Le tableau du samedi

Pour le  tableau du samedi, initié par Lady Marianne et poursuivi par Lilou et Fardoise, un clic sur le logo.

Fardoise nous demande pour la quinzaine de nous intéresser aux conversations, aux secrets ou petits potins échangés.

Je vous propose « le couarail » parlote en Lorraine de Henry Blahay .

Peut être ne connaissez vous pas le couarail, Maurice Barres en parle dans la colline inspirée voilà comment il définit ce mot typiquement lorrain . » Chaque soir, les sœurs et les frères, auxquels se joignaient les amis de Saxon, faisaient la veillée autour du feu de la cuisine. Tout en écossant les légumes pour l’hiver, on causait des menus événements du jour, et Bibi Cholion faisait des plaisanteries dont les sœurs s’amusaient. C’était le couarail ordinaire des villages lorrains » 

Une façon de partager les nouvelles en bavardant à bâtons rompus , il y a le couarail du village et la veillée qui se passe dans la maison où les anciens racontent des histoires.

J’aime beaucoup la façon dont l’artiste a représenté cet échange mettant en scène toutes les générations . La jeune femme, son enfant sur les genoux, semble ravie d’écouter ce que les plus âgées ont à lui dire. L’homme tout en continuant à fumer la pipe ne reste pas non plus indifférent aux propos émis . Une belle connivence règne entre les personnes présentes .

Afin de mieux connaitre l’artiste voici la fiche que mon mari a faite sur lui .

BLAHAY   Sigisbert Henry

Nancy 1869 – Nancy 1941

Peintre et dessinateur

Fils d’un maréchal-ferrant.

Son père était né à Nancy, sa mère à Bouxières-aux-Chênes (54).

Orphelin de ses deux parents à l’âge de six ans, il fut élevé par sa grand-mère paternelle. Il fit ses études au collège de la Malgrange puis au lycée de Nancy. Le recensement de Nancy de 1886 le dit « employé » mais on ignore dans quel secteur d’activité. N’ayant pas fait de service militaire pour cause de myopie, il épousa à Nancy en 1890 Annette Joséphine HENRY, fille d’un serrurier. Le couple n’eut pas d’enfants. Max GILLARD*, son premier maître, découvrit sa vocation et l’engagea à se rendre à Paris où, sur la recommandation de Fernand CORMON, il devint tardivement, en 1900, l’élève de Jean-Paul LAURENS à l’Académie Julian. Il y devint l’ami du peintre et pastelliste Antony TRONCET qui présenta son portrait au Salon de Nancy en 1905. Il fréquenta aussi dans la capitale l’atelier du Nancéien Henri ROYER*. Pendant cette période de formation et jusqu’en 1909, il visita l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la Belgique et la Hollande où il s’enthousiasma pour REMBRANDT.

En 1903, il débuta avec un fusain au Salon de Nancy auquel il participa très régulièrement, comptant parmi ses clients le collectionneur Eugène CORBIN. A Metz, il prit part à l’exposition de la SLAAD en 1907 et à l’exposition nationale de 1920. Il figurait en 1914 à l’exposition de Longwy. BLAHAY prit part de 1905 à 1914 au Salon parisien où il obtint une mention honorable en 1906.

Il séjournait à Concarneau au moment de la déclaration de guerre et fut maintenu au service auxiliaire.

En 1920, il revint à Nancy où il participa à la vie artistique locale, ne figurant plus qu’une fois au Salon parisien en 1939. Il était membre de l’Association des Artistes lorrains depuis 1904 et fit partie de son comité dans l’entre-deux-guerres. Il continua à prendre part à ses expositions ainsi qu’au Salon des Amis des Arts. Entre 1920 et 1935, il exposa au Cercle artistique, rue Gambetta à Nancy, dont il fut membre du comité. Il figurait en 1928 à l’exposition des beaux-arts d’Epinal. Ses œuvres furent ensuite présentées à la galerie Thiébault, rue Saint-Georges à Nancy, en 1938 et 1940. Deux ans plus tard, une rétrospective lui fut consacrée, conjointement à Pierre CLAUDIN* et à Victor GUILLAUME*, dans le cadre du Salon de printemps des Artistes lorrains. Selon son avis de décès, il était officier de l’Instruction publique, or nous n’avons pas trouvé sa nomination au Journal officiel. Il repose au cimetière de Préville.

Le sculpteur Alfred FINOT réalisa de lui un buste en bronze présenté au Salon d’Automne en 1941.

Citons pour l’anecdote son goût pour le sport : membre du Véloce-Club Nancéien, il en fut vice-président.

Après les tonalités sombres et contrastées de ses débuts, sa palette s’éclaircit. Il peignit surtout des portraits et des scènes de genre intimistes ou agrestes mettant en scène des paysans et des chevaux. Le couarail présenté au Salon de 1912 (conservé en Angleterre) le situe au niveau d’Emile FRIANT* et de son maître ROYER. Il se consacra aussi au paysage, travaillant en Lorraine, en Alsace, dans la région parisienne, en Bretagne ainsi qu’en Provence, notamment en 1929. Il séjournait volontiers à Velle-sur-Moselle et peignit de nombreux sites de la vallée de la Moselle entre Flavigny et Bayon. Il réalisa également des nus et utilisait la photographie pour fixer l’image de ses modèles.

« Il a acquis une maîtrise dont il se sert pour rendre avec une vérité un peu brutale, et qui rappelle Jean-Paul Laurens, son professeur, les humbles intérieurs lorrains et les types caractéristiques de nos campagnes. » SIMPOL (1919)

« Blahay est un enchanteur contenu et discret. Ses œuvres sont toujours le résultat d’une étude attentive et réfléchie, qu’illumine un sens de mesure et d’harmonie. » Emile NICOLAS (1933)

Traitant les mêmes sujets, sa production de pastelliste attira l’attention d’Henry HUNZIKER : « Si M. Blahay apporte dans ses portraits un métier et une facture très soucieuse du détail, il sait aussi en face du paysage en saisir, sans s’y arrêter longuement, les principales indications. »  (1924)

Publié par

giselefayet

Mots , images , mouvements, impressionnent ma plaque sensible et la communication en est le révélateur le plus puissant . Citation favorite : " Être libre ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaines , c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres." Nelson Mandela

23 réflexions au sujet de “Le tableau du samedi”

  1. Un « couarail », c’était donc visiblement, un moment de détente, où la famille, les proches, discutaient à bâtons rompus des petits potins des environs. à une époque où les heures passées au travail ne laissaient guère de temps aux loisirs ! Ces moment d’échanges, de confidences, sont en tout cas, très bien rendu dans ce tableau.

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    1. J’adore ce mot « couarail », il me fait penser à mes grands- parents qui l’utilisaient si souvent dans leur village mosellan.
      Merci à tous les deux pour ce doux souvenir.
      Bises de Mireille du sablon

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  2. Une très belle découverte Jazzy, tout à fait dans le thème de Fradoise…
    Ce que vous appelez « couarail » en Lorraine correspond à nos veillées d’antan dans mon île, quand la télévision, et les réseaux sociaux n’avaient pas dressé comme aujourd’hui, ses barrières de communication et d’échanges, déstructurant ainsi la sociabilisation.
    Merci pour les informations concernant ce peintre.
    Bises et bon samedi – Zaza

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  3. Bonjour Gisèle j’aime beaucoup ce tableau, il est « vivant » on ne doit se dire que des choses agréables. Merci à ton mari pour la fiche concernant ce peintre que je ne connaissais pas. Bisous bonne journée MTH

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  4. Une bien belle illustration de ce thème avec ces veillées qui rassemblaient, autour du feu en hiver, dehors à la fraiche, en été. Je me souviens de ces veillées que j’ai connues lorsque j’étais toute petite. Je sais qu’elles se sont poursuivies et se poursuivent encore dans certaines communautés.

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  5. Cette fenêtre, cet endroit, me rappelle celle de notre petite cour dans la maison « amiénoise » où je suis née. On aimait se rencontrer entre voisins, en famille pour discuter ainsi de tout et de rien …
    Très beau tableau …
    Bisous

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  6. Merci Gisèle pour ce beau tableau et merci à ta moitié pour sa fiche !
    Le couarail, un mot que j’ai découvert grâce à ma belle-mère …. C’était un peu le « journal » local dans les villages …
    Bon après-midi, bisous

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  7. Je ne connaissais pas ce mot, il est typique de chez toi, moi, je dirais, ma causette.
    Joli tableau avec un mélange des générations.
    Bon week-end.

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  8. couarail … Comme il sonne bien ce mot (que je ne connaissais pas). Je me replonge presque 80 ans en arrière et je revois mes parents discutant avec les voisins, assis sur un tabouret, sur la devanture de la maison … Superbe tableau !Bisous et bonne fin de weekend à vous deux. (Je vais te demander de bien vouloir m’envoyer un titre de chanson pour notre concours-photos de l’hiver, Jacqueline ayant été la gagnante 2 x de suite, c’est à toi que revient cette « lourde responsabilité » loll

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  9. Bonsoir Gisèle,
    Je te remercie de ton passage chez moi et de m’avoir fait connaître ce beau tableau,si réaliste ainsi que ce nom Lorrain.
    Belle fin de soirée.
    Bises
    Dominique

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  10. Je ne connais pas le « couarail » mais chez mes parents et grands-parents on appelait cela les veillées et l’hiver une ou deux fois par semaine ils retrouvaient des voisins pour la parlotte et manger des fruits secs, des clémentines et des gâteaux.

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