, il me menaçait.
– Notre patience à des limites, grondait-il. Un jour, nous ferons la grève. Attention, notre nature n’est pas si douce qu’il y paraît. Nous pouvons causer des grands désordres.
Je ne prenais pas les accents au sérieux.
J’avais tort.
E.O

Pour Erik Orsennna il nous offre un livre comme une déclaration de guerre à la fadeur, les accents sont à la langue ce que sont les épices à la cuisine.
Cerise sur le gâteau des illustrations vraiment superbes .

 » Monsieur, les accents, au fond, à quoi servent-ils ?
– Ils nous réveillent, Jeanne, ils vont chercher en nous ce que nous avons de plus fort, ils accentuent nos vies. Comme leur nom l’indique, ils accentuent… »

J’ai lu

Un jour d’août 1853, une goélette jette l’ancre dans un port californien. À la couleur de sa grand-voile, les habitants comprennent que son capitaine a réussi l’impensable : capturer la « Femme Solitaire », ultime représentante d’un peuple immémorial, abandonnée dix-huit ans plus tôt dans une île sauvage située au large de Los Angeles et Santa Barbara.
Elle parle une langue énigmatique et, contre toute attente, irradie une joie extraordinaire. Un nouveau venu dans la région, le Dr Shaw, noue avec elle un lien très fort. Pendant qu’il tente de déchiffrer sa langue, il s’interroge : qu’a-t-elle vécu dans l’île ? Les clans de la ville se reforment et menacent la survie de la Femme Solitaire. Le Dr Shaw prend fait et cause pour elle – un combat pour la vérité.

Un roman historique dépaysant et fascinant qui développe certains thèmes chers à l’auteur comme l’exploitation des peuples, le langage, Une Californie du 19ème que j’ai découverte avec beaucoup d’intérêt .

extrait

« Il s’est alors demandé si ce n’était pas cela, la joie : le recueillement après l’épreuve. S’abandonner à la grâce de l’instant et à l’embellie qu’on n’attendait plus »

Cinq hommes sont partis à la guerre, une femme attend le retour de deux d’entre eux. Reste à savoir s’ils vont revenir. Quand. Et dans quel état.

Un excellent livre de Jean Echenoz qui nous fait vivre la guerre au plus près par le biais d’ Anthime, Charles, Bossis, Padioleau, Arcenel. Cinq hommes partis d’un même village de Vendée pour rejoindre le front. Vous serez plongés dans le quotidien de ces hommes embarqués dans la guerre , une guerre qui les dépasse. Chaque phrase sonne juste et l »humour peut être présent même dans l’horreur .

Extraits

« Tout cela ayant été décrit mille fois, peut-être n’est-il pas la peine de s’attarder encore sur cet opéra sordide et puant. Peut-être n’est-il d’ailleurs pas bien utile non plus, ni très pertinent, de comparer la guerre à un opéra, d’autant moins quand on n’aime pas l’opéra, même si, comme lui, c’est grandiose, emphatique, excessif, plein de longueurs pénibles, comme lui ça fait beaucoup de bruit et souvent, à la longue, c’est assez ennuyeux. »

« Or, on ne quitte pas cette guerre comme ça. La situation est simple, on est coincés ; les ennemis devant vous, les rats et les poux avec vous et, derrière vous, les gendarmes. La seule solution consistant à n’être plus apte, c’est évidemment la bonne blessure qu’on attend faute de mieux, celle qu’on en vient à désirer, celle qui (voir Anthime) vous garantit le départ mais le problème réside en ce qu’elle ne dépend pas de vous »

« Je suis désolée de ce que je vous inflige, en ce moment. Mais il fallait que la planète ferme pour que les cœurs s’ouvrent. »
Le 17 mars 2020, par la grâce d’un virus, un sans-abri se retrouve confiné avec une créature de rêve. Est-ce la femme qui jadis enflamma son adolescence, une mythomane, une perverse manipulatrice, ou une ultime chance de survie ? Et si le sort du genre humain dépendait de la relation qui va se nouer, dans une maison à l’abandon, entre un ancien prof de 38 ans brisé par l’injustice et une exilée en manque d’amour ?
Avec ce conte philosophique irrésistible et poignant, au cœur d’une actualité bouleversant tous nos repères, Didier van Cauwelaert entraîne nos peurs, nos détresses, nos colères dans un tourbillon de révolte, de joie libératrice et d’espoir.

J’ai beaucoup apprécié ce roman, écrit en pleine période de pandémie, qui partant de la réalité se tourne progressivement vers le fantastique en interrogeant notre place dans le monde qui nous entoure. L’auteur nous propose une réflexion philosophique qui empêche de céder à l’anxiété face à ce virus tout en nous suggérant de repenser notre façon de vivre.

Extraits

« La plus belle aventure de ma vie a commencé mardi 17 mars 2020, une demi-heure avant que le confinement de la France entre en vigueur. J’attendais sur ma grille d’aération, au coin de l’Ecole militaire, que les rues se vident et qu’on vienne me chercher. Confiner un sans-abri, ça m’intriguait de savoir comment ils allaient s’y prendre. »

« C’est fou comme l’esprit humain s’habitue à tout, même à l’inconcevable, pour peu qu’il s’inscrive dans la durée. »

« La fin de la pandémie dépend de vous. Du temps que vous mettrez à vaincre le déni, la panique, le désespoir, la peur de l’autre et de vous-mêmes, à les convertir en amour. Pour assurer votre survie. »

Voici l’histoire d’un amour fou. Suzanne et Gabriel se rencontrent. Coup de foudre. Dès le dîner du lendemain, Gabriel demande Suzanne en mariage. Les quatre années qui suivent ce OUI virent au cauchemar. Suzanne et Gabriel partagent pourtant bien des choses, à commencer par leur passion de Savoir. Mais comment recommencer à aimer lorsque vos vies précédentes, et leurs fantômes, vous collent encore à la peau ? Comment se lancer dans cette aventure, dans cette traversée qu’est l’amour ? Bref, ce couple tremble, au lieu d’oser. Et se déchire. Ils s’étaient dit Oui devant le maire. Mais les Non en eux l’emportaient. La saison I de leur amour s’achève par un divorce prononcé le 10 octobre 2011 par madame Anne Bérard, vice-présidente aux affaires familiales (Tribunal de grande instance de Paris)
Ce livre ne lui est pas seulement dédié, ainsi qu’à sa greffière, madame Cerutti. C’est une longue lettre à elle adressée pour la remercier. Car en les séparant, « puisque telle semble être votre décision », elle sortit de sa réserve réglementaire pour faire part de sa conviction qu’« elle sentait en eux beaucoup d’amour ». La saison II va lui donner, ô combien, raison. Gabriel ne se contente pas de pleurer son amour perdu. Il part pour le Grand Nord et s’y trouve une fraternité immédiate avec ces étendues gelées. C’est alors, au coeur d’une tempête, qu’un message lui vient. Suzanne. « Je sais que tu vas t’embarquer pour une traversée risquée. Alors je voulais que tu saches que je t’ai aimé ». De battre le coeur ne s’arrête plus. D’autant que Suzanne arrive. Suzanne, ma Suzanne et sa leçon de courage. Ils partiront, ensemble, vers le détroit de Béring, et les deux îles jumelles Diomède, l’américaine et la russe : entre les deux court la ligne de changement de date. Vont-ils enfin s’installer dans le Temps ? Et qu’est-ce qu’un détroit ? Un bras de mer resserré entre deux continents. Comme l’amour. L’amour est une Géographie. Kafka avait raison : un livre doit être une hache pour briser en nous la mer gelée. L’amour, c’est pareil. Merci, madame la Juge. Après L’exposition coloniale, après Longtemps, l’heure était revenue pour moi de m’embarquer pour la seule exploration qui vaille : aimer

Un superbe roman d’amour et une écriture toujours aussi juste pour nous décrire tous les rebondissements de cet amour fou.

Extraits

« Qu’est-ce qu’un amour ?
La ronde des oui et des non.
On entre dans la ronde pour un oui ou pour un non.
Ce peut être un oui tout de suite, dès le premier regard.
Mais le oui peut commencer par un non qui n’est qu’un rempart, un oui qui se défend, un faux nez du oui. »

« Nous croyons craindre la mort. C’est la vie qui nous fait trembler. »

« René de Obaldia, un prince panaméen. Peut-être parce que né à Hong-Kong, il est constitué d’un alliage des plus rares : 30% malice, 30% pertinence, 80% générosité. Je sais, je sais, la somme dépasse 100. C’est l’une des libertés de ce René : ne pas se laisser réduire à des arithmétiques ordinaires. Voilà pourquoi il est devenu centenaire, en attendant mieux. »

La rencontre de trois destins malmenés : Elsa, Marie et Guillaume. Leur point commun : aucun d’eux ne dort la nuit. La vie de quartier les fera se croiser et se recroiser, au détour de la merveilleuse pâtisserie de Raphaël, d’un Lavomatic, d’une annonce sur Leboncoin….

Trois personnages attachants qui vont se rapprocher pour notre plus grand plaisir . Un ton léger , humoristique pour ce roman où l’amitié est tient une grande place et qui met de bonne humeur .

Extraits

« – Pourquoi avoir dessiné sur ce miroir?
– Pour ne plus voir ma tronche !
Guillaume avait hoché la tête comme s’il comprenait.
– « Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu plus avant de renvoyer les images », avait-il ajouté d’un ton grave. Je pense souvent à cette phrase.
– De qui est-ce?
– Jean Cocteau. »

« Les rapports humains la terrifiaient-ils au point de ne plus savoir faire la différence entre une main qui se tend et une main qui s’apprête à frapper ? Au point d’ignorer l’autre plutôt qu’accepter son aide et d’exprimer sa reconnaissance ? »

Jane, mère célibataire, vient d’emménager à Sydney avec son petit garçon et un secret qui est le sien depuis cinq ans. Le jour de la rentrée scolaire, elle rencontre Madeline, un personnage haut en couleur avec lequel il faut compter – elle se souvient de tout et ne pardonne jamais – et Céleste, une femme à la beauté époustouflante mais qui, paradoxalement, est toujours mal à l’aise. Elles prennent toutes deux Jane sous leur aile, en faisant attention de dissimuler leurs propres secrets. Cependant, quand un simple incident impliquant les enfants de chacune des trois femmes survient à l’école, les choses s’enveniment : les commérages vont bon train, les rumeurs empoisonnées se propagent jusqu’au point où il est impossible de démêler le vrai du faux.

Impossible de rester indifférents à ces personnages qui de suite vous entraine avec eux dans le tourbillon de leur vie. Quels secrets se cachent derrière les façades de ces belles grandes maisons? Pourquoi Jane a t elle quitté Newton ? Drôle, malicieux, touchant ce roman. Une plume addictive qui on le comprend de suite a séduit un producteur et scénariste américain David E. Kelley. La série télévisée est passée en 2020 en France , j’avoue l’avoir ratée .

Extraits

 « Si j’étais un peu grassouillette et pas particulièrement jolie, en quoi ce serait un problème ? Pourquoi c’est si terrible, si dégoutant ? Pourquoi faut-il que ce soit la fin du monde ? (…)
– C’est parce que l’idée que nous, les femmes, on se fait de notre propre valeur, repose entièrement sur notre physique, dit Jane. Voilà pourquoi. Nous vivons dans une société obsédée par la beauté, un monde qui considère que le plus important pour une femme, c’est de faire en sorte d’être séduisante pour les hommes. »

« Rien de plus facile que de raconter des mensonges, lorsque ceux que vous aimez en dépendent. »

« D’un point de vue intellectuel, je sais que je ne suis pas moche. Je suis plus que passable. Mais je me sens moche, parce qu’un jour un homme l’a décrété et que je l’ai cru. C’est pathétique. »

J’ai lu

Petits meurtres à l’heure du thé tome 1.
Kitt est bibliothécaire à York. Fan de romans policiers, elle aime aussi beaucoup le Lady Grey, son chat Iago et sa meilleure amie Evie, une masseuse aux doigts de fée fan de vintage. Côté cœur, en revanche, c’est plutôt morne plaine.
Une vie paisible, donc, jusqu’à ce que l’on retrouve l’ex d’Evie assassiné, un stylo plume planté dans le cœur. Si tout indique que son amie est la coupable, Kitt ne doute pourtant pas de son innocence. Épaulée par son assistante aux dons de cyberfouineuse, notre bibliothécaire au caractère bien trempé décide de mener l’enquête. C’est sans compter sur le charme électrisant de l’inspecteur chargé de l’affaire, qui ne l’aide pas à garder la tête froide…

Je vois déjà poindre la question : Qu’est ce que le cosy mystery ? Cest un sous genre du roman policier où chaque tome invite à mener une enquête .  Le personnage principal est souvent une femme, ne travaille pas forcément dans la police et vit dans un environnement cosy, relativement en huis clos. Il y a des meurtres mais pas de scène sanglante aux descriptions horribles. Certes le suspens est présent mais dans une toute autre ambiance que celle des thrillers. Ce livre entre parfaitement dans la catégorie de cosy mystery drolatique et romantique.

extrait

« Kitty Hartley sentit notre léger frémissement à la commissure gauche de ses lèvres. Elle ferma les yeux et formula une prière silencieuse : puisse-t-elle, lorsqu’elle les rouvrirait, découvrir Grâce, son assistante, avec la tasse de Lady Grey fumante qu’elle l’avait envoyée chercher depuis plus d’un quart d’heure. Quand elle se décida à soulever les paupières, hélas, l’homme à l’anorak vert sombre était toujours devant elle. Il continuait de répondre autour de lui des relents de chou bouilli et ses sourcils noirs broussailleux étaient toujours arqués en accent circonflexe, comme pour lui signifier qu’il attendait une réponse. »


C’est l’histoire d’un père qui élève seul ses deux fils. Les années passent, et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l’importance à leurs yeux, ceux qu’ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C’est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes.
Laurent Petitmangin, dans ce premier roman fulgurant, dénoue avec une sensibilité et une finesse infinies le fil des destinées d’hommes en devenir.

Un roman que j’ai adoré tant par le style simple mais percutant de l’auteur que par le sujets traité . Bien sur, ce terroir ne m’est pas étranger puis que situé en Lorraine , c’est un plus de connaitre les lieux , on a vraiment l’impression qu’on aurait pu croiser Fus , Gillou, leur père. Un livre bouleversant qui ne donne pas de leçon , s’attachant à montrer ce père écartelé entre son amour pour son fils et ses propres valeurs . Une tranche de vie qui ne verse jamais dans le pathos mais qui sait vraiment nous émouvoir. Un roman que je ne peux que vous conseiller.

Extraits

« J’avais ressenti le besoin de retourner à la section comme d’autres celui de retrouver l’église. Même s’il ne s’y passait plus grand-chose, je me disais que je ferais partie des derniers. Ce qui me désolait, c’est que nous nous isolions de plus en plus. Elle était loin l’union de la gauche. Parfois j’avais l’impression que certains d’entre nous se dépensaient plus à casser les cocos qu’à taper sur les nantis. Où étaient nos combats ? »

« Août, c’est le meilleur mois dans notre coin. La saison des mirabelles. La lumière vers les cinq heures de l’après-midi est la plus belle qu’on peut voir de toute l’année. Dorée, puissante, sucrée et pourtant pleine de fraîcheur. Déjà pénétrée de l’automne, traversée de zestes de vert et de bleu. Cette lumière, c’est nous. Elle est belle, mais elle ne s’attarde pas, elle annonce déjà la suite. Elle contient en elle le moins bien, les jours qui vont rapidement se refroidir. Il y a rarement des étés indiens en Lorraine. On dit beaucoup de la lumière du nord de l’Italie en été, je veux bien le croire, je n’y suis jamais allé, mais je suis prêt à parier que la nôtre, pendant cette toute petite période, ces quinze jours d’avant la rentrée, à ce moment précis de la journée, la surpasse haut la main. La lumière des derniers apéritifs dehors. Les gens sont heureux. »

« J’avais finalement compris que la vie de Fus avait basculé sur un rien. Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n’étaient qu’accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies étaient remplies de cette foultitude de riens, qui selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards. »

Alors que la guerre vient de s’achever, dans les décombres de Berlin, Käthe et Gerd s’engagent dans la construction du monde nouveau pour lequel ils se sont battus. Ils imaginent un programme où les enfants des élites intellectuelles, retirés à leurs familles, élevés loin de toute sensiblerie, formeraient une génération d’individus supérieurs assurant l’avenir de l’Allemagne de l’Est. Mais, à l’ouest du mur qui s’élève, une femme a d’autres idéaux et des rêves de renouveau. Liz, architecte américaine, entend bien tout faire pour défendre les valeurs du monde occidental. Quand Gerd rencontre Liz, la force de ses convictions commence à vaciller…

Un deuxième roman de cet auteur qui confirme tout le bien que je pensais du premier. Des personnages auxquels on s’attache de suite . Une histoire bien différente de son premier roman puisqu’il se passe dans le Berlin d’après guerre , mais on retrouve un personnage écartelé, Gerd, cette fois ci entre deux femmes représentant des mondes totalement différents . Là aussi les sentiments se heurtent à des idéaux contraires , l’auteur sait vraiment bien nous mettre en face des contradictions de la condition humaine .

Extraits

« Malgré toute ma défiance, et mon dégoût parfois, j’étais de plus en plus fasciné par ce Berlin-Ouest, sûr de lui, arrogant au possible, désormais si prompt à se relever [fin 50’s, début 60’s]. J’en voyais tous les laissés-pour-compte, je les repérais mieux que quiconque, ces hommes et femmes sacrifiés parce qu’ils n’arrivaient pas à suivre le rythme, ou simplement parce qu’il fallait des perdants. Il y en avait sur chaque trottoir. J’avais beau me convaincre que cette société était viciée et qu’elle ne faisait qu’attiser le drame prochain en laissant ses pauvres à la rue quand elle gâtait ses riches au-delà de toute raison, je retombais en enfance sur ces grands boulevards ressortis de terre de tous leurs feux, avec leurs beaux lampadaires, le dais des hôtels, et les vitrines bien garnies. »

J’ai lu

Saint-Germain-de-Montbron, été 1849. Pour le plus grand bonheur des paroissiens de cette bucolique commune rurale située en Charente, un nouveau curé se présente enfin au presbytère. Or, le jeune Roland Charvaz n’a manifestement pas la vocation; il favorise de loin les conquêtes féminines au détriment de la salvation des âmes.
Pour sa part, Mathilde, la jolie épouse du docteur de Salignac et mère d’un petit garçon, n’a jamais connu la passion amoureuse, du moins, jusqu’au jour où le nouveau religieux s’installe tout près de chez elle.
Dès leur première rencontre, c’est le coup de foudre et les deux amants se lancent dans une aventure torride, à l’insu de tous. Leur secret honteux ne sera pas éventé jusqu’à ce que la nouvelle domestique du curé découvre leur liaison illicite.
Scandalisée, Annie Meunier menace de tout révéler au mari trompé et à l’évêché. Elle ne sait dans quel piège elle vient de mettre les pieds, car Roland et Mathilde sont prêts à tout pour sauver leur honneur et leur relation.
Lorsque la vieille femme décède dans des circonstances mystérieuses, une enquête est ouverte par les autorités. Sûrs de leur crime parfait, Roland et Mathilde se pensent à l’abri de tout soupçon, mais ils ne savent pas qu’Annie a déjà fait des révélations troublantes à son entourage ?
Enquête et procès suivront à cause de cette femme, dont la curiosité et la langue trop bien pendue ont causé la perte.Inspiré d’une histoire vraie, ce nouveau roman de Marie-Bernadette Dupuy allie des ambiances finement dessinées à une tension constante qui explose lors d’un procès fortement médiatisé à travers toute la France.

Un livre agréable à lire, on se laisse facilement emporter par cette histoire vraie.

Je venais d’avoir onze ans lorsque j’ai pris conscience de ce qu’était le destin. C’est drôle, en repensant à cette soirée et à tout ce qui m’est arrivé d’important depuis, je me dis que dans une vie, on ne voit jamais venir les événements qui vont vraiment compter. Depuis ce jour, plus personne ne m’a pris dans ses bras. Enfin, jusqu’à la semaine dernière. C’était encore pour m’annoncer une nouvelle qui allait dynamiter mon existence. Il n’y a pas que les insectes qui se prennent des coups de pantoufle. Je ne sais pas qui les donne, mais si c’est un dieu, il chausse grand.
À travers une histoire aussi réjouissante qu’émouvante, Gilles Legardinier nous entraîne au moment où chacun doit décider de ce qui compte réellement dans sa vie. Plus de temps à perdre. Plus question de s’égarer. Se jeter sans filet. Remettre les pendules à l’heure, dire, faire, espérer. Aimer, libre comme jamais.

Un livre que j’ai vraiment adoré pour son humour, pour la connaissance qu’a l’auteur de l’être humain, pour la façon de nous inciter à voir toujours le bon côté des choses.

Il suffit d’un mystérieux email adressé à la journaliste d’investigation Gina Kane pour l’alerter sur les méthodes de REL, une célèbre chaîne d’info. L’auteure du message dénonce le harcèlement sexuel dont elle a été victime et prétend ne pas être la seule. Mais après ce message, plus rien… Et pour cause : celle qui signait C. Ryan est morte dans un accident de jet-ski. Lorsqu’une autre femme, victime du présentateur vedette de REL, se suicide, Gina, soupçonnant un meurtre, comprend qu’elle a mis le doigt dans un engrenage. Et que la chaîne est prête à tout pour protéger la réputation d’un prédateur. Seule face à véritable une machine de guerre, Gina Kane n’a qu’une arme : la vérité.
Un suspense coup de poing de Mary Higgins Clark.

Une tres belle démonstration de la reine du suspens qui s’inspire du mouvement #MeToo

« Les gens qui ont des chiens en perdent plusieurs durant leur vie. Moi, je suis un chien qui a perdu des gens. Le temps m’a pris tout ce que j’aimais. Quant à savoir pourquoi, moi, un simple chien, j’ai vécu plus de deux siècles, c’est une question à laquelle je n’ai trouvé que de vagues réponses. »
Il a parcouru l’Europe du XVIe siècle pendant des décennies en compagnie de son maître alchimiste. Il a visité de lointains royaumes, séjourné dans des palais somptueux, servi des rois. Il a assisté aux premières loges au spectacle merveilleux et déchirant de l’histoire de l’humanité. Mais un jour, hélas, son maître a disparu. Le chien a attendu son retour pendant plus d’un siècle, sur le parvis de la basilique Santa Maria de Venise, avant de partir à sa recherche. Ne perdant jamais espoir, il retournera ciel et terre s’il le faut, car toujours Demain recommence.

La couverture de ce roman m’a vraiment attirée me renvoyant de suite aux œuvres de Thierry Poncelet . Je me suis régalée ensuite en le lisant tant par le récit des aventures de ce couple inséparable que par la complicité, la tendresse, la confiance, l’amour entre le maitre et son chien . La chronologie du récit n’est pas linéaire. Cette histoire fascinante rebondit entre passé et présent, rendant la lecture addictive . Un roman à la fois historique et fantastique et une formidable histoire d’amitié entre l’homme et le chien.

Quarante nouvelles qui parlent des gens. Des gens incroyables, capables de tout, tour à tour meurtris et joyeux.

Des histoires de tous les jours remarquablement racontées par l’auteur avec l’humour et l’espièglerie qui le caractérise. Vraiment désolée d’apprendre sa mort récemment , j’avais eu l’occasion d’échanger avec lui lors d’un salon du livre , c’était quelqu’un de passionnant .

L’étrange disparition d’Amanda Pierce le jour de ses noces est un sujet tout indiqué pour l’équipe de Suspicion. Les invités, réunis dans le somptueux hôtel de Palm Beach en Floride où devait se dérouler ce mariage de rêve, sont tous au rendez-vous. Mais certains regrettent d’avoir accepté car les rumeurs se propagent et les petits secrets de chacun commencent à percer… Après le succès de L’Affaire Cendrillon, Laurie Moran, productrice de l’émission Suspicion qui reconstitue des cas d’affaires classées, mène une nouvelle enquête passionnante.

Une bonne intrigue de la reine du suspens .

Un architecte qui fuit Constantinople avec les plans d’une bibliothèque inexpugnable, un étrange cavalier qui arrive à convaincre un tout jeune écrivain (accessoirement nommé Miguel de Cervantes) d’écrire un roman inégalable… on retrouve dans ce recueil une atmosphère et des thématiques familières aux lecteurs de Zafón : des écrivains maudits, des bâtisseurs visionnaires, des identités usurpées, une Barcelone gothique et certains des personnages phares de la tétralogie du « Cimetière des livres oubliés », tels Semperé, Andreas Corelli ou David Martin.
Il se dégage de l’ensemble une unité parfaite et un charme profond et envoûtant, dans un halo de mystère (et de vapeur).

Un vrai plaisir de retrouver toute la poésie de cet auteur, disparu beaucoup trop tôt, dans cet ouvrage posthume regroupant onze nouvelles .

Ma nouvelle préférée Blanca et l’Adieu , un éloge de l’amitié particulièrement émouvant entre un petit garçon qui sait raconter des histoires à une petite fille riche.

J’ai lu

« Les larmes du vin sont des larmes sans chagrin. »
Intronisé « Chevalier du Tastevin » en grande cérémonie, Daniel Picouly, le narrateur de cette histoire, est invité à faire un discours sur le vin, trésor national et mystère absolu. Le défi est grand pour le « cancre des cépages. Ce qui pouvait apparaître comme un malentendu devient alors l’occasion de revisiter son itinéraire singulier, et de s’interroger sur la place de ce « liant social » dans nos existences.
De son enfance à aujourd’hui, il convoque de tendres souvenirs et des anecdotes cocasses dont on savoure le nectar. L’auteur se fait, avec humour et fantaisie, l’observateur des effets du vin sur chacun d’entre nous, esquissant une sorte de petite philosophie en forme d’éloge de la quête, de la mesure et de l’équilibre. Un bonheur.
On retrouve dans ce récit drôle, émouvant et sans doute le plus personnel, le panache de l’auteur du Champ de personne, Grand Prix des Lectrices de Elle, et de L’Enfant Léopard, prix Renaudot.

Je me suis vraiment régalée en lisant ce roman , Daniel Picouly a l’art de nous mettre dans la confidence de son parcours de vie avec un humour des plus appréciable. Franchement je vous recommande ce livre , un excellent remède contre la morosité ambiante.

Quelques extraits

«  En fait , si vous écriviez un texte plus conséquent vous ne choisiriez pas , comme titre, In vino veritas mais plutôt In bio veritas ( Je ne suis pas sur de le comprendre.)Vous avez fait du latin ?

_ Seulement dans les pages roses.

_ ça se voit.( Bien aimable ! ).En réalité, l’expression In vino veritas ne dit pas que c’est dans le vin qu’on trouve la vérité, mais plutôt dans le chemin où le vin vous mène: la sagesse ou l’ivresse.(Où Eymeric essaierait il de m’embarquer?) Ce sont deux tentations dont les extrêmes se rejoignent. Une version vinicole des deux infinis de Pascal.(ça fume dans le pressoir)Vous avez fait de la philo?(Seulement dans une baignoire. »

« Incroyable ! La m’am ne se souvient pas quels vins bizarres j’ai reçus pour mes anniversaires. Alors, je les ai imaginés. 

Pour mes un an : un vin de glace, le « Yéti », fait à partir de raisins vendangés sous la neige.

À mes deux ans : une bouteille de « Sherpa », un vin de l’extrême qui pousse à plus de 5000 mètres d’altitude sur une pente à 30 degrés. 

Pour mes trois ans, « Hoggar », un vin récolté à dos de chameau, au milieu du Sahara, avec une rose des sables sur l’étiquette. 

À quatre ans, « Abysse », une amphore d’un vin sous-marin récolté en bathyscaphe, dans la fosse des Philippines, à déguster avec palmes, masque et tuba. 

Pour mes quinze ans, un vin de cinéma : « Les Tontons », un vin voyou sulfaté rouge sang premier cru et blanc de noces, du 24 degrés/seconde, trois cépages royaux : du Volfoni italien, du Naudin rustique et du Folace folasse. Robe de deuil, bouquet de chrysanthèmes et cordite, nez de bourre-pif, Audiard en bouche et palais de justice. Silencieux au débouché.

Ces vins bizarres auraient tout changé, si je les avais connus. J’avais de quoi rêver. Je serais devenu trappeur, chasseur d’ours au Canada, méhariste, scaphandrier, sherpa dans l’Himalaya, cascadeur ou vendeur de tractopelles à Montauban.  

« Et maintenant ?
Je savais bien que jamais je n’en aurais fini avec la ponctuation. Aussi longtemps que je vivrais, et donc aussi longtemps que j’écrirais, je me battrais avec les signes, je m’acharnerais à bien placer les virgules. Et les points. Et les points-virgules. Sans oublier les tirets, les crochets, les chevrons auxquels je n’avais pas jusqu’ici prêté assez d’attention.
Mais une petite voix me parlait. Elle me vait de tout au fond, là, au milieu du ventre entre coeur et nombril:
– Toi aussi, tu as une histoire, Jeanne, ton histoire secrète. L’heure est venue de la raconter. »

Erik Orsenna a une superbe façon de parler de la langue, jamais il n’est ennuyeux , il nous captive du début à la fin de cet ouvrage. Il faudra que je lise les autres aventures de Tom et Jeanne de cet auteur .

Quelques extraits :

« Qu’est-ce qu’un discours ?
Une sorte de chanson, où la musique (le ton, le rythme) joue un rôle aussi grand que les paroles. Un discours s’écrit en parlant, en parlant fort. Les mots ressemblent à de jeunes oiseaux : ils doivent être lancés dans l’air pour vérifier s’ils savent voler. Si les mots s’écrasent, il faut en changer. »

« Notre langue n’est pas seulement un moyen de nous comprendre. C’est un bien que nous avons tous en partage, les petits comme les grands, les faibles comme les puissants ; c’est notre chose commune (respublica en latin, « république »). »

« On a tous de drôles d’amis, des amis que nos autres amis détestent, des amis dont nos autres amis nous disent : mais vraiment, sois franche, qu’est-ce que tu lui trouves ?
Ce drôle d’ami, pour moi, c’est la grammaire.
La grammaire essaie de mettre de l’ordre dans le grand peuple des mots. Si on ne leur imposait pas des règles, ils iraient n’importe où, les mots. Ils s’assembleraient n’importe comment. Et plus personne ne se comprendrait. Ou alors ils resteraient chacun dans son coin, ils refuseraient de former des phrases. Quel dommage ! Quel gâchis ! La grammaire rapproche, la grammaire relie, la grammaire accorde. »

Dans le train qui la ramène de Marseille à Paris, Morgane s’ennuie. « Confiez-moi un secret » demande-t-elle à ses abonnés.
Des centaines de messages affluent, tous plus personnels les uns que les autres. Elle en lit un, deux, puis elle les dévore tous, touchée par la fragilité qui s’en dégage. D’où lui vient cet intérêt pour l’intimité de ces personnes ?
La curiosité se mue en enquête, mais à mesure qu’elle progresse, un souvenir émerge à l’ombre des secrets des autres : le sien. Une histoire de famille secrète et douloureuse, celle d’une lignée de femmes marquée par le silence.
Archiviste de l’amour, révolutionnaire de l’intime et poétesse, suivie par plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Morgane Ortin est l’autrice d’un premier best-seller, « Amours solitaires », traduit en cinq langues. Avec son nouveau livre, « Le secret », elle délaisse les rivages de l’amour pour les abîmes de l’intime, révélant une autrice sensible et audacieuse.

Avis un peu mitigé concernant ce livre.. Certains témoignages me semblent tres bien analysés d’autres moins.

Quelques extraits

« Les secrets à étages m’ont
d’abord surprise, voire décontenancée. Pourquoi me confiait-on la plupart du temps les symptômes plutôt que les origines ? Par pudeur, par honte,
ou par besoin d’être rassuré avant d’aller plus loin. Parfois, aussi, parce qu’il est difficile de réaliser jusqu’où remontent les racines de nos silences. »

« J’ai grandi en extérieur, dans le bruit, pour ne pas entendre les silences qui emplissaient ma maison. Maintenant que je tends l’oreille, ce silence me parait de plus en plus assourdissant. »

« J’ai déjà menti par amour, construit des mondes parallèles pour protéger l’autre jusqu’à y croire moi-même. Je le faisais pour eux autant que pour moi, car mettre en péril ceux auxquels on est attachés, c’est se mettre en péril soi-même. L’amour, quoi qu’on dise, lie les existences, les responsabilités et les secrets. Souvent, c’est lorsque l’intimité se brise que la vérité éclate. »

J’ai lu

Je m’aperçois que je n’ai pas renseigné cette rubrique depuis un certain temps déjà. Je me rattrape un tantinet aujourd’hui.

Bon dimanche à vous toutes et tous.

La famille Pelletier.
Trois histoires d’amour, un lanceur d’alerte, une adolescente égarée, deux processions, Bouddha et Confucius, un journaliste ambitieux, une mort tragique, le chat Joseph, une épouse impossible, un sale trafic, une actrice incognito, une descente aux enfers, cet imbécile de Doueiri, un accent mystérieux, la postière de Lamberghem, grosse promotion sur le linge de maison, le retour du passé, un parfum d’exotisme, une passion soudaine et irrésistible. Et quelques meurtres.
Les romans de Pierre Lemaitre ont été récompensés par de nombreux prix littéraires nationaux et internationaux. Après sa remarquable fresque de l’entre-deux-guerres, il nous propose aujourd’hui une plongée mouvementée et jubilatoire dans les Trente Glorieuses.

Si vous avez déjà lu la trilogie précédente, soyez surs de trouver dans ce roman le même plaisir de lecture que pour « au revoir là haut », « couleurs de l’incendie » , « miroirs de nos peines ». L’auteur vous prend par la main pour vous faire vivre avec la famille Pelletier des évènements aux multiples rebondissements, sans temps mort. Un régal à cent pour cent.

« Entre la terrasse du Métropole et celle du Cristal Palace, vous avez tout ce qui importe à Saïgon. Diplomates sur le retour, aventuriers, séducteurs, banquiers corrompus, journalistes alcooliques, prostituées et demi-mondaines, aristocratie française, communistes masqués, planteurs richissimes, tout est là. L’erreur serait de croire que Saïgon est une ville. C’est un monde à part entière. La corruption, le jeu, le sexe, l’alcool, le pouvoir, tout s’y donne libre cours sous l’autorité de la déesse absolue, celle que tout le monde révère, à savoir sa Majesté la Piastre ! »

« — C’est un imbécile. lâcha le garçon.
— Non, c’est un con.
— C’est pareil.
M. Pelletier s’arrêta de jouer.
— Non, c’est pas pareil. Si tu expliques trois fois un truc à quelqu’un et qu’il ne le comprend pas, c’est un imbécile. Mais si, à la fin, il est certain de l’avoir compris mieux que toi, alors, tu as affaire à un con. »

Été 1945. Incarcéré à la prison de Toulouse en attente de son jugement pour intelligence avec l´’ennemi, un collaborateur revient sur son parcours criminel dans les rangs de la Milice et de la Waffen-SS en consignant ses souvenirs et ses réflexions dans un carnet que lui ont procuré ses gardiens. Au fil de l´instruction de son affaire, le jeune homme, ancien garde du corps de Joseph Darnand, va entrer en conflit avec son avocat, qui lui reproche de ne pas être accessible à la résipiscence. Mais, à l´heure de l´’ audience, alors que témoins et enquêteurs mettent à mal la défense de l´accusé, un événement inattendu va faire basculer l’ ´issue du procès.

Dans ce livre, il revisite la période d’après-guerre, 1944 et 1945, les règlements de compte, les procès… et ce n’est pas la première fois que Pierre Hanot rouvre une période trouble de notre histoire ( voir « aux vagabonds l’immensité » ) . Dans son cachot, en 1945, entre les visites de son avocat (autre personnage important du roman), ce collabo note ses réflexions sur un carnet, qui donne du rythme à ce livre, faisant balancer le lecteur entre le récit et la lecture de ces carnets. Pierre Hanot manie avec brio l’art de la description, celui de l’assemblage des détails qui vous font voir autant que lire un récit. Mais ce roman scrute d’abord l’âme d’un « salaud intégra.

Malin Förs 02
C’est la canicule…
Des incendies ravagent Linkoping.. .
Dans la fournaise, un pervers sexuel ….
500.000 lecteurs ..
C’est l’été le plus chaud que Linköping ait jamais connu. La forêt qui borde la ville s’embrase, les nuages de fumée planent dans le ciel obscurci et menacent les citadins. Les incendies n’empêchent pas un pervers sexuel particulièrement sordide et cruel de faire régner la terreur dans la ville. L’enfer brûlant des flammes crée une sorte de solidarité parmi les gens, alors que la peur et l’angoisse face aux meurtres horribles du tueur font émerger des soupçons et des préjugés envers celles et ceux qui semblent différents. […]

Une belle découverte d’auteur de roman policier suédois avec Mons Kallentoft et un été qui n’est pas sans rappeler celui que nous vivons actuellement.

« … tout finit par tourner autour de cette obsession des médias, du culte de la célébrité et cette exagération du moyen et de l’inintéressant jusqu’à en faire une religion. Notre âme ne trouve la paix, pense Malin, c’est pourquoi nous nous intéressons à des choses si futiles. »

« Les champs de blé s’inclinent devant la chaleur, on dirait un poing géant qui presse les plantes par terre en tonnant : ne crois pas pouvoir vivre, pas cet été, ce sera l’année de la terre brulée. »

« La carte postale est arrivée dans notre boîte aux lettres au milieu des traditionnelles cartes de voeux. Elle n’était pas signée, l’auteur avait voulu rester anonyme. Il y avait l’opéra Garnier d’un côté, et de l’autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942. Vingt ans plus tard, j’ai décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale, en explorant toutes les hypothèses qui s’ouvraient à moi.
Ce livre m’a menée cent ans en arrière. J’ai retracé le destin romanesque des Rabinovitch, leur fuite de Russie, leur voyage en Lettonie puis en Palestine. Et enfin, leur arrivée à Paris, avec la guerre et son désastre.
J’ai essayé de comprendre pourquoi ma grand-mère Myriam fut la seule qui échappa à la déportation. Et d’éclaircir les mystères qui entouraient ses deux mariages.
Le roman de mes ancêtres est aussi une quête initiatique sur la signification du mot “Juif” dans une vie laïque. »


À la fois récit des origines et enquête familiale, ce roman se dévore.

« Mais Ephraïm, l’ingénieur, le progressiste, le cosmopolite, a oublié que celui qui vient d’ailleurs restera pour toujours celui qui vient d’ailleurs. La terrible erreur que commet Ephraïm, c’est de croire qu’il peut installer son bonheur quelque part. L’année suivante, en 1924, un baril de caviar avarié plonge la petite entreprise dans la banqueroute. Malchance ou manœuvre de jaloux ? Ces migrants arrivés en charrette sont devenus trop vite des notables. Les Rabinovitch deviennent persona non grata dans le Riga des goys. Les voisins de la cour Binderling demandent à Emma de cesser d’importuner le quartier avec le va-et-vient de ses élèves. Elle apprend par ses relations de la synagogue que des Lettons ont pris son mari pour cible et qu’ils l’importuneront jusqu’à ce qu’il n’ait plus d’autre choix que de partir. »

« L’homme ne peut pas vivre sans la nature, lui souffle Boris à travers le renard. Il a besoin d’air pour respirer, d’eau pour boire, de fruits pour se nourrir. Mais la nature, elle, vit très bien sans les hommes. Ce qui prouve combien elle nous est supérieure. »

L’éternité n’empêche pas l’impatience : Noam cherche fougueusement celle qu’il aime, enlevée dans de mystérieuses conditions.L’enquête le mène au Pays des Eaux douces −la Mésopotamie − où se produisent des événements inouïs, rien de moins que la domestication des fleuves, l’irrigation des terres, la création des premières villes, l’invention de l’écriture, de l’astronomie.
Noam débarque à Babel où le tyran Nemrod, en recourant à l’esclavage, construit la plus haute tour jamais conçue. Tout en symbolisant la grandeur de la cité, cette Tour permettra de découvrir les astres et d’accéder aux Dieux, offrant une véritable « porte du ciel ».
Grâce à sa fonction de guérisseur, Noam s’introduit dans tous les milieux, auprès des ouvriers, chez la reine Kubaba, le roi Nemrod et son architecte, son astrologue, jusqu’aux pasteurs nomades qui dénoncent et fuient ce monde en train de s’édifier.
Que choisira Noam ? Son bonheur personnel ou les conquêtes de la civilisation ?
Dans ce deuxième tome de la saga La Traversée des Temps, Eric-Emmanuel Schmitt met en jeu les dernières découvertes historiques sur l’Orient ancien, pour nous plonger dans une époque bouillonnante, exaltante, prodigieuse, à laquelle nous devons tant.

Vraiment subjuguée par la richesse historique, culturelle et philosophique de la narration, qui opère une fascinante mise en perspective de l’évolution humaine, au travers notamment de ses mythes. Un réel coup de coeur pour cette saga commencée avec Noam et Noura dans le premier tome de la traversée des temps . Impatiente de découvrir la suite .

« Les gens cherchent le succès matériel qui les hissera au-dessus de leur voisin, ils paniquent à l’idée de rater. Rater quoi ? Réussir ne consiste pas à acquérir quatre maisons, car tu n’en habites jamais qu’une et à l’intérieur, tu n’es que toi-même. II ne faut pas posséder plus, mais exister mieux. Toutes les rues de Babel conduisent à des impasses. Et tous les chemins qui partent de Babel prennent une fausse route. »

« En lui offrant une perpétuité, l’écriture a changé l’homme. De simples inventaires des objets, elle est devenue le conservatoire des âmes : elle a lutté contre la détresse, nourri l’orgueil, flatté le narcissisme, développé l’individualisme. Par elle, la fatuité a crû autant que la civilisation. »

 » Je m’agenouillai devant lui. Quoi de plus mystérieux et plus profond que le regard d’un chien ? ………En un éclair, je compris ce que m’avait apporté Roko durant des années. Il m’avait soutenu, épaulé, amusé , attendri. Curieux, joueur, il avait affirmé sa gaieté et entrainé la mienne. Il avait été mon ardeur, mon allégresse , ma jeunesse. Il m’avait accompagné , marcheur ou sédentaire, dans les rues des cités ou au milieu de la nature, au coeur des forêts ou au creux des dunes, euphorique ou placide. Il m’aimait sans réserve. Du coup je lui rendais le même amour. Un amour pur, dépourvu de filtre, de calcul. Un amour épanoui. « 

Le mot mystère

Pour le mot mystère chez Lilou un clic sur le logo .

Le mot à trouver : librocubiculariste

Les anagrammes sont soulignées .

« Par ma foi ! il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j’en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m’avoir appris cela. (Molière : Le Bourgeois gentilhomme) »

Un remerciement que je retourne illico à Lilou, car comme monsieur Jourdain qui fait de la prose sans le savoir, je suis librocubiculariste sans m’en être doutée une seule seconde. Libro quoi ? Je vous vois lever le sourcil . Mais non, je ne scribouille pas n’importe quoi . Il suffit de bousculer un peu les neurones endormis , de les solliciter un maximum pour retrouver le latin qu’ils ont emmagasiné , il y a bien longtemps maintenant. Bonne pioche, nous voilà sur orbite, je récupère « liber le livre » et « cubilum la chambre ». Après pour le suffixe iste , il définit la personne s’adonnant à cette activité . Donc tout s’explique avec ce genre d‘outils pour décortiquer les mots .

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais il m’est impossible de faire la culbute dans les bras de Morphée sans avoir au préalable parcouru les pages d’un livre. La lecture occulte toutes les carabistouilles de la journée, le moindre souci s’efface des la première page comme par magie. Allez savoir pourquoi les scènes de crime d’un polar restent tranquillement à leur place sans obscurcir durablement votre nuit ni vous tirailler hors du lit , un vrai mystère. J’avoue que la même scène parait nettement plus brutale voire atroce sur un écran, vous empêchant de fermer l’œil durablement .

Quant au meilleur endroit pour s’adonner à la lecture, dans l’absolu je répondrais bien tous , le lit n’ayant quand même pas l’exclusivité.

Voilà un moment que je n’ai pas renseigné la rubrique  » j’ai lu », aussi vais – je clôturer cet article avec les romans lus récemment .

Noémie Chastain, capitaine en PJ parisienne, blessée en service d’un coup de feu en pleine tête, se voit parachutée dans le commissariat d’un village perdu, Avalone, afin d’en envisager l’éventuelle fermeture.
Noémie n’est pas dupe : sa hiérarchie l’éloigne, son visage meurtri dérange, il rappelle trop les risques du métier… Comment se reconstruire dans de telles conditions ?
Mais voilà que soudain, les squelettes des enfants disparus vingt-cinq ans plus tôt, enfermés dans un fût, remonte à la surface du lac d’Avalone, au fond duquel dort une ville engloutie que tout le monde semble avoir voulu oublier…

Scotchée dès l’ouverture du livre , on ne peut que se laisser prendre par l’histoire que nous raconte Olivier Norek. Celle de cette policière qui devra apprendre à s’accepter telle qu’elle est . Comme le dit l’auteur  » J’ai voulu dans Surface aborder le thème de l’acceptation. Si vous ne faites pas de lumière, vous n’attirerez pas les papillons, me disait un psychiatre. Si vous ne vous acceptez pas, personne ne le fera …Me voici, comme je suis, avec ce que j’ai de fort et avec ce qu’il me manque. Me voici, cassé, de guingois, mais unique. C’est ainsi que j’ai inventé ma première héroïne, Noémie Chastain. Je voulais parler d’une femme forte, déterminée et ambitieuse… alors pour la rendre encore plus exceptionnelle, je l’ai d’abord détruite. Si vous aimez Noémie, c’est pour ce qu’elle est, pas pour ce qu’elle représente à la surface. »

Dans ce livre pas de temps mort, des fausses pistes, des rebondissements , un polar intense et addictif .

Face au mal qui se propage et qui a tué sa fille.

Pour les millions de victimes passées et les millions de victimes à venir

Virgil Solal entre en guerre, seul, contre des géants.

Un roman qui mêle fiction et réalité avec talent . On peut parler d’un roman policier mais il est loin de n’être que cela , c’est un véritable plaidoyer pour la prise de conscience de l’homme de son impact laissé sur la terre . Un véritable docu fiction que Norek nous donne à lire . J’ai été tres impressionnée par toute la documentation que partage l’auteur. Toutes les données chiffrées sont exactes, toutes les aberrations du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, tout est minutieusement référencé.

« C’est bien l’Homme la victime, et pas la planète. La planète n’a que faire de ses habitants. La Terre a 4 milliards 600 millions d’années et nous, à peine trois millions. Nous existons depuis 0,0002 % de son existence. Nous sommes un mauvais rhume, une intoxication passagère, et nous disparaîtrons pour la laisser tourner encore des milliards d’années. Elle ne craint rien, elle patientera jusqu’à notre mort. »

« Pierre et Claire sont éditeurs en ce début de XXIe siècle. Un grand groupe s’intéresse à leur maison.
La vendront-ils ? Et à qui ?
Ils sortent beaucoup, voient tout le temps Mathieu, leur ami écrivain.
Autour d’eux, Paris est en train de changer.
Leur génération vieillit. Cela meurt. Cela divorce.
Heureusement, les prix d’automne vont toujours à de mauvais livres.
Rentrée littéraire est un roman nostalgique. C’est aussi une histoire d’amour. Il n’y a pas de mal à ça. »

Un roman léger, nostalgique très parisien où les mondanités s’imposent . Pas franchement ma tasse de thé .