J’ai lu

La jeune Martha Laborne s’est évaporée à Acapulco. Mauvaise nouvelle pour le Quai d’Orsay : c’est la fille d’un homme politique français. La « Perle du Pacifique » était dans les années soixante le paradis des stars hollywoodiennes. Hélas, la ville aujourd’hui est livrée aux pires cartels mexicains de la drogue.Aurel Timescu, notre calamiteux Consul, est envoyé sur place.Comme à son habitude, il est fermement décidé à ne rien faire. Son hôtel, le Los Flamingos, est hanté par les fantômes de Tarzan, d’Ava Gardner ou de Frank Sinatra. En suivant ces héros qui l’ont tant fait rêver dans son enfance, il va subir une complète métamorphose.Un Aurel hédoniste, dandy et buveur de tequila se révèle. C’est bien malgré lui qu’il va se retrouver exposé à des intrigues meurtrières, à des dangers inconnus et au plus redoutable d’entre eux : la passion pour une femme exceptionnelle.

L’auteur ne livre pas vraiment une enquête policière, plutôt une galerie de portraits – caricatures, dans un environnement cependant bien réel. Acapulco a décliné au fil du temps de point de ralliement des vedettes hollywoodiennes en zone de guerre entre narco-trafiquants. Tous les problèmes du Mexique y sont présents : la corruption, les narcos , les flics qu’il vaut mieux éviter , la violence, les assassinats Même si JC Ruffin s’est amusé à écrire ce cinquième tome, il a puisé dans sa carrière de diplomate pour camper ses personnages qui existent réellement.

Un livre que j’ai vraiment apprécié drôle , plein d’ humour, d’ imagination, riche en connaissance du monde diplomatique , et superbement écrit.

Extraits :

— Nous avons ce qu’il vous faut, monsieur Timescu. Puisque apparemment vous vous prenez pour James Bond.
Personne n’avait moins l’air de James Bond que le petit homme dégarni, transpirant dans son costume de tweed et son gros manteau d’hiver à six boutons, fermé jusqu’au col. Covid oblige, il portait un masque chirurgical d’un rose pâle. Il l’avait posé de travers, si bien qu’on aurait cru qu’il était bâillonné avec du papier hygiénique.

« Acapulco était un monstre, un fantôme. La ville conservait une apparence de grâce, de volupté, de beauté, comme une revenante qui aurait pris, pour tromper les humains, l’enveloppe de chair du temps où elle était de ce monde. Mais à l’intérieur, il y avait le vide et la mort. »

« Il ne lui serra pas la main car c’était un homme qui pratiquait les gestes barrières depuis la naissance. »

Danny, 10 ans, est mort dans un effroyable accident. Et Tina, sa mère, n’a jamais pu identifier son corps. Un an plus tard, des signes prouvent pourtant à Tina que son fils est toujours en vie. Dès lors, elle n’a qu’une obsession : le retrouver et découvrir la vérité. Mais elle dérange et les services secrets tentent de l’assassiner. Qu’ont-ils à cacher ? Et si Danny était celui par qui la fin de l’humanité pouvait arriver ?

Un bon thriller flirtant avec le fantastique et à la fin prémonitoire d’un certain vécu récent.

Extraits

« La nuit enveloppe de son silence la maison des Evans, un silence troublé seulement par le bruissement des feuillages qu’agite le vent sec venu du désert. Un matou blanc du voisinage se glisse sur la pelouse et joue avec un bout de papier qui voltige et se pose devant lui tout à coup comme pour le narguer ; le chat bondit, avance la patte, manque son coup car son jouet capricieux est reparti, et, déçu, il file sous les buissons à la recherche d’une autre proie plus facile à saisir. »

« C’est là que le paradoxe lui sauta à la figure comme un diable qui sort d’une boîte : d’un côté elle se comportait comme si elle ignorait la vérité, de l’autre elle cherchait à l’obtenir par l’intermédiaire de Stryker que l’on rouvrît la tombe de son fils, ce qui semblait indiquer qu’elle savait quelque chose. A en croire Stryker, ses motivations étaient innocentes : elle entretenait des remords pour n’avoir pas eu le courage de voir le corps mutilé de son fils avant la mise en bière. Elle avait l’impression d’avoir manqué aux égards les plus élémentaires vis-à-vis du défunt et ce sentiment de culpabilité avait engendré, toujours aux dires de l’avocat, des troubles psychologiques sérieux, cauchemars, etc. »

En juin 1944, le père de Mathias, le petit Mainou, neuf ans, vient de perdre sa mère, morte en couches. On décide de l’envoyer, caché dans une charrette à foin, par-delà la ligne de démarcation, chez sa grand-mère qui a une ferme en Lorraine. Ce sont ces derniers mois de guerre, vus à hauteur d’enfant, que fait revivre Mathias Malzieu, mêlant sa voix à celle de son père. Mainou va rencontrer cette famille qu’il ne connaît pas encore, découvrir avec l’oncle Émile le pouvoir de l’imagination, trouver la force de faire son deuil et de survivre dans une France occupée.
Il aura fallu plus de six ans à Mathias Malzieu pour écrire ce « Guerrier de porcelaine », son roman le plus intime, où, alliant humour et poésie, il retrace l’enfance de son père et s’interroge sur les liens puissants de la filiation.

Une superbe découverte pour moi avec cet auteur , un style poétique ou l’humour est omniprésent sans oublier un plein de tendresse . Un vrai coup de coeur pour ce roman plein d’émotion vraie .

Extraits :

« Je suis comme un diabétique qui rêve de nager dans un océan de crème chantilly. J’aime tellement la joie que je ne peux m’empêcher d’en fabriquer, même si c’est mauvais pour ma santé. Parce que je finis toujours par me coincer entre la réalité et les souvenirs. Là où les rêveries explosent comme des bulles de savon. Je vais penser à un petit-déjeuner normal à Montpellier, sans vol de poussins ni écureuils domestiques. Juste toi et l’odeur du pain grillé. Et là, je suis cuit pour plusieurs heures d’affilée. Je vais rester coincé dans le souvenir. Ça me fera un peu de joie en plus et un chagrin de boule de pétanque dans le gorge »

-Tu sais que Dieu a créé le monde en six jours ? Mais s’il avait pris autant de temps que toi pour avaler un bol de lait, on en serait encore au Moyen Age.
Je crois qu’elle essaie de faire de l’humour, du coup j’essaie de rire. C’est terrible cet humour de vieux. Pourtant, malgré l’arrière-goût d’hostie périmé, je sens une tentative de tendresse. 

 » Son rire, quand il finit par arriver, ça fait comme un court-circuit dans la guerre. Je me prends un tel taux de lumière dans le sang que je me sens luminescent. Je brille comme une étoile dans mon lit toute la nuit et je ne m’éteins qu’au petit matin. (…) L’autre soir, je me suis endormi dans ses bras. Quand elle m’a réveillé avec sa jolie tête au-dessus de la mienne, c’était mieux qu’un rêve. J’ai fini par retourner dans ma chambre avec des étoiles à la place de la tête. Toute une galaxie douce dans les cheveux, il faisait presque jour dans le couloir tellement j’irradiais. »

Mathieu tient une librairie à qui il voue tout son temps jusqu’au burn-out. Il va alors se réfugier dans la maison de son ami César qu’il a acheté en viager. Tous ses proches se succèdent pour le ramener à la raison, mais c’est encore dans l’adversité qu’il est le meilleur et trouve comment redonner un sens à sa vie.

C’est un bon roman avec de beaux dialogues qui sonnent juste.  Françoise Bourdin y évoque avec talent des problèmes de société et des relations familiales parfois difficiles. Une lecture bien agréable .

extraits

« La soirée à venir lui apparaissait comme une épreuve. Faire la conversation, mimer la gaieté ou même un simple bien-être allait lui demander des efforts considérables, et il s’en voulait d’être dans un tel état de rejet. Bon sang, il aimait Tess, il adorait sa fille, pourtant il aurait donné n’importe quoi pour qu’elles s’en aillent ! Il faillit le dire, parvint de justesse à s’en empêcher, mais cette petite victoire sur lui-même ne lui apporta aucune satisfaction. »

« Se sentait-il sur la voie de la guérison? Sauf qu’il n’était pas malade, seulement épuisé par toutes ces années d’hyperactivité qu’il s’était imposées. L’envie de réussir, de prouver que sa passion le ferait vivre et que son énergie triompherait de toutes les difficultés, l’avait mené au bord du gouffre. Comprenant qu’il risquait d’être consumé par le fameux burn-out – pudique synonyme de la dépression – il avait tout arrêté. Depuis, il refusait de songer à ce qui pouvait bien se passer en son absence. Privé de capitaine, son navire était peut-être en train de sombrer, néanmoins il ne voulait pas se poser la question. »

« Cette impression d’impuissance et de solitude, ne l’avait-il pas souvent subie lorsqu’il était enfant ? Tout venait de là. Il avait occulté le passé au lieu de le liquider et la machine s’était bloquée. Se noyer dans le travail n’avait été qu’une fuite en avant qui ne réglait rien. Accroché à son unique passion, les livres, il s’était mis des œillères. En vain. La bombe à retardement lui avait sauté à la figure. »

 » Elle aurait pu renoncer. Elle aurait dû renoncer. Elle se le répéta bien un million de fois toutes les années qui suivirent. Elle eut d’ailleurs une hésitation, peut-être valait-il mieux rester, se rallonger dans la chambrée, à écouter ses deux autres soeurs qui gesticulaient dans leur sommeil, pétaient et miaulaient sous leurs draps à cause de leurs rêves lascifs tout juste pubères. Peut-être valait-il mieux abdiquer, enrager, et se délecter de sa rage, puisqu’il y a un plaisir dans l’abdication, cela va sans dire, le plaisir tragique de la passivité et du dépit, le plaisir du drapage dans la dignité, on ne nous laisse jamais rien faire, on a juste le droit de se taire, on nous enferme, alors que les autres là-bas au loin s’amusent et se goinfrent, qu’est-ce que j’ai fait dans mes vies antérieures pour mériter ça, oh comme je suis malheureuse. Peut-être aussi que le jeu n’en valait pas la chandelle. Mais le jeu, n’est-ce pas, en vaut rarement la chandelle. Le jeu n’est désirable que parce qu’il est le jeu. »


Véronique Ovaldé, à travers l’histoire d’une famille frappée par une mystérieuse tragédie, ausculte au plus près les relations que nous entretenons les uns avec les autres et les incessants accommodements qu’il nous faut déployer pour vivre nos vies.

 L’auteur aborde les blessures par le biais d’une écriture poétique mettant en avant les fragilités et les drames des histoires familiales.

Un tres bon roman au style incisif non dépourvu d’humour.

extraits :

« La maison est tellement silencieuse qu’elle entend les pommes de terre germer dans leur sac en papier kraft. »

« La mer est comme un sirop, onctueuse et amniotique. C’est une eau qui vous porte et vous lave de vos douleurs. Aïda n’avait pas nagé depuis quinze ans. Comment avait-elle pu s’en passer ? On est le lendemain de l’enterrement du Vieux. Il est sept heures du matin. Elle s’est couchée tôt la veille, ou du moins elle est montée tôt dans sa chambre, elle a lu son livre de physique quantique pour les nuls, il y avait encore du monde dans la Grande Maison, éclats de voix et quelques rires, on en avait terminé avec les chuchotis et la commisération, dernière phase des obsèques. Elle était montée parce qu’elle avait fini par se sentir comme un scarabée au milieu d’un plat de crème. »

« Il y a d’abord l’odeur du chèvrefeuille et les stridulations des mésanges, puis il y a les abeilles bombardiers qui passent en ronflant entre eux deux, leur route était là, leur route est là, elles ne vont pas changer de trajet à cause des importuns, elles n’ont que faire des importuns, ils sont trop fugaces pour être réellement incommodants, et la route des abeilles est immémoriale, on les voit se diriger vers la cheminée de la grange, elles paraissent surmenées, exécutant un ballet complexe autour de leur nid, on aimerait apprendre à décrypter leur danse, il y a aussi le toit de la grange qui s’affaisse, et les poutres qui s’effritent, constellés de minuscules trous parfaitement ronds, le sol est jonché de bois mastiqué, les choses ici s’effondrent sans fracas, c’est une très lente dégringolade, il y a la brise de mer, les pins qui bruissent sans qu’on puisse discerner leur mouvement, il y a les émanations si particulières du sable de la cour juste après l’heure la plus chaude du jour, et la poussière jaune qu’y ont saupoudrée les mimosas, il y a le vol indéchiffrable des hirondelles qui semblent toujours esquiver d’invisibles colonnes, il y a le battement profond du cœur d’Aïda qui retentit à ses oreilles, et puis surtout il y a ce garçon qu’elle connait depuis toujours assis près d’elle, elle se dit qu’il doit bien formuler des opinions mais qu’il les garde pour lui. C’est comme essayer d’imaginer à quoi rêve un nouveau-né. »

Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant. Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude. Ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.

Mon deuxième coup de coeur , un livre que je n’ai pas pu quitter avant de l’avoir terminé . Sandrine Colette nous fait partager toute la fragilité de l’être humain avec beaucoup de poésie , malgré l’âpreté , la rudesse du récit l’émotion gomme la noirceur .

extraits

« le chant des loups nous appelle parce que c’est notre chant et aussi loin qu’on puisse remonter il y a l’éclat d’un animal en nous, c’est pour ça que ça m’émeut et que des larmes viennent brûler le bas de mes yeux. Ce n’est pas du chagrin c’est une émotion profonde viscérale racinaire et ceux qui ne ressentent pas ça ils ont tout oublié, ce sont des gens déjà morts ».

«  En vrai c’est la lueur éperdue dans ses yeux bleus qui me rend dingue, cette lueur qui me cherche simplement pour s’accrocher à moi, pour que j’ouvre une brèche une possibilité la largeur des mes bras et cette quête-là, cette prière muette je n’y arrive pas il peut toujours rêver. La seule chose qu’il demande le gosse c’est un peu de tendresse un truc comme ça. Il ne le dit pas c’est invisible sauf que c’est tellement là que l’air en frissonne, et je sens les vibrations vers moi que je repousse d’un geste de la main et je voudrais lui dire que ce n’est pas la peine, la tendresse je n’en ai pas du tout ou pas pour lui, on n’est plus que deux et ce n’est pas pour ça que je vais me rabattre sur lui. »

« Il y a des jours où je sens avec une force infinie que c’est le même qui fait de moi un homme je veux dire avec de l’humanité et pas seulement une machine vivante ».
Finalement n’est-ce pas là l’effet que font les enfants à leurs parents le plus souvent, de devenir des hommes et des femmes avec de l’humanité, pas seulement des machines vivantes, de devenir meilleur ? Et de pouvoir se dire alors que l’enfant fait de nous ce que nous devons peu à peu : « Les choses sont à leur place, je crois ».

Rien n’est plus éphémère que la mémoire d’un enfant.
Quand Malone, du haut ses trois ans et demi, affirme que sa maman n’est pas sa vraie maman, même si cela semble impossible, Vasile, psychologue scolaire le croit.
Il est le seul… Il doit agir vite.
Découvrir la vérité cachée. Trouver de l’aide. Celle de la commandante Marianne Augresse par exemple. Car déjà les souvenirs de Malone s’effacent. Ils ne tiennent plus qu’à un fil, qu’à des bouts de souvenirs, qu’aux conversations qu’il entretient avec Gouti, sa peluche.
Le compte à rebours a commencé.

Avant que tout bascule. Que l’engrenage se déclenche. Quel les masques tombent.
Qui est Malone ?

Un roman qui tient en haleine jusqu’au bout , où l’amour maternel est mis en avant . L’énigme se met en place tout doucement , en effet au début on erre un peu au milieu des faits et des états d’âme de chacun puis c’est tambour battant que l’histoire se prolonge et on n’aura de cesse d’en connaitre la fin . Comme d’habitude Michel Bussi s’est tres bien documenté, nous apprenons beaucoup sur les mécanismes de la mémoire chez les jeunes enfants .

extraits

« Chez la plupart d’entre nous, il n’existe presque aucun souvenir direct de tout ce que l’on a vécu avant quatre ou cinq ans. Tout ce que vous faites avec vos gosses pendant les soixante premiers mois de leur vie, les emmener au zoo, à la mer, leur raconter des histoires, fêter leur anniversaire ou Noël, vous vous en souviendrez avec émotion, toute votre vie, comme si c’était hier, alors que pour eux, pchitt… le néant ! »

« Des milliers d’étoiles dans le ciel,
Des milliers de fleurs au jardin,
Des milliers d’abeilles sur les fleurs,
Des milliers de coquillages sur les plages,
Et seulement, seulement une maman. »

« Les vrais trésors ne sont pas ceux qu’on cherche toute sa vie, ils sont cachés près de nous depuis toujours. Si on les plante un jour, si on les cultive et on les arrose tous les soirs, en oubliant même pourquoi à la fin, ils fleuriront un beau matin alors qu’on ne les espérait plus. »

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J’ai lu

« Les larmes du vin sont des larmes sans chagrin. »
Intronisé « Chevalier du Tastevin » en grande cérémonie, Daniel Picouly, le narrateur de cette histoire, est invité à faire un discours sur le vin, trésor national et mystère absolu. Le défi est grand pour le « cancre des cépages. Ce qui pouvait apparaître comme un malentendu devient alors l’occasion de revisiter son itinéraire singulier, et de s’interroger sur la place de ce « liant social » dans nos existences.
De son enfance à aujourd’hui, il convoque de tendres souvenirs et des anecdotes cocasses dont on savoure le nectar. L’auteur se fait, avec humour et fantaisie, l’observateur des effets du vin sur chacun d’entre nous, esquissant une sorte de petite philosophie en forme d’éloge de la quête, de la mesure et de l’équilibre. Un bonheur.
On retrouve dans ce récit drôle, émouvant et sans doute le plus personnel, le panache de l’auteur du Champ de personne, Grand Prix des Lectrices de Elle, et de L’Enfant Léopard, prix Renaudot.

Je me suis vraiment régalée en lisant ce roman , Daniel Picouly a l’art de nous mettre dans la confidence de son parcours de vie avec un humour des plus appréciable. Franchement je vous recommande ce livre , un excellent remède contre la morosité ambiante.

Quelques extraits

«  En fait , si vous écriviez un texte plus conséquent vous ne choisiriez pas , comme titre, In vino veritas mais plutôt In bio veritas ( Je ne suis pas sur de le comprendre.)Vous avez fait du latin ?

_ Seulement dans les pages roses.

_ ça se voit.( Bien aimable ! ).En réalité, l’expression In vino veritas ne dit pas que c’est dans le vin qu’on trouve la vérité, mais plutôt dans le chemin où le vin vous mène: la sagesse ou l’ivresse.(Où Eymeric essaierait il de m’embarquer?) Ce sont deux tentations dont les extrêmes se rejoignent. Une version vinicole des deux infinis de Pascal.(ça fume dans le pressoir)Vous avez fait de la philo?(Seulement dans une baignoire. »

« Incroyable ! La m’am ne se souvient pas quels vins bizarres j’ai reçus pour mes anniversaires. Alors, je les ai imaginés. 

Pour mes un an : un vin de glace, le « Yéti », fait à partir de raisins vendangés sous la neige.

À mes deux ans : une bouteille de « Sherpa », un vin de l’extrême qui pousse à plus de 5000 mètres d’altitude sur une pente à 30 degrés. 

Pour mes trois ans, « Hoggar », un vin récolté à dos de chameau, au milieu du Sahara, avec une rose des sables sur l’étiquette. 

À quatre ans, « Abysse », une amphore d’un vin sous-marin récolté en bathyscaphe, dans la fosse des Philippines, à déguster avec palmes, masque et tuba. 

Pour mes quinze ans, un vin de cinéma : « Les Tontons », un vin voyou sulfaté rouge sang premier cru et blanc de noces, du 24 degrés/seconde, trois cépages royaux : du Volfoni italien, du Naudin rustique et du Folace folasse. Robe de deuil, bouquet de chrysanthèmes et cordite, nez de bourre-pif, Audiard en bouche et palais de justice. Silencieux au débouché.

Ces vins bizarres auraient tout changé, si je les avais connus. J’avais de quoi rêver. Je serais devenu trappeur, chasseur d’ours au Canada, méhariste, scaphandrier, sherpa dans l’Himalaya, cascadeur ou vendeur de tractopelles à Montauban.  

« Et maintenant ?
Je savais bien que jamais je n’en aurais fini avec la ponctuation. Aussi longtemps que je vivrais, et donc aussi longtemps que j’écrirais, je me battrais avec les signes, je m’acharnerais à bien placer les virgules. Et les points. Et les points-virgules. Sans oublier les tirets, les crochets, les chevrons auxquels je n’avais pas jusqu’ici prêté assez d’attention.
Mais une petite voix me parlait. Elle me vait de tout au fond, là, au milieu du ventre entre coeur et nombril:
– Toi aussi, tu as une histoire, Jeanne, ton histoire secrète. L’heure est venue de la raconter. »

Erik Orsenna a une superbe façon de parler de la langue, jamais il n’est ennuyeux , il nous captive du début à la fin de cet ouvrage. Il faudra que je lise les autres aventures de Tom et Jeanne de cet auteur .

Quelques extraits :

« Qu’est-ce qu’un discours ?
Une sorte de chanson, où la musique (le ton, le rythme) joue un rôle aussi grand que les paroles. Un discours s’écrit en parlant, en parlant fort. Les mots ressemblent à de jeunes oiseaux : ils doivent être lancés dans l’air pour vérifier s’ils savent voler. Si les mots s’écrasent, il faut en changer. »

« Notre langue n’est pas seulement un moyen de nous comprendre. C’est un bien que nous avons tous en partage, les petits comme les grands, les faibles comme les puissants ; c’est notre chose commune (respublica en latin, « république »). »

« On a tous de drôles d’amis, des amis que nos autres amis détestent, des amis dont nos autres amis nous disent : mais vraiment, sois franche, qu’est-ce que tu lui trouves ?
Ce drôle d’ami, pour moi, c’est la grammaire.
La grammaire essaie de mettre de l’ordre dans le grand peuple des mots. Si on ne leur imposait pas des règles, ils iraient n’importe où, les mots. Ils s’assembleraient n’importe comment. Et plus personne ne se comprendrait. Ou alors ils resteraient chacun dans son coin, ils refuseraient de former des phrases. Quel dommage ! Quel gâchis ! La grammaire rapproche, la grammaire relie, la grammaire accorde. »

Dans le train qui la ramène de Marseille à Paris, Morgane s’ennuie. « Confiez-moi un secret » demande-t-elle à ses abonnés.
Des centaines de messages affluent, tous plus personnels les uns que les autres. Elle en lit un, deux, puis elle les dévore tous, touchée par la fragilité qui s’en dégage. D’où lui vient cet intérêt pour l’intimité de ces personnes ?
La curiosité se mue en enquête, mais à mesure qu’elle progresse, un souvenir émerge à l’ombre des secrets des autres : le sien. Une histoire de famille secrète et douloureuse, celle d’une lignée de femmes marquée par le silence.
Archiviste de l’amour, révolutionnaire de l’intime et poétesse, suivie par plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Morgane Ortin est l’autrice d’un premier best-seller, « Amours solitaires », traduit en cinq langues. Avec son nouveau livre, « Le secret », elle délaisse les rivages de l’amour pour les abîmes de l’intime, révélant une autrice sensible et audacieuse.

Avis un peu mitigé concernant ce livre.. Certains témoignages me semblent tres bien analysés d’autres moins.

Quelques extraits

« Les secrets à étages m’ont
d’abord surprise, voire décontenancée. Pourquoi me confiait-on la plupart du temps les symptômes plutôt que les origines ? Par pudeur, par honte,
ou par besoin d’être rassuré avant d’aller plus loin. Parfois, aussi, parce qu’il est difficile de réaliser jusqu’où remontent les racines de nos silences. »

« J’ai grandi en extérieur, dans le bruit, pour ne pas entendre les silences qui emplissaient ma maison. Maintenant que je tends l’oreille, ce silence me parait de plus en plus assourdissant. »

« J’ai déjà menti par amour, construit des mondes parallèles pour protéger l’autre jusqu’à y croire moi-même. Je le faisais pour eux autant que pour moi, car mettre en péril ceux auxquels on est attachés, c’est se mettre en péril soi-même. L’amour, quoi qu’on dise, lie les existences, les responsabilités et les secrets. Souvent, c’est lorsque l’intimité se brise que la vérité éclate. »