Le week end, un thème, un tableau.

Lilou ( clic) nous demande de nous interesser à l’art nouveau pour ce samedi du mois d’avril .

J’ai encore craqué pour un vitrail, celui des roses et mouettes à la viorne obier de Jacques Gruber qui se trouve à la maison Majorelle de Nancy.

La structure métallique dessine des branchages symétriques ouvrant sur une mer agitée au dessus de laquelle planent des mouettes. Cette végétation exhubérante est constituée de rosiers en fleur, les roses étant vertes ou beiges, les feuilles de couleur jaune d’or à brune . L’association de ces rosiers avec un paysage marin au bleu intense peut surprendre, mais d’un point de vue esthétique la complémentarité séduit. Le contraste du bleu du ciel et de la mer avec la douceur des feuillages et des roses souligne la perfection de l’exécution pour cette utilisation simultanée de la peinture sur verre et de la gravure à l’acide.

Pour en savoir plus sur cet artiste, je partage une partie de la fiche rédigée par mon mari.

GRUBER Jacques

Sundhouse (67) 1870 – Paris (14e) 1936

Peintre sur verre, maître-verrier, décorateur, peintre et professeur

Fils d’un couple d’aubergistes ; époux de J. JAGIELSKA*.

Etant originaire de Sundhouse et n’ayant pas opté pour la France, son père fut intégré dans la qualité de français en 1886. Sa mère était née à Muttersholtz.

La famille s’était établie à Nancy fin 1877 et Jacques fit ses études au lycée de cette ville. Il fut élève de Théodore DEVILLY* et de Jules LARCHER* à l’Ecole municipale des beaux-arts puis se rendit en 1888 à Paris où il fréquenta pendant deux ans l’Ecole nationale des arts décoratifs, obtenant deux premières médailles et le certificat d’aptitude à l’enseignement du dessin dans les lycées et collèges. En 1890, il fut admis à l’Ecole des beaux-arts où il eut pour maîtres Gustave MOREAU, Elie DELAUNAY et Victor GALLAND, précurseur de l’étude le la plante et de ses applications ornementales. Il bénéficiait alors d’une bourse municipale de 1200 F par an. Il ne fit que dix mois de service militaire au 69e RI de Nancy (1892-93) puis devint le collaborateur des frères DAUM à qui il fournit des décors de vases au moins jusqu’en 1897, année où sa connaissance du verre l’incita à s’intéresser à l’art du vitrail. Il fit d’abord réaliser ses projets par le verrier Charles GAUVILLÉ, à Maxéville. Son talent novateur lui valut de nombreuses commandes qui le poussèrent à prendre des collaborateurs (GRANDEMANGE, WALDSCHMIDT*, GEISLER, POUBEL, NACHIN, KOENIG) et à s’installer en 1904 dans un nouvel atelier, rue de la Salle. Sa réputation s’étendit alors hors de la Lorraine et, en 1912, il réalisa la grande verrière des Galeries Lafayette, boulevard Haussmann à Paris. Parallèlement au vitrail, son atelier fabriquait alors du mobilier dont il réalisait les modèles, confiant la réalisation à l’ébéniste Laurent NEISS et au sculpteur Jules CAYETTE. Cette production, proche de celle d’Eugène VALLIN, cessa avec la guerre. Il enseigna aussi la composition décorative à l’Ecole des beaux-arts de Nancy, de 1893 à 1912, et à l’Ecole professionnelle de l’Est. Ce qui lui valut d’être nommé officier d’Académie en 1904 et officier de l’Instruction publique en 1913. Très impliqué dans les activités de l’Ecole de Nancy, il en fut membre du Comité directeur en 1901 et 1904.

Réformé en 1898 pour des problèmes pulmonaires, il se retira à Saint-Georges-de Didonne V(17) en 1914.

Il avait débuté en 1891 à la première exposition de l’Association des Artistes lorrains où il présentait des portraits. Il participa ensuite chaque année au Salon de Nancy (pastels, peintures décoratives, bois sculptés, vitraux) entre 1894 et 1912 sauf en 1903 où il était présent à l’exposition parisienne de l’Ecole de Nancy au pavillon de Marsan. Il prit part aux expositions d’art décoratif lorrain qui se tinrent aux galeries Poirel en 1894 et 1904 ainsi qu’à l’Exposition internationale de l’Est de la France en 1909. Dans les Vosges, on le retrouve aux expositions de Saint-Dié (1894), de Remiremont (1895), de Gérardmer (1896) et d’Epinal (1911). Il figurait aussi à l’exposition de Longwy (1914). A Strasbourg, il participa au palais de Rohan au Salon de la Société des Amis des Arts en 1901, puis en 1908 à l’exposition d’art décoratif de l’Ecole de Nancy où une salle entière lui était consacrée.

Dans la capitale, il présenta des œuvres de verre au Salon des Artistes français en 1906, 1908, 1911 (mention honorable) à 1913. En 1907, son vitrail Algues et plantes aquatiques fut acheté par l’Etat et exposé au Salon l’année suivante. Cette même année 1908, ses vitraux furent présentés dans les galeries du Musée Galliéra à Paris. Il participa aussi à l’Exposition universelle de 1900 et épisodiquement au Salon d’Automne à partir de 1908, en devenant sociétaire en 1911.

En 1895, il était représenté à l’exposition de la Libre Esthétique à Bruxelles puis à l’Exposition internationale de Turin de 1911 où son vitrail Effet du soir lui valut une médaille d’or.

En 1916, il s’installa à Paris, villa d’Alésia dans le quartier de Montparnasse, et, pendant les deux dernières années de la guerre, s’occupa de la décoration du château des Ecrennes (77), propriété de Louis CORBIN. Il reprit son activité de maître-verrier après l’armistice, se renouvelant au contact de l’Art déco. Son atelier produisit encore de nombreuses verrières pour des édifices civils (publics et privés) et religieux, dans toute la France et particulièrement en Lorraine. Il réalisa, entre autres, des vitraux pour la Bourse de Commerce de Montpellier (1921), le casino de Biarritz (1925) et participa même à la décoration du paquebot « Ile-de-France » (lancé en 1926) pour lequel il fut chargé des luminaires.

Il continua ses envois au Salon d’Automne, participa à celui des Artistes décorateurs de 1922 à 1933 et, en 1925, à l’Exposition internationale des Arts décoratifs de Paris où il était président de la classe vitrail et où il décora une douzaine de pavillons. A l’étranger, il présenta ses vitraux à Luxembourg (1921), Madrid (1927), New York (1928), Barcelone (1929). Ce succès ne l’empêcha pas de continuer à exposer à Nancy avec la Société lorraine des Amis des Arts entre 1920 et 1928.

En 1902, il avait épousé Suzanne JAGIELSKA*, rencontrée pendant ses études aux Beaux-Arts de Nancy ; ses témoins étaient Antonin DAUM et Jules LARCHER.

Il est le père du peintre Francis GRUBER (1912 – 1948) et de Jean-Jacques GRUBER (1904 – 1988), verrier et historien d’art qui le seconda à partir de 1925 et reprit à sa mort la direction de l’atelier parisien.

Représentant le plus connu et le plus caractéristique du vitrail Art nouveau au sein de l’Ecole de Nancy, J. GRUBER parvint à un subtil équilibre entre art et industrie. Malgré la fabrication quasi sérielle de certaines verrières, son abondante production est remarquable par sa qualité, en particulier par la profondeur des couleurs, due à la superposition de plusieurs couches de verre colorées et gravées à l’acide, et à l’utilisation de verres américains, chenillés et iridescents. Avant 1914, il créa des compositions mystérieuses et raffinées où dominent motifs végétaux et paysages. Dans l’entre-deux-guerres, il adapta l’Art déco à ses compositions religieuses et aborda des sujets plus modernes comme des scènes ou des paysages industriels. Les couleurs sont alors plus sobres, les lignes deviennent géométriques mais GRUBER continue à innover techniquement en recourant aux verres à reliefs mécaniques fabriqués par Saint-Gobain.

Maître incontesté des techniques verrières, il fut sollicité dans sa période Art nouveau par des architectes comme Georges BIET et par des ébénistes, dont Georges SCHWARTZ, Emile GALLÉ, Louis MAJORELLE et Eugène VALLIN. Il collabora ainsi avec ce dernier en 1904 à l’aménagement intérieur de la maison de campagne d’Eugène CORBIN, propriété dite « La Garenne » (aujourd’hui « Les Eaux bleues »), à Liverdun.

Intéressé par tous les arts décoratifs, il pratiqua l’émail, la sculpture sur bois et réalisa des bois brûlés (expo. de Saint-Dié, 1894). Il fournit des motifs de tentures pour Charles FRIEDRICH*, des modèles de reliures pour René WIENER* (dont Racontars d’un vieux collectionneur de Charles COUSIN, S. de Nancy, 1894 et S. de la SNBA, 1894) et de grès flammé pour Alphonse CYTÈRE, directeur de la Société anonyme des produits céramiques de Rambervillers. Avant d’ouvrir son propre atelier d’ébénisterie en 1904, il conçut des ensembles de mobilier exécutés par Paul WEILLER, Justin FÉREZ, Georges Léon SCHWARTZ. Il réalisa aussi des modèles de sculpture pour la façade de la Chambre de Commerce de Nancy, 40, rue Poincaré, et dessinait régulièrement des affiches, des menus et des programmes pour les imprimeurs nancéiens.

Aujourd’hui quelque peu oubliée, son œuvre de peintre est intéressante dans la mesure où l’on retrouve dans ses toiles ou ses pastels la richesse du coloris et la force expressive de ses verrières, ce qui n’exclut pas une certaine sensibilité mélancolique. Dans ces techniques, il se consacra essentiellement au paysage : environs de Nancy, Auvergne (à partir de 1899), Alsace et pays de Bade (à partir de 1905).

Il ne faut pas oublier ses panneaux décoratifs qui constituent une part non négligeable de son activité. Ainsi, en 1912, il peignit pour les Grandes Brasseries de Charmes une grande toile à personnages pour décorer la brasserie Thiers de Nancy.

Publié par

giselefayet

Mots , images , mouvements, impressionnent ma plaque sensible et la communication en est le révélateur le plus puissant . Citation favorite : " Être libre ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaines , c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres." Nelson Mandela

23 réflexions au sujet de “Le week end, un thème, un tableau.”

  1. Ton choix est superbe Jazzy, et je comprends que tu aies craqué !
    Jacques Gruber, comme maître verrier, ébéniste et décorateur est l’un grand dans le domaine de l’art nouveau. Sa production de vitraux est magnifique, et nous avons hérité en Bretagne, pour les verrières de la cathédrale de Saint-Samson à Dol de Bretagne.
    Dans ses œuvres de vitraux, j’aime tout particulièrement celui-ci :
    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b9/Vitrail-Jacques-Gruber-musee-de-la-biere-Saint-Nicolas-de-Port-serveur.jpg/800px-Vitrail-Jacques-Gruber-musee-de-la-biere-Saint-Nicolas-de-Port-serveur.jpg
    Bises et bon samedi – Zaza

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  2. Bonjour Gisèle magnifique vitrail, un très bon choix, je dois toujours aller visiter le musée du Vitrail à Troyes , il est ouvert de nouveau. Bisous bonne journée MTH

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  3. magnifique vitrail ! Et aussi très belle affiche !

    merci pour tes explications et la fiche de ta moitié,!!!

    Bonne journée Gisèle bisous

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  4. L’historique de ce maître verrier est remarquable. Ses œuvres resteront je l’espère, éternelles, elles sont si belles, comme cette œuvre que j’ai admirée en détail.
    J’ai toujours adoré les vitraux, surtout ceux qui décorent les grandes maisons. Ceux de la « Belle Epoque » sont les plus beaux pour moi.
    Bisous Jazzy

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  5. Que d’infos sur cet artiste, magnifique oeuvre si colorée!

    C’est encore un endroit que nous pourrions visiter avec la « joyeuse équipe »…

    Bises du jour

    Mireille du sablon

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