Le week – end, un thème, un tableau.

Pour cette quinzaine Fardoise ( un clic sur le logo ) nous propose: le blanc dans l’art.

Je vous propose les chevaux de Neptune de Walter Crane

Une superbe toile de 2m15 sur 86 cm où les chevaux de Neptune illustrent l’idée que les vagues avancent et deferlent comme des chevaux lachés en pleine course. Elle est conservée à la Neue Pinakothek de Münich.

Dans ce tableau , nous voyons Neptune dressé sur un char, dirigeant une multitude de chevaux fougueux en pleine cavalcade. Derrière cette première vague, d’autres chevaux marins apparaissent, formant la crête des vagues.

Neptune est représenté cheveux blancs au vent tout comme les crinières des chevaux, pour bien montrer la similitude avec l’écume des vagues. Chevelures et eaux sont ondoyantes , fluides soulignant ainsi leur analogie. Les chevaux de Neptune sont blancs nacrés, portant des colliers de coquillages et de perles, mais aussi des sabots palmées. Les cous sont tendus ou courbés vers le bas de la vague, donnant le mouvement de rouleau de la déferlante.

Walter Crane (15 août 1845 à Liverpool – 14 mars 1915) est un artiste majeur britannique. Il fut également théoricien, écrivain, et socialiste convaincu. C’est l’un des principaux acteurs du mouvement artistique des Arts et Crafts. D’abord connu comme illustrateur, puis fervent promoteur des arts décoratifs, il a exercé son art dans de nombreux domaines : l’illustration, la peinture, la céramique, le papier peint, la tapisserie…

Pour en savoir plus sur cet artiste un clic ici

Le week – end, un thème, un tableau.

Pour cette quinzaine Fardoise ( un clic sur le logo ) nous propose: le blanc dans l’art.

Je vous propose  » Angoisses » d’August Friedrich Schenck .

Cette brebis se tenant debout au dessus du corps de son agneau dans la neige ne peut laisser indifférent. Elle hurle la mort de son petit devant toute une assemblée de corbeaux qui la fixent. Pour l’instant ils ne se jettent pas sur l’agneau mais on devine ce qui va arriver des que la mère cessera de le protéger. Le blanc est ici essentiel pour attirer notre attention, le noir des corbeaux vient surligner le caractère angoissant de la scène.

L’œuvre est présentée au public pour la première fois à Paris, en 1878.

Angoisses figure depuis plus d’un siècle parmi les œuvres les plus appréciées de la National Gallery of Victoria : en 1906, un vote place le tableau parmi les cinq items les plus populaires de la collection; en 2011, à l’occasion du 150e anniversaire du musée, la peinture est de nouveau apparue parmi les dix œuvres préférées du public.

Schenck favorise dans ses œuvres la thématique animalière, qu’une notice du Musée d’Orsay résume ainsi : « sur un fond de paysage – le plus souvent enneigé –, il dispose des chevaux, des chiens ou des moutons dans une mise en page resserrée. La proximité d’avec le sujet favorise l’empathie face à des scènes non dénuées d’une certaine sentimentalité. » La mise en scène de moutons, par exemple aux prises avec les éléments, est donc un motif récurrent chez l’artiste.

Une de ses œuvres présente, en quelque sorte, une version inversée d’Angoisses. Dans L’Orphelin, souvenir d’Auvergne, présenté au salon de 1885 et conservé au musée d’Orsay, un frêle agneau se presse contre le corps de sa mère, sous les yeux attentifs d’une cohorte de corbeaux.

August Friedrich Schenck, né le 23 avril 1828 à Glückstadt et mort le 1er janvier 1901 à Ecouen, est un artiste peintre franco-allemand. Pour en savoir plus sur cet artiste un clic ici

Le week end, un thème, un tableau.

Lilou ( clic) nous demande de nous interesser à l’art nouveau pour ce samedi du mois d’avril .

J’ai encore craqué pour un vitrail, celui des roses et mouettes à la viorne obier de Jacques Gruber qui se trouve à la maison Majorelle de Nancy.

La structure métallique dessine des branchages symétriques ouvrant sur une mer agitée au dessus de laquelle planent des mouettes. Cette végétation exhubérante est constituée de rosiers en fleur, les roses étant vertes ou beiges, les feuilles de couleur jaune d’or à brune . L’association de ces rosiers avec un paysage marin au bleu intense peut surprendre, mais d’un point de vue esthétique la complémentarité séduit. Le contraste du bleu du ciel et de la mer avec la douceur des feuillages et des roses souligne la perfection de l’exécution pour cette utilisation simultanée de la peinture sur verre et de la gravure à l’acide.

Pour en savoir plus sur cet artiste, je partage une partie de la fiche rédigée par mon mari.

GRUBER Jacques

Sundhouse (67) 1870 – Paris (14e) 1936

Peintre sur verre, maître-verrier, décorateur, peintre et professeur

Fils d’un couple d’aubergistes ; époux de J. JAGIELSKA*.

Etant originaire de Sundhouse et n’ayant pas opté pour la France, son père fut intégré dans la qualité de français en 1886. Sa mère était née à Muttersholtz.

La famille s’était établie à Nancy fin 1877 et Jacques fit ses études au lycée de cette ville. Il fut élève de Théodore DEVILLY* et de Jules LARCHER* à l’Ecole municipale des beaux-arts puis se rendit en 1888 à Paris où il fréquenta pendant deux ans l’Ecole nationale des arts décoratifs, obtenant deux premières médailles et le certificat d’aptitude à l’enseignement du dessin dans les lycées et collèges. En 1890, il fut admis à l’Ecole des beaux-arts où il eut pour maîtres Gustave MOREAU, Elie DELAUNAY et Victor GALLAND, précurseur de l’étude le la plante et de ses applications ornementales. Il bénéficiait alors d’une bourse municipale de 1200 F par an. Il ne fit que dix mois de service militaire au 69e RI de Nancy (1892-93) puis devint le collaborateur des frères DAUM à qui il fournit des décors de vases au moins jusqu’en 1897, année où sa connaissance du verre l’incita à s’intéresser à l’art du vitrail. Il fit d’abord réaliser ses projets par le verrier Charles GAUVILLÉ, à Maxéville. Son talent novateur lui valut de nombreuses commandes qui le poussèrent à prendre des collaborateurs (GRANDEMANGE, WALDSCHMIDT*, GEISLER, POUBEL, NACHIN, KOENIG) et à s’installer en 1904 dans un nouvel atelier, rue de la Salle. Sa réputation s’étendit alors hors de la Lorraine et, en 1912, il réalisa la grande verrière des Galeries Lafayette, boulevard Haussmann à Paris. Parallèlement au vitrail, son atelier fabriquait alors du mobilier dont il réalisait les modèles, confiant la réalisation à l’ébéniste Laurent NEISS et au sculpteur Jules CAYETTE. Cette production, proche de celle d’Eugène VALLIN, cessa avec la guerre. Il enseigna aussi la composition décorative à l’Ecole des beaux-arts de Nancy, de 1893 à 1912, et à l’Ecole professionnelle de l’Est. Ce qui lui valut d’être nommé officier d’Académie en 1904 et officier de l’Instruction publique en 1913. Très impliqué dans les activités de l’Ecole de Nancy, il en fut membre du Comité directeur en 1901 et 1904.

Réformé en 1898 pour des problèmes pulmonaires, il se retira à Saint-Georges-de Didonne V(17) en 1914.

Il avait débuté en 1891 à la première exposition de l’Association des Artistes lorrains où il présentait des portraits. Il participa ensuite chaque année au Salon de Nancy (pastels, peintures décoratives, bois sculptés, vitraux) entre 1894 et 1912 sauf en 1903 où il était présent à l’exposition parisienne de l’Ecole de Nancy au pavillon de Marsan. Il prit part aux expositions d’art décoratif lorrain qui se tinrent aux galeries Poirel en 1894 et 1904 ainsi qu’à l’Exposition internationale de l’Est de la France en 1909. Dans les Vosges, on le retrouve aux expositions de Saint-Dié (1894), de Remiremont (1895), de Gérardmer (1896) et d’Epinal (1911). Il figurait aussi à l’exposition de Longwy (1914). A Strasbourg, il participa au palais de Rohan au Salon de la Société des Amis des Arts en 1901, puis en 1908 à l’exposition d’art décoratif de l’Ecole de Nancy où une salle entière lui était consacrée.

Dans la capitale, il présenta des œuvres de verre au Salon des Artistes français en 1906, 1908, 1911 (mention honorable) à 1913. En 1907, son vitrail Algues et plantes aquatiques fut acheté par l’Etat et exposé au Salon l’année suivante. Cette même année 1908, ses vitraux furent présentés dans les galeries du Musée Galliéra à Paris. Il participa aussi à l’Exposition universelle de 1900 et épisodiquement au Salon d’Automne à partir de 1908, en devenant sociétaire en 1911.

En 1895, il était représenté à l’exposition de la Libre Esthétique à Bruxelles puis à l’Exposition internationale de Turin de 1911 où son vitrail Effet du soir lui valut une médaille d’or.

En 1916, il s’installa à Paris, villa d’Alésia dans le quartier de Montparnasse, et, pendant les deux dernières années de la guerre, s’occupa de la décoration du château des Ecrennes (77), propriété de Louis CORBIN. Il reprit son activité de maître-verrier après l’armistice, se renouvelant au contact de l’Art déco. Son atelier produisit encore de nombreuses verrières pour des édifices civils (publics et privés) et religieux, dans toute la France et particulièrement en Lorraine. Il réalisa, entre autres, des vitraux pour la Bourse de Commerce de Montpellier (1921), le casino de Biarritz (1925) et participa même à la décoration du paquebot « Ile-de-France » (lancé en 1926) pour lequel il fut chargé des luminaires.

Il continua ses envois au Salon d’Automne, participa à celui des Artistes décorateurs de 1922 à 1933 et, en 1925, à l’Exposition internationale des Arts décoratifs de Paris où il était président de la classe vitrail et où il décora une douzaine de pavillons. A l’étranger, il présenta ses vitraux à Luxembourg (1921), Madrid (1927), New York (1928), Barcelone (1929). Ce succès ne l’empêcha pas de continuer à exposer à Nancy avec la Société lorraine des Amis des Arts entre 1920 et 1928.

En 1902, il avait épousé Suzanne JAGIELSKA*, rencontrée pendant ses études aux Beaux-Arts de Nancy ; ses témoins étaient Antonin DAUM et Jules LARCHER.

Il est le père du peintre Francis GRUBER (1912 – 1948) et de Jean-Jacques GRUBER (1904 – 1988), verrier et historien d’art qui le seconda à partir de 1925 et reprit à sa mort la direction de l’atelier parisien.

Représentant le plus connu et le plus caractéristique du vitrail Art nouveau au sein de l’Ecole de Nancy, J. GRUBER parvint à un subtil équilibre entre art et industrie. Malgré la fabrication quasi sérielle de certaines verrières, son abondante production est remarquable par sa qualité, en particulier par la profondeur des couleurs, due à la superposition de plusieurs couches de verre colorées et gravées à l’acide, et à l’utilisation de verres américains, chenillés et iridescents. Avant 1914, il créa des compositions mystérieuses et raffinées où dominent motifs végétaux et paysages. Dans l’entre-deux-guerres, il adapta l’Art déco à ses compositions religieuses et aborda des sujets plus modernes comme des scènes ou des paysages industriels. Les couleurs sont alors plus sobres, les lignes deviennent géométriques mais GRUBER continue à innover techniquement en recourant aux verres à reliefs mécaniques fabriqués par Saint-Gobain.

Maître incontesté des techniques verrières, il fut sollicité dans sa période Art nouveau par des architectes comme Georges BIET et par des ébénistes, dont Georges SCHWARTZ, Emile GALLÉ, Louis MAJORELLE et Eugène VALLIN. Il collabora ainsi avec ce dernier en 1904 à l’aménagement intérieur de la maison de campagne d’Eugène CORBIN, propriété dite « La Garenne » (aujourd’hui « Les Eaux bleues »), à Liverdun.

Intéressé par tous les arts décoratifs, il pratiqua l’émail, la sculpture sur bois et réalisa des bois brûlés (expo. de Saint-Dié, 1894). Il fournit des motifs de tentures pour Charles FRIEDRICH*, des modèles de reliures pour René WIENER* (dont Racontars d’un vieux collectionneur de Charles COUSIN, S. de Nancy, 1894 et S. de la SNBA, 1894) et de grès flammé pour Alphonse CYTÈRE, directeur de la Société anonyme des produits céramiques de Rambervillers. Avant d’ouvrir son propre atelier d’ébénisterie en 1904, il conçut des ensembles de mobilier exécutés par Paul WEILLER, Justin FÉREZ, Georges Léon SCHWARTZ. Il réalisa aussi des modèles de sculpture pour la façade de la Chambre de Commerce de Nancy, 40, rue Poincaré, et dessinait régulièrement des affiches, des menus et des programmes pour les imprimeurs nancéiens.

Aujourd’hui quelque peu oubliée, son œuvre de peintre est intéressante dans la mesure où l’on retrouve dans ses toiles ou ses pastels la richesse du coloris et la force expressive de ses verrières, ce qui n’exclut pas une certaine sensibilité mélancolique. Dans ces techniques, il se consacra essentiellement au paysage : environs de Nancy, Auvergne (à partir de 1899), Alsace et pays de Bade (à partir de 1905).

Il ne faut pas oublier ses panneaux décoratifs qui constituent une part non négligeable de son activité. Ainsi, en 1912, il peignit pour les Grandes Brasseries de Charmes une grande toile à personnages pour décorer la brasserie Thiers de Nancy.

Le week- end, un thème, un tableau .

Lilou ( clic) nous demande de nous interesser à l’art nouveau pour ce samedi du mois d’avril .

Je vous propose  » la femme au chat noir  » d’Henri Bergé

Sur fond de paysage boisé une femme dévoile presqu’entièrement sa nudité. Elle laisse sa longue chevelure se fondre dans les plis de son ample drapé. Cette femme aux hanches larges et harmonieuses, à la peau blanche et laiteuse, incarne l’éternel féminin. Les bras relevés exaltent l’opulence de sa poitrine, la rotation du bassin souligne la finesse de la taille. Non seulement le drapé ne cache rien de la sensualité du corps mais il attise le désir par son pouvoir de suggestion.

La femme est assise sur un banc de pierre dont le dossier est orné de feuilles néo – rococo. On aperçoit aussi une vasque emplie de capucines sur un des montants du banc. Un livre est posé ouvert à ses côtés, sa lecture est interrompue par l’insistance caline d’un chat noir juché sur ses épaules . Le contraste est paticulièrement marqué entre la robe noire du félin et le cou blanc nacré de sa maitresse. L’animal au regard envoutant personnifie le besoin de caresses. Cette scène d’un érotisme feutré questionne les rapports entre l’humain et l’animal.

La veine naturaliste est bien présente dans ce vitrail , deux paons et des machaons se trouvent de chaque côté au niveau des angles de l’oeuvre parmi un décor luxuriant de fougères. On peut aussi remarquer une tortue au pied de la jeune femme.

Etude de clématite

Si vous voulez en savoir plus sur l’artiste voici une partie de la fiche élaborée par mon mari.

BERGÉ Henri Marie Joseph

Diarville (54) 1870 – Nancy 1937

Dessinateur, aquarelliste, artiste décorateur, sculpteur, peintre et professeur

Fils d’un fabricant de dentelle qui mourut alors qu’il avait trois mois.

Son père était né à Labeuville (54), sa mère à Diarville.

Après l’Ecole primaire supérieure, il fréquenta de 1886 à 1889 l’Ecole professionnelle de l’Est de la rue des Jardiniers à Nancy. Il entra ensuite à L’Ecole régionale des beaux-arts où il fut l’élève de Jules LARCHER* et obtint plusieurs prix, tout en suivant les cours publics de botanique à l’université de Nancy. En 1890, il réussit à Paris l’examen pour le professorat dans les écoles normales et primaires supérieures. Ses études artistiques furent interrompues par une année de service militaire au 106e RI de Châlons-sur-Marne (1891-92). L’année suivante, il concourut pour le prix Jacquot, y obtenant une mention honorable, avant de compléter sa formation à Paris d’où il revint avec un prix de décorateur et le certificat d’aptitude à l’enseignement du dessin dans les lycées et collèges. Entré chez DAUM en 1895, il succéda peu à peu à Jacques GRUBER* comme responsable de l’atelier « décors peints ». A la fois peintre et projecteur sur verre, il fournit des planches botaniques mais réalisa aussi des modèles de pièces et les poncifs des décors naturalistes qui dominaient dans la production de la célèbre verrerie. On peut lui attribuer nombre des motifs floraux et des paysages utilisés par DAUM à partir de 1897. Cette même année, il épousa à Nancy Joséphine ROUGIEUX, fille d’un ancien boulanger ; Jules LARCHER* et Jacques GRUBER* figuraient parmi les témoins.

De 1895 à 1902, il participa au Salon de Nancy, essentiellement avec des huiles et des pastels : portraits, paysages, scènes de genre. Mais c’est dans le domaine des arts décoratifs que son activité fut la plus intense. Un projet de panneau de porte en ferronnerie qu’il avait réalisé aux Beaux-Arts de Nancy fut présenté en 1908 à l’exposition franco-britannique de Londres. Il fournit des modèles de reliures à René WIENER*, de tissus d’art à Charles FRIDRICH*, de céramiques à Joseph et Pierre MOUGIN. En 1902, il composa les cartons des 22 verrières qui ornaient la guinguette dite « La Cure d’Air Trianon » à Malzéville. A partir de 1905, il dessina des modèles de pâtes de verre animalières exécutées pour DAUM par Amalric WALTER. Quand ce dernier ouvrit son propre atelier après la guerre, BERGÉ poursuivit cette collaboration, avec l’autorisation d’Antonin DAUM pour qui il continua à travailler jusqu’en 1932. Ne renonçant pas à dessiner ou à peindre des fleurs, il prit part en 1932 au Salon de l’art floral organisé galeries Poirel par la Société d’horticulture de Nancy.

BERGÉ était avant tout un remarquable dessinateur dont le graphisme est marqué par une ligne claire. Ses planches botaniques et ses modèles de vases témoignent de sa fidélité quasi scientifique aux formes naturelles et de son refus d’une stylisation marquée, même quand le style Art nouveau aura cédé la place à l’Art déco. Il dessina de nombreux menus ornés, affiches et publicités, imprimés chez Albert BERGERET puis aux Arts graphiques modernes.

Il réalisa aussi quelques ex-libris et fut l’un des fidèles illustrateurs de la revue Le Pays lorrain dès sa fondation en 1904.

Les objets en pâte de verre qu’il conçut pour WALTER (vide-poches, pendentifs, presse-papier, coupes etc.) constituent un véritable bestiaire et allient la perfection des formes à une précision naturaliste qui n’exclut pas la fantaisie.

Il pratiqua lui-même la sculpture, modelant quelques modèles de femmes et d’animaux.

Le portraitiste à l’huile est peu connu. Sa toile conservée au musée de l’Ecole de Nancy témoigne d’une belle technique et d’un sens raffiné du coloris. La touche de ses rares paysages est beaucoup plus libre.

Membre de l’association des Artistes lorrains à partir de 1894, il faisait partie en 1901 du Comité directeur de l’Ecole de Nancy. Il fut de 1896 à 1914 professeur d’art décoratif à l’Ecole professionnelle de l’Est (fondée en 1844 par Henri Loritz sous le nom de pensionnat Callot) et dirigea de 1900 à 1925 l’école de dessin à la verrerie Daum. Il fut aussi professeur de dessin au lycée Poincaré de Nancy pendant la Grande Guerre. Ses fonctions d’enseignant lui valurent d’être nommé officier d’Académie en 1904 (à l’occasion de l’exposition d’art décoratif de Nancy) puis officier de l’Instruction publique en 1933. En tant que collaborateur de DAUM, il avait obtenu une médaille d’argent à l’Exposition universelle de 1900 et un diplôme d’honneur à celle de Bruxelles en 1910.

En 1939, une rétrospective de ses œuvres et de celles d’Henri ROYER* fut organisée aux galeries Poirel dans le cadre du Salon de printemps de l’Association des Artistes lorrains.

De nombreux dessins de plantes (aquarelle, mine de plomb ou/et encre) d’H. BERGÉ sont conservés au Musée des BA de Nancy, au Musée de l’Ecole de Nancy et à la Compagnie française du cristal Daum.

Le week – end, un thème, un tableau

Lilou nous demande de nous intéresser aux oiseaux pour cette quinzaine du mois d’avril .

Je vous propose cette étude d’oiseaux exotiques de Clément Kieffer (1901) crayon, plume et encre brune, aquarelle et gouache .

Des oiseaux exotiques remarquablement observés et représentés . Je n’ai pas réussi à les identifier mais on peut raisonnablement penser à une sorte de pic et à un passereau aux couleurs du loriot . J’aime ce mélange de techniques qui détaille bien toutes les caractéristiques des oiseaux même leur anatomie dans les détails.

Pour en savoir plus sur ce peintre lorrain voici une partie de la fiche de mon mari le concernant .

KIEFFER Clément Marie Louis

Varize (57) 1881 – Metz 1964

Dessinateur, graveur en taille d’épargne et en taille-douce, peintre et professeur de dessin

Fils d’un instituteur issu d’une longue lignée de maîtres d’école ; beau-frère du peintre et architecte Jean-Pierre THIRIOT (Metz 1896 – Metz 1981).

Ses deux parents étaient originaires de Varize.

Attiré par le dessin dès ses études au petit séminaire de Montigny-lès-Metz, il entra en 1900 à l’Ecole des Arts décoratifs de Strasbourg où il eut pour professeurs l’Alsacien Auguste CAMMISSAR et le Berlinois Georges DAUBNER qui lui enseigna l’aquarelle. Il y resta trois ans et, après un retour dans son village natal, s’inscrivit en 1904 à l’Académie de Düsseldorf grâce à une bourse du gouvernement allemand. Il y fut l’élève d’Adolf SCHILL et d’Eduard von GEBHARDT. C’est pendant ce séjour qu’il découvrit MANET et l’impressionnisme français. De retour en Lorraine annexée en 1909, il se rendit l’année suivante à Paris où il rencontra l’industriel d’origine messine Louis GEISLER qui y dirigeait une maison d’édition et lui proposa d’illustrer le Chant Heurlin, épopée rustique du pays messin écrite au XVIIIe siècle. Partageant son temps entre Metz et Varize, il travailla à ce projet qui n’aboutit pas (l’ouvrage ne sera publié qu’en 1924) puis retourna en 1913 dans la capitale où, installé à Montparnasse, il s’inscrivit à l’Académie Delécluse et s’initia à la gravure en taille douce.

Revenu à Metz à la déclaration de guerre, il fut incorporé en février 1915 dans l’armée allemande. Une blessure pendant son instruction lui permit de ne pas être envoyé sur le front. Affecté au camp d’Elsenborn (dans l’Eifel belge), il fut chargé de la surveillance des prisonniers russes dont il fit des portraits au crayon. Après l’armistice, il s’engagea dans l’armée française où il servit jusqu’en 1922 à Ludwigshafen, comme interprète au contrôle postal. Fixé définitivement à Metz, il se consacra à son art et à l’enseignement du dessin, à l’Ecole professionnelle (actuel lycée Louis Vincent) de 1922 à 1940, mais également au collège Saint-Clément, au pensionnat de Peltre et dans son atelier privé, rue d’Asfeld. Marié tardivement en 1926 avec Marie Antoinette THIRIOT, il eut deux fils et devait subvenir aux besoins de sa famille. La seconde annexion durant la dernière guerre fut pour lui une période difficile pendant laquelle il fournit des illustrations pour une série de fascicules d’initiation à la langue allemande destinés aux écoliers, intitulés Wir sprechen Deutsch. Il entra aussi au service des Monuments historiques et dessina des tessons de céramique trouvés lors des fouilles de l’église Saint-Pierre-aux-Nonnains. A la Libération, il devint agent contractuel des Musées de Metz pour lesquels il restaura des tableaux endommagés pendant le conflit avant d’être nommé à la direction de l’Ecole des Arts appliqués de Metz qui s’ouvrit en 1950. Il occupa cette fonction jusqu’à sa retraite en 1956.

Il devint en 1945 membre de l’Académie nationale de Metz qui lui avait attribué en 1931 la médaille de vermeil pour l’ensemble de son œuvre. Il fut nommé officier d’Académie puis chevalier de la Légion d’honneur en 1955.

Il compta parmi ses élèves le dessinateur Jean MORETTE (Valleroy (54) 1911-Batilly (54) 2002) et le peintre Jean-Marie PIROT, dit ARCABAS (Trémery (57) 1926-).

Artiste prolifique mais modeste, C. KIEFFER occupa une place importante dans la vie artistique messine mais exposa relativement peu avant la Première Guerre. Il adhéra à la Société des Arts et Arts décoratifs de Metz dès sa création en 1907 mais ne participa qu’à une exposition de cette société, à Thionville en 1913-14. Auparavant, il avait pris part à Metz à celle de de la Société des artistes lorrains indépendants en 1909 et à celle de l’Association des Artistes lorrains en 1910-11. Il fut en 1925 l’un des fondateurs du Groupement des Artistes mosellans et prit part à ses expositions jusqu’en 1939.

Le musée de Metz lui consacra deux expositions en 1938-39 et 1967.

Son fils Pierre a légué à la municipalité de Varize un fonds important (plus de 2000 pièces) qui est en dépôt aux Archives départementales de la Moselle. En 2002 a été créée l’association « Clément Kieffer, graveur au pays de la Nied » qui a organisé plusieurs expositions :

– 2002 : à l’abbaye de Villers-Bettnach (57)

– 2003 : à la Vieille Maison de Gomelange (57)

– 2005 : à l’Institution de La Salle, à Metz.

En 2006 a été inauguré à Varize l’Espace Clément Kieffer où cette association organise chaque année une exposition thématique.

Le Musée de la Cour d’Or de Metz conserve de nombreuses œuvres de l’artiste.

C. KIEFFER aborda les techniques et les thèmes les plus divers, s’intéressant à tous les aspects de sa région natale : objets usuels, scènes et personnages de l’époque gallo-romaine, portraits de son entourage immédiat dont autoportraits. Mais l’essentiel de son œuvre est consacré aux paysages, au cadre architectural et aux activités quotidiennes de la campagne mosellane. Véritable ethnographe de la vallée de la Nied allemande et du Pays messin, il contribua à « sauvegarder pour la postérité les types et les scènes traditionnels de la vie de la petite patrie, qu’une vertigineuse évolution encore insoupçonnée allait faire disparaître à jamais ». André BELLARD (1964). Ses nombreuses gravures sur bois pour le Dictionnaire des traditions populaires messines du docteur Raphaël de WESTPHALEN font de cette collaboration entre le folkloriste et l’artiste un ouvrage de base de l’ethnologie lorraine.

Il dessina et grava quelques sujets religieux et peignit pour l’église de Varize une grande composition aujourd’hui disparue : Le Christ devant Pilate.

Avant tout dessinateur, il utilisait aussi bien le fusain (en particulier dans les saisissants portraits réalisés à Düsseldorf) que tous les types de crayons, en passant par la plume, parfois agrémentée d’aquarelle ou de lavis d’encre. Son trait à la fois nerveux et précis exprime à merveille l’expression d’un visage ; l’emploi conjugué des hachures et de l’estompe traduit de façon personnelle le jeu de la lumière sur les frondaisons. A partir de 1925, il adopte parfois une stylisation influencée par l’Art déco. Il faut signaler son talent de caricaturiste qui s’exprime dans les dessins de la série Va nate Fanchette où il met en scène de façon satirique une paysanne de son village natal. Il réalisa aussi quelques dessins de circonstance : diplômes, calendriers, almanachs, livre d’or de la Ville de Metz, menu de réception du général Patton en 1945. Son attachement à cette ville s’exprime dans de nombreux dessins et gravures consacrés au patrimoine architectural.

Il mit en effet ses dons de graphiste au service de la gravure et expérimenta toutes les techniques, utilisant le bois (notamment pour l’illustration) et surtout la linogravure pour obtenir des effets de contraste qui rappellent la modernité de Paul Emile COLIN*. Mais il grava aussi en taille douce, le plus souvent sur zinc, moins cher que le cuivre. Il pratiqua le vernis mou, la pointe sèche, l’eau-forte, souvent associée à l’aquatinte y compris en couleur, et s’essaya au burin dans des planches consacrées aux vieux saules, représentés avec une précision hyperréaliste dans leur décor naturel à peine esquissé. Par leur pureté et leur grande maîtrise technique, ces œuvres s’inscrivent dans la grande tradition de la gravure. Il réalisa aussi des ex-libris ainsi que la maquette d’un timbre de 75 centimes édité en 1936 à la mémoire de l’aéronaute messin Pilâtre de Rozier.

Son œuvre peint est plus modeste. Il se révèle un aquarelliste sensible dans des paysages et quelques scènes d’intérieur. Ses rares huiles, de petites dimensions, révèlent « un véritable tempérament de peintre », selon la formule de Gérard COLLOT. Ses premiers portraits se distinguent tantôt par de larges empâtements, tantôt par une touche plus délicate, toujours par un sens aigu de la couleur. Ses paysages plus tardifs sont traités dans des tonalités sombres, presque crépusculaires. Ses autoportraits, brossés avec énergie, révèlent « un regard dont l’intensité perce et met à nu la vérité des êtres ». Régine SCHLÉMAIRE (2006)

Le week end , un thème, un tableau

Fardoise (clic) nous demande de nous intéresser à la renaissance de la nature au printemps pour ces trois samedis du mois de mars.

Je vous propose pour ce dernier samedi, un peu en avance pour Pâques d’autres œufs.

Nid d’oiseau et fleurs de pommier de William Henri Hunt

J’aime beaucoup la douceur de ce tableau suggéré par le choix des couleurs du nid et des fleurs . La façon dont le peintre s’est attaché aux détails pour représenter le nid est saisissante. On a vraiment l’impression de sentir ce duvet et la mousse tapissant le fond du nid où sont installés les œufs. Joli contraste de couleurs avec ces fleurs de pommier déposées sur la terre, le rose faisant écho aux petites taches présentes sur les œufs . Pas de doute le printemps est bien là.

D’autres fleurs peuvent être choisies aussi comme ces primevères jaunes plantées en terre, l’oeil par contre est de suite attiré par le bleu des œufs .

William Henry Hunt (1790 – 1864) est né à Londres. Dans ses premières années, il a surtout peint à l’huile, mais il est ensuite passé à l’aquarelle. Avec ce dernier, il est devenu célèbre et très apprécié en tant qu’artiste. Le jeune Hunt était un enfant très malade. Il souffrait de jambes déformées et était toujours un peu trop petit et faible pour son âge. Il a donc été clair très tôt que le travail normal ou physique ne serait pas une option pour lui. Au lieu de cela, il s’est intéressé à la peinture. À l’âge de 14 ans, il commence sa formation artistique avec le peintre John Valery, avec lequel il restera étudiant pendant environ sept ans. Un autre étudiant bien connu de Valey, avec lequel Hunt s’est lié d’amitié, était John Linnell.

Avec Linnell, le jeune Hunt aimait se rendre dans les villes environnantes de Londres pour se rapprocher. En raison de sa condition physique, Hunt n’a pas pu parcourir de longues distances. Ils ont donc choisi des endroits faciles d’accès pour lui. Hunt a travaillé avec Linnell pendant plusieurs années. Plus tard, il rencontre Thomas Monro, un médecin et collectionneur d’art renommé. Son amitié avec Monro est devenue de plus en plus étroite au fil du temps. L’influent mécène a même invité Hunt à vivre et à peindre avec lui pendant un mois. Il était même prêt à payer Hunt pour les croquis qu’il y avait faits. L’entrée de Hunt dans la peinture à l’aquarelle a été plutôt hésitante. Mais bientôt, il a développé un bon instinct et est considéré comme l’un des fondateurs de l’école anglaise de peinture à l’aquarelle.

Les motifs étaient souvent très simples et non agités, mais ils convainquaient par une représentation très réaliste et en même temps délicate de ses motifs. Par exemple, il a peint divers nids d’oiseaux avec tant de détails qu’il a été surnommé « Nid d’oiseau ». Ses contemporains l’appelaient le maître de la nature morte. Sa phase la plus active se situe dans les années 1830 jusqu’au milieu des années 1850 environ. Pendant cette phase, Hunt a été si productif que jusqu’à 30 de ses tableaux ont parfois été exposés en même temps. Parmi les œuvres caractéristiques de Hunt, on peut citer « Garçon avec une chèvre », « Primroses et nids d’oiseaux » ou « Tarte de Noël ». Il est mort à l’âge de 73 ans des suites d’une attaque cérébrale.

Le week – end, un thème, un tableau

Fardoise (clic) nous demande de nous intéresser à la renaissance de la nature au printemps pour ces trois samedis du mois de mars.

Je vous propose ces arbres en fleurs et communiants de Jean Monchablon

Le chemin qu’empruntent cette femme et les communiantes est bordé de magnifiques arbres fleuris. Le vert de l’herbe se décline aussi en de subtiles nuances avec le jeu des ombres et de la lumière . J’aime beaucoup cette atmosphère à la fois paisible mais aussi pleine de vie et de luminosité.

Pour en savoir plus sur ce peintre, je partage une partie de la fiche de mon mari.

JAN-MONCHABLON Jean-Baptiste MONCHABLON, dit

Châtillon-sur-Saône (88) 1854 – Châtillon-sur-Saône 1904

Peintre

Fils d’un officier de santé (médecin non titulaire du doctorat).

Ses deux parents nés dans le Sud meusien, son père à Bar-le-Duc, sa mère à Rupt-aux-Nonains.

On ne sait pourquoi il fit sa scolarité primaire dans une pension catholique de Nantes. On ignore également quelles études il poursuivit jusqu’à sa nomination comme professeur au collège de Quimper en 1875. Etait-il professeur de dessin ? La nomination à ce poste du peintre breton Jean-Marie VILLARD en 1877 n’éclaire pas ce point obscur. En 1881, il se rendit à Paris où il fut l’élève de Jean-Paul LAURENS à l’Académie Julian puis d’Alexandre CABANEL en 1883-84, sans doute aux cours du soir des Beaux-Arts car il ne figure pas sur les registres de l’école. En 1886, un voyage en Hollande conforta sa vocation de paysagiste et sa visite à Leyde lui fit apprécier la « peinture fine » des maîtres anciens. Trois ans plus tard, il finit par épouser dans la capitale Fanny JULIEN (née à Quimperlé en 1856), fille d’un musicien également accordeur de piano qu’il avait rencontrée à Quimper. Depuis le milieu des années 1880, il partageait son temps entre Paris et Châtillon où il passait la plus grande partie de l’année et où il fit construire une maison bourgeoise avec vaste atelier. Outre la peinture, il y chassait et cultivait la vigne. La tradition prétend qu’il mourut brutalement pendant une partie de cartes. Resté sans descendance, il fut inhumé dans son village natal.

Son marchand américain Roland F. KNOEDLER, devenu son ami, fit exécuter à ses frais un monument surmonté d’un buste en bronze exécuté par le sculpteur BOURDELLE. Inauguré à Châtillon en 1909, ce buste fut fondu par les Allemands pendant la dernière guerre.

Après le décès de son épouse en 1913, une vente de ses œuvres eut lieu à l’Hôtel Drouot en avril de l’année suivante.

Outre quelques envois à des expositions de province comme Toulouse et Dijon, il participa régulièrement au Salon parisien entre 1881 et 1904, adoptant dès 1882 le pseudonyme de JAN-MONCHABLON afin d’éviter la confusion avec Alphonse MONCHABLON. Il y obtint une mention honorable en 1885 pour La roche verte qui fut achetée par l’Etat. Ses participations aux expositions universelles de 1889 et 1900 lui valurent des médailles d’argent, complétées en 1898 par une médaille d’or à l’exposition internationale de Vienne. Il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1895. Dès 1890, il avait fait une exposition particulière à l’ARL (Association of Research Libraries) de New York puis participa en 1893 à l’exposition universelle de Chicago. En effet, grâce à un ami d’Epinal ayant des relations commerciales avec les Etats-Unis, il était entré en contact avec la maison Knoedler & Cie qui, outre son magasin parisien, avait des agences à New York et à Londres. C’est ainsi qu’il vendit de nombreuses œuvres outre-Atlantique où il était et demeure plus connu qu’en France.

Malgré son attachement à sa Vôge natale, MONCHABLON exposa peu en Lorraine, ne prenant part au Salon de Nancy qu’en 1886 et 1893. Ce n’est qu’en 1908 que quatre de ses toiles furent présentées à l’exposition d’Epinal dans la section rétrospective. L’absence de la moindre mention de son décès dans la presse vosgienne s’explique par le caractère original et indépendant de l’artiste. Franc-maçon, fervent républicain et polémiste, il s’opposa à plusieurs reprises à la municipalité de Châtillon, notamment à propos de la dégradation du milieu naturel qui lui était si cher. Ecologiste avant l’heure, il se rapproche ainsi des préoccupations des peintres de Barbizon luttant pour la préservation de la forêt de Fontainebleau ou de MONET s’opposant à la coupe de peupliers au bord de l’Epte.

A l’exception de quelques portraits et scènes de genre, il peignit exclusivement des paysages de sa campagne natale, limitant son champ d’action à un rayon de cinq kilomètres autour de

Châtillon, au confluent de la Saône et de l’Apance. Signalons tout de même quelques vues de Normandie et de la forêt de Fontainebleau ainsi qu’un paysage d’Algérie présenté au Salon de 1893 qui laisse supposer un voyage de l’artiste, sans doute en compagnie de son ami André BROUILLET, témoin à son mariage et lui-même marié à une riche Constantinoise.

JAN-MONCHABLON peint une campagne sereine qui semble ignorer les hivers et les aléas météorologiques. Coloriste sobre et subtil, sensible aux effets de lumière sans jamais rechercher le spectaculaire, il représente champs vallonnés, grasses prairies et villages paisibles avec une grande précision et un sens de l’espace ainsi résumés par Paul CHEVREUX : « Jamais personne n’avait compris le paysage de cette façon, avec une largeur d’horizon et ce fini du détail qui donne tout à fait l’idée vraie de la nature » (1889).

Certains critiques comme Georges LAFENESTRE lui ont reproché sa technique trop minutieuse : « Ces ouvrages au petit point restent ternes et glacés, malgré ou à cause de tant d’efforts, et c’est grand dommage, car l’auteur y accumule une grosse somme d’études, de sincérité, de talent » (1890). Cette tendance est à rapprocher de son vif intérêt pour la photographie.

Le week – end, un thème, un tableau

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Je vous propose ce  » premier soleil  » ( 1882) de Camille Martin

Une jeune femme profite du soleil pour coudre en extérieur, habillée d’une blouse blanche et d’une jupe sur laquelle est noué un tablier, elle ravaude ce qui semble être une couverture. Mais le risque de gelée est encore là si l’on en croit les cloches de verre visibles au sol, il faut encore protéger les jeunes plans. On peut cependant remarquer qu’une d’entre elles est renversée donc inutile. C’est au dix neuvième siècle qu’elles apparaissent et servent de mini – serre individuelle.

En remontant vers la maison les pommiers ou poiriers sont en fleurs, ils ponctuent de blanc le vert de l’herbe et l’ocre de la terre. Le printemps est bien là à portée de notre regard .

Pour en savoir plus voici une partie de la fiche réalisée par mon mari.

MARTIN Camille Joseph Emmanuel

Nancy 1861 – Nancy 1898

Décorateur, peintre, dessinateur, graveur en taille-douce et sur bois, sculpteur et professeur de peinture

Fils d’un sculpteur ornemaniste né à Nancy et d’une brodeuse.

Sa mère était née à Paris de parents originaires du Loir-et-Cher.

Son père, auteur de sculptures pour la basilique Saint-Epvre et collaborateur occasionnel d’Emile GALLÉ, présenta au Salon de Nancy, en 1888 et 1890, plusieurs bustes en marbre exécutés d’après des modèles de Mathias SCHIFF*.

C’est donc logiquement que le jeune Camille fréquenta à partir de 1875 l’Ecole municipale de dessin de Nancy où il suivit l’enseignement de Théodore DEVILLY*. Il y obtint plusieurs médailles et se lia d’amitié avec Emile FRIANT*, Victor PROUVÉ* et Mathias SCHIFF. En 1881, il fut le premier lauréat du prix Jacquot pour le dessin d’une coupe en bronze. Dotée d’une bourse annuelle de 1600 F, cette récompense lui permit d’étudier pendant trois ans à l’Ecole nationale des Arts décoratifs, dans l’atelier du peintre et décorateur Edmond LECHEVALLIER-CHEVIGNARD. Il s’inscrivit aussi aux cours libres de l’Ecole nationale des beaux-arts. De retour à Nancy en 1884, il aménagea son atelier rue Isabey puis dans la serre de la maison familiale, rue de Boudonville. C’est alors qu’il se lia d’amitié avec le Japonais Hokkai TAKASHIMA* pour qui il obtint du gouvernement français la commande de dix panneaux pour l’Ecole nationale de céramique de Limoges. Cette réalisation valut aux deux artistes d’être nommés officiers d’Académie en 1887. Quatre ans plus tard, C. MARTIN ouvrit rue de Strasbourg un atelier ouvert aux amateurs qui fut fréquenté par Constant SADLER*, Jean de JOYBERT* et Lydie NEUKOMM* qui avait été son élève avant de participer au Salon de Nancy en 1888. Ami des principaux acteurs de l’Ecole de Nancy, il était témoin au mariage de Louis GUINGOT* en 1892. Lui-même marié avec Marie Rosalie DEMANGEOT, il divorça en 1889 et resta sans descendance. Très attaché à sa ville natale, il céda cependant à la tentation des voyages : il découvrit Venise en 1884 puis se rendit en Islande à bord d’un bateau de pêche en 1888, année où il séjourna aussi en Egypte, pays qui le marqua et lui inspira des gravures. Il se rendait régulièrement à Paris et, à la fin des années 1880, visita la Savoie et la Haute-Normandie. Il projetait un voyage au Japon pour rendre visite à TAKASHIMA* quand il décéda prématurément d’une maladie de cœur. Son décès fut déclaré par le sculpteur Ernest BUSSIÈRE et il fut inhumé au cimetière de Préville.

Il participa au Salon de Nancy entre 1882 et 1897, avec des huiles jusqu’en 1892, avec des œuvres décoratives ensuite. Membre du comité de l’Association des Artistes lorrains dès sa fondation en 1892, il présenta dix-sept œuvres (essentiellement des études) à la première exposition de cette société. Il figurait en 1891 à l’exposition de Bar-le-Duc et présenta une affiche à l’exposition de Saint-Dié en 1894. Il prit part avec des huiles au Salon des Artistes français de 1884 à 1891, obtenant une mention honorable en 1886 et 1891. Dès sa première participation, son Coin d’atelier fut acheté par l’Etat. A partir de 1886 il exposa au Salon sous le nom de CAMILLE-MARTIN pour éviter la confusion avec plusieurs homonymes. Il présenta en 1885 un dessin de projet décoratif à la première exposition internationale « Blanc et Noir » qui se tint au Louvre. De 1893 à 1898, il prit part avec des réalisations en cuir au Salon de la SNBA dont il devint sociétaire en 1895, année où il participa avec un buvard en cuir ciselé au Salon de la Libre Esthétique de Bruxelles.

Il figurait bien évidemment à l’exposition d’art décoratif qui se tint aux Galeries Poirel de Nancy en 1894 mais aussi, à titre posthume, avec des reliures, à l’exposition d’art décoratif lorrain organisée à Paris en 1903, au pavillon de Marsan.

Après une exposition rétrospective à la salle Poirel en mars 1899 (près de 350 œuvres dont 88 peintures), son œuvre fut vendue et dispersée.

Une autre rétrospective lui a été consacrée en 2010 au musée de l’Ecole de Nancy : « Camille Martin artiste de l’Ecole de Nancy : Le sentiment de la nature ».

Ce même musée organisa en 2006 l’exposition « L’art japonais ou la reliure selon Victor Prouvé et Camille Martin

C. MARTIN pratiquait l’huile et l’aquarelle. Sa première toile connue, une nature morte datée de 1878, est remarquable par le rendu des matières et le jeu de la lumière. Il peignit ensuite des portraits et des scènes de genre, dont des intérieurs d’atelier et quelques scènes de la vie militaire, mais se consacra surtout au paysage. Ses vues de Paris ou de Nancy se caractérisent par une certaine austérité, alors que, dans ses paysages ou scènes de genre ayant pour cadre la campagne, sa touche est beaucoup plus libre, dans la lignée de l’impressionnisme. Il consacra une série de toiles à la forêt vosgienne, ce qui lui valut le surnom de « peintre populaire du sapin ». Il y fait preuve d’une grande sobriété en accord avec la sévère sérénité des lieux, que renforce un cadrage serré inspiré de l’art japonais. Il abandonna la peinture à l’huile à partir de 1892 quand le travail du cuir devint sa principale activité. Ses aquarelles sont consacrées au paysage et aux études de plantes dont la composition épurée révèle une fois encore l’influence de TAKASHIMA, notamment celles destinées à l’herbier de la fille unique de René WIENER, Mysette. Son utilisation de l’aquarelle pour ses projets décoratifs est bien évidemment moins spontanée.

Pour conclure, il convient de souligner son rapport à la nature : « La sensibilité de Camille Martin à l’égard de la nature est en particulier manifeste dans ses projets graphiques, permettant d’établir un parallèle avec l’art japonais. Une réelle poésie, souvent teintée de mélancolie, s’affirme dans toute son œuvre, mise en valeur par une sûreté du trait et une évidente maîtrise technique ». Valérie THOMAS (2010)

Le week – end , un thème , un tableau

Fardoise (clic) nous demande de nous intéresser aux vases dans les tableaux , celui qui sublime les fleurs .

Je vous propose ce vase de fleurs sur une table de Suzanne Valadon

Le vase est présenté sur une petite table juste à côté d’une étoffe dont on ignore tout. Le bouquet qu’il contient arbore des fleurs aux couleurs chaudes qui viennent égayer cet endroit plutôt austère . Le côté pompon , vaporeux contrastant avec le tracé net du vase . Le feuillage vert est pratiquement absent sur ce tableau.

Suzanne Valadon a représenté de nombreux bouquets de fleurs , j’ai eu l’occasion d’en voir quelques uns au Centre Pompidou Metz. Ci – dessous devant une draperie multicolore un autre vase avec des tulipes est mis en valeur par l’artiste sur un guéridon.

Ci – dessous un autre vase disposé cette fois devant une porte et des panneaux de bois clairs avec un bouquet lumineux où la verdure est nettement plus présente, on peut même y reconnaitre des fougères.

Trois vases, trois bouquets tous différents et pas seulement par le contenu du bouquet mais aussi par la façon dont Suzanne Valadon les peint . Fortement influencée par le cloisonnisme de Gauguin, elle applique souvent un cerne noir autour de ses couleurs appuyées. Elle utilise plusieurs pinceaux et brosses en même temps qu’elle tient dans ses mains ou entre ses dents. Degas décèle très vite chez Suzanne Valadon un véritable talent, disant à son propos qu’elle possède « un trait souple et dur ».

Pour en savoir plus sur Suzanne Valadon née Marie Clémentine Valadon le 23 septembre 1865 un clic ici

Le week – end, un thème , un tableau

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Je vous propose ce samedi le vase de Paul Martignon

Il n’a peut être pas la classe d’un vase d’Emile Gallé mais je trouve qu’il se marie parfaitement avec ce bouquet, les touches de blanc et bleu en osmose avec celles des corolles des fleurs.

Pour en savoir plus sur ce peintre lorrain, voici la fiche élaborée par mon mari.

MARTIGNON Paul

Rozérieulles (57) 1870 – Saint-Canat (13) 1943

Peintre-décorateur, peintre et peintre sur céramique

Fils d’un carrier.

Ses deux parents étaient nés à Rozérieulles.

Venu tôt à Nancy, il s’y installa pour échapper au service militaire dans l’armée allemande. Il fut l’élève de Jules LARCHER à l’Ecole régionale des beaux-arts et devint décorateur aux établissements MAJORELLE. Il s’associa au début des années 1890 avec Henry MACLOT pour fonder un atelier de décoration situé rue Jeanne d’Arc. L’entreprise « Maclot et Martignon » connut la prospérité pendant toute la période de l’Art nouveau et reçut de nombreuses commandes, notamment pour des établissements de restauration et d’hôtellerie, même après le départ de MACLOT en 1910. Il avait épousé à Nancy en 1896 Marie Emélie LABROSSE, fille d’un maçon née à Frouard. Il se rendit à Paris au début de la Première Guerre mondiale et se réfugia près d’Aix-en-Provence pendant la Seconde. Sa vie et son activité dans l’entre-deux-guerres sont mal connues. Il revint à Nancy après l’armistice mais séjournait régulièrement à Rozérieulles comme en témoigne un accident relaté par Le Lorrain en juillet 1930. Il fut inhumé dans son village natal où il séjournait régulièrement pendant son séjour nancéien comme en témoignent deux faits divers (une disparition et un accident) relatés dans la presse régionale en janvier 1899 et en juillet 1930.

Outre son activité de décorateur, MARTIGNON peignait aussi des tableaux de chevalet qu’il présenta au Salon de Nancy entre 1892 et 1907 ainsi qu’aux expositions de Bar-le-Duc (1891), de Saint-Dié (1891 et 1894) et de Gérardmer (1896). Il adhéra à l’Association des Artistes lorrains et participa à ses expositions dès 1891. Il présentait parfois sous le nom de « Maclot et Martignon » des œuvres réalisées conjointement avec son collaborateur, notamment en 1907, à la première exposition de la Société des Arts et Arts décoratifs de Metz. Après l’armistice, il prit part en 1920 à l’Exposition nationale de Metz et adhéra en 1925 au Groupement des Artistes mosellans.

Son activité de peintre sur céramique est attestée par une exposition en 1891 chez Duon, rue Raugraff à Nancy, et par des plats en faïence grand feu présentés la même année à l’exposition de Saint-Dié où figuraient aussi un écran rocaille en vernis Martin et une petite table décorée de peintures Boucher.

Amateur de pêche et de champignons, il s’inspira largement de la nature. Il peignit à l’huile des natures mortes de fleurs remarquables par leur velouté ainsi que des paysages des Vosges et des environs de Nancy, avec une prédilection pour les vastes espaces.

Le Musée des Beaux-Arts de Nancy possède un dossier le concernant, dont un manuscrit daté de 1928 dû à Roger CLÉMENT, ancien conservateur du musée de Metz. Ce document, repris dans le quotidien messin Le Lorrain, contient quelques éléments biographiques mais constitue surtout un hommage au peintre décorateur : « M. Paul Martignon a un sens grandiose de la décoration et ses conceptions architecturales sont admirablement accompagnées d’un autre don que j’appellerai « la science de la fleur », qu’il possède au suprême degré. […] Il aurait pu devenir un grand barbouilleur officiel, grassement payé et décoré. Il n’y a point consenti, il a voulu rester lui-même, indépendant, sincère. »

Outre ses commandes décoratives, il réalisa des panneaux aujourd’hui disparus pour plusieurs bâtiments de Rozérieulles dont l’ancienne Maison de justice (sa maison natale) et le Café Jeanne d’Arc.

Un autre vase de cet artiste .