Le week- end, un thème, un tableau .

Lilou ( clic) nous demande de nous interesser à l’art nouveau pour ce samedi du mois d’avril .

Je vous propose  » la femme au chat noir  » d’Henri Bergé

Sur fond de paysage boisé une femme dévoile presqu’entièrement sa nudité. Elle laisse sa longue chevelure se fondre dans les plis de son ample drapé. Cette femme aux hanches larges et harmonieuses, à la peau blanche et laiteuse, incarne l’éternel féminin. Les bras relevés exaltent l’opulence de sa poitrine, la rotation du bassin souligne la finesse de la taille. Non seulement le drapé ne cache rien de la sensualité du corps mais il attise le désir par son pouvoir de suggestion.

La femme est assise sur un banc de pierre dont le dossier est orné de feuilles néo – rococo. On aperçoit aussi une vasque emplie de capucines sur un des montants du banc. Un livre est posé ouvert à ses côtés, sa lecture est interrompue par l’insistance caline d’un chat noir juché sur ses épaules . Le contraste est paticulièrement marqué entre la robe noire du félin et le cou blanc nacré de sa maitresse. L’animal au regard envoutant personnifie le besoin de caresses. Cette scène d’un érotisme feutré questionne les rapports entre l’humain et l’animal.

La veine naturaliste est bien présente dans ce vitrail , deux paons et des machaons se trouvent de chaque côté au niveau des angles de l’oeuvre parmi un décor luxuriant de fougères. On peut aussi remarquer une tortue au pied de la jeune femme.

Etude de clématite

Si vous voulez en savoir plus sur l’artiste voici une partie de la fiche élaborée par mon mari.

BERGÉ Henri Marie Joseph

Diarville (54) 1870 – Nancy 1937

Dessinateur, aquarelliste, artiste décorateur, sculpteur, peintre et professeur

Fils d’un fabricant de dentelle qui mourut alors qu’il avait trois mois.

Son père était né à Labeuville (54), sa mère à Diarville.

Après l’Ecole primaire supérieure, il fréquenta de 1886 à 1889 l’Ecole professionnelle de l’Est de la rue des Jardiniers à Nancy. Il entra ensuite à L’Ecole régionale des beaux-arts où il fut l’élève de Jules LARCHER* et obtint plusieurs prix, tout en suivant les cours publics de botanique à l’université de Nancy. En 1890, il réussit à Paris l’examen pour le professorat dans les écoles normales et primaires supérieures. Ses études artistiques furent interrompues par une année de service militaire au 106e RI de Châlons-sur-Marne (1891-92). L’année suivante, il concourut pour le prix Jacquot, y obtenant une mention honorable, avant de compléter sa formation à Paris d’où il revint avec un prix de décorateur et le certificat d’aptitude à l’enseignement du dessin dans les lycées et collèges. Entré chez DAUM en 1895, il succéda peu à peu à Jacques GRUBER* comme responsable de l’atelier « décors peints ». A la fois peintre et projecteur sur verre, il fournit des planches botaniques mais réalisa aussi des modèles de pièces et les poncifs des décors naturalistes qui dominaient dans la production de la célèbre verrerie. On peut lui attribuer nombre des motifs floraux et des paysages utilisés par DAUM à partir de 1897. Cette même année, il épousa à Nancy Joséphine ROUGIEUX, fille d’un ancien boulanger ; Jules LARCHER* et Jacques GRUBER* figuraient parmi les témoins.

De 1895 à 1902, il participa au Salon de Nancy, essentiellement avec des huiles et des pastels : portraits, paysages, scènes de genre. Mais c’est dans le domaine des arts décoratifs que son activité fut la plus intense. Un projet de panneau de porte en ferronnerie qu’il avait réalisé aux Beaux-Arts de Nancy fut présenté en 1908 à l’exposition franco-britannique de Londres. Il fournit des modèles de reliures à René WIENER*, de tissus d’art à Charles FRIDRICH*, de céramiques à Joseph et Pierre MOUGIN. En 1902, il composa les cartons des 22 verrières qui ornaient la guinguette dite « La Cure d’Air Trianon » à Malzéville. A partir de 1905, il dessina des modèles de pâtes de verre animalières exécutées pour DAUM par Amalric WALTER. Quand ce dernier ouvrit son propre atelier après la guerre, BERGÉ poursuivit cette collaboration, avec l’autorisation d’Antonin DAUM pour qui il continua à travailler jusqu’en 1932. Ne renonçant pas à dessiner ou à peindre des fleurs, il prit part en 1932 au Salon de l’art floral organisé galeries Poirel par la Société d’horticulture de Nancy.

BERGÉ était avant tout un remarquable dessinateur dont le graphisme est marqué par une ligne claire. Ses planches botaniques et ses modèles de vases témoignent de sa fidélité quasi scientifique aux formes naturelles et de son refus d’une stylisation marquée, même quand le style Art nouveau aura cédé la place à l’Art déco. Il dessina de nombreux menus ornés, affiches et publicités, imprimés chez Albert BERGERET puis aux Arts graphiques modernes.

Il réalisa aussi quelques ex-libris et fut l’un des fidèles illustrateurs de la revue Le Pays lorrain dès sa fondation en 1904.

Les objets en pâte de verre qu’il conçut pour WALTER (vide-poches, pendentifs, presse-papier, coupes etc.) constituent un véritable bestiaire et allient la perfection des formes à une précision naturaliste qui n’exclut pas la fantaisie.

Il pratiqua lui-même la sculpture, modelant quelques modèles de femmes et d’animaux.

Le portraitiste à l’huile est peu connu. Sa toile conservée au musée de l’Ecole de Nancy témoigne d’une belle technique et d’un sens raffiné du coloris. La touche de ses rares paysages est beaucoup plus libre.

Membre de l’association des Artistes lorrains à partir de 1894, il faisait partie en 1901 du Comité directeur de l’Ecole de Nancy. Il fut de 1896 à 1914 professeur d’art décoratif à l’Ecole professionnelle de l’Est (fondée en 1844 par Henri Loritz sous le nom de pensionnat Callot) et dirigea de 1900 à 1925 l’école de dessin à la verrerie Daum. Il fut aussi professeur de dessin au lycée Poincaré de Nancy pendant la Grande Guerre. Ses fonctions d’enseignant lui valurent d’être nommé officier d’Académie en 1904 (à l’occasion de l’exposition d’art décoratif de Nancy) puis officier de l’Instruction publique en 1933. En tant que collaborateur de DAUM, il avait obtenu une médaille d’argent à l’Exposition universelle de 1900 et un diplôme d’honneur à celle de Bruxelles en 1910.

En 1939, une rétrospective de ses œuvres et de celles d’Henri ROYER* fut organisée aux galeries Poirel dans le cadre du Salon de printemps de l’Association des Artistes lorrains.

De nombreux dessins de plantes (aquarelle, mine de plomb ou/et encre) d’H. BERGÉ sont conservés au Musée des BA de Nancy, au Musée de l’Ecole de Nancy et à la Compagnie française du cristal Daum.

Publié par

giselefayet

Mots , images , mouvements, impressionnent ma plaque sensible et la communication en est le révélateur le plus puissant . Citation favorite : " Être libre ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaines , c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres." Nelson Mandela

19 réflexions au sujet de “Le week- end, un thème, un tableau .”

  1. Ce vitrail est superbe Jazzy, c’est un excellent choix. Merci pour les informations concernant cet artiste.
    Bises et bon dimanche – Zaza

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  2. Coup de cœur pour ce magnifique vitrail. Je l’ai admiré longuement, dans tous ses beaux détails. C’est tout ce que j’aime.
    La dame est très belle et son minou noir me rappelle évidemment ma Pépita. Les paons blancs sont reproduits de façon fort originale.
    Merci pour ton écrit et la fiche de ton mari.
    Bisous

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  3. Au centre du vitrail, une femme à demi-nue, drapée dans un ample pagne, est assise sur un banc, un chat noir juché sur ses épaules, et des fleurs vertes s’échappent d’une vasque opulente. Beaucoup de métier dans la composition, et on imagine bien cet ensemble, très coloré et décoratif, dans un salon bourgeois de l’époque.

    Merci pour ce partage Gisèle, et bon week-end

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  4. Bonjour Gisèle un très joli vitrail, j’aime beaucoup et merci pour la biographie, c’est toujours très interessant, la doit-on à ton mari? si oui merci à lui si c’est un travail commun merci à vous deux bisous bonne journée encore bien froide MTH

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  5. Magnifique vitrail !

    Tu t’en doutes… J’aime beaucoup cette femme à moitié dénudée avec son chat noir juché sur les épaules.

    Belles clématites. Elles sont en fleurs sur mon balcon… Du bonheur floral !

    Bises et bon WE

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  6. Merci pour la découverte , je ne connaissais pas cet artiste .

    Et merci pour les explications, toujours pertinentes;

    Bon week-end .

    Pulsatilla

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  7. Un vitrail magnifique que tu commentes à merveille ! Merci à ta moitié pour les explications qui suivent !

    J’aime beaucoup la clématite ! toute en finesse !

    bisous,

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  8. Merci pour ce beau vitrail et les explications de JC… et merci pour le bon moment passé ensemble cet a-midi avec Annie.

    Je vais essayer de m’inscrire à nouveau…

    Bises du soir

    Mireille du sablon

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