Jeudi poésie

Papiluc (clic) est à la barre du bateau des Croqueurs de mots pour la quinzaine . Il nous demande pour ce jeudi poésie un poème ou une chanson évoquant le savoir .

Je vous propose de Pablo Neruda

La poésie

Et ce fut à cet âge… La poésie
vint me chercher. Je ne sais pas, je ne sais d’où
elle surgit, de l’hiver ou du fleuve.
Je ne sais ni comment ni quand,
non, ce n’étaient pas des voix, ce n’étaient pas
des mots, ni le silence:
d’une rue elle me hélait,
des branches de la nuit,
soudain parmi les autres,
parmi des feux violents
ou dans le retour solitaire,
sans visage elle était là
et me touchait.

Je ne savais que dire, ma bouche
ne savait pas
nommer,
mes yeux étaient aveugles,
et quelque chose cognait dans mon âme,
fièvre ou ailes perdues,
je me formai seul peu à peu,
déchiffrant
cette brûlure,
et j’écrivis la première ligne confuse,
confuse, sans corps, pure
ânerie,
pur savoir
de celui-là qui ne sait rien,
et je vis tout à coup
le ciel
égrené
et ouvert,
des planètes,
des plantations vibrantes,
l’ombre perforée,
criblée
de flèches, de feu et de fleurs,
la nuit qui roule et qui écrase, l’univers.

Et moi, infime créature,
grisé par le grand vide
constellé,
à l’instar, à l’image
du mystère,
je me sentis pure partie
de l’abîme,
je roulai avec les étoiles,
mon coeur se dénoua dans le vent.

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Jeudi poésie

Rose à la barre du bateau des Croqueurs de mots nous demande un poème sur le mois de mai pour ce jeudi poésie .

Je vous propose d’abord une petite poésie de circonstance .

En mai, fais ce qu’il te plait

Bien entendu, ai-je  dit

et j’ai commandé la pluie.

Elle n’a pas déclaré forfait

Et se montre souvent depuis,

Du soleil prenant le relais.

Je glisse alors sans ennui

Avec sur le dos mon palais

Merci beaucoup dame  pluie 

Et ce beau poème de Victor Hugo

Mai

Je ne laisserai pas se faner les pervenches
Sans aller écouter ce qu’on dit sous les branches
Et sans guetter, parmi les rameaux infinis,
La conversation des feuilles et des nids.
Il n’est qu’un dieu, l’amour ; avril est son prophète.
Je me supposerai convive de la fête
Que le pinson chanteur donne au pluvier doré ;
Je fuirai de la ville, et je m’envolerai
– Car l’âme du poète est une vagabonde –
Dans les ravins où mai plein de roses abonde.
Là, les papillons blancs et les papillons bleus,
Ainsi que le divin se mêle au fabuleux,
Vont et viennent, croisant leurs essors gais et lestes,
Si bien qu’on les prendrait pour des lueurs célestes.
Là, jasent les oiseaux, se cherchant, s’évitant ;
Là, Margot vient quand c’est Glycère qu’on attend ;
L’idéal démasqué montre ses pieds d’argile ;
On trouve Rabelais où l’on cherchait Virgile.
Ô jeunesse ! ô seins nus des femmes dans les bois !
Oh ! quelle vaste idylle et que de sombres voix !
Comme tout le hallier, plein d’invisibles mondes,
Rit dans le clair-obscur des églogues profondes !
J’aime la vision de ces réalités ;
La vie aux yeux sereins luit de tous les côtés ;
La chanson des forêts est d’une douceur telle
Que, si Phébus l’entend quand, rêveur, il dételle
Ses chevaux las souvent au point de haleter,
Il s’arrête, et fait signe aux Muses d’écouter.

Jeudi poésie

Pour ce jeudi poésie chez les croqueurs de mots , Colette à la barre nous dit :

Chanson ou poésie sur le choix de votre thème ou libre bien entendu. Poème personnel, choix de poème, haïkus, acrostiche, citations etc..

IMGP0024

Serpent fascinant

Sur la rivière  ondoie

Charme d’automne.

IMGP0032

Phare émergeant

D’un poumon ocre et vert

Lumière du jour 

PA240078

C  oulemelle   dans  le  bois   porte  ombrelle

H abillée     d’écailles     brunes    circulaires

A vec    son    port    délicat,  elle  ensorcelle

M aintenant la belle en plusieurs exemplaires

P rofite   de   la   pluie   avant  qu’il  ne   gèle

I mage   d’un   accord   entre   ciel  et  terre

G ardant le souffle du vent dans ses lamelles.

N aturellement   elle  se  dresse  bien  fière 

O ffrant   ses  chapeaux pales  en ribambelle

N ouvelle   ode   à   l’automne   qu’elle  éclaire.

( 31/10/2019)

PB161342

A  ujourd’hui  dans  le parc  l’arbre se pare d’or

U ne à une les feuilles sous les perles de pluie 

T ombent  en  virevoltant  sans le moindre bruit

O ffrant à la terre l’  espoir d’un autre accord .

M  ille   paillettes   s’embrasent  loin  de  la  nuit

N  aturellement    quand   les   nuages    ont   fui

E  t se laissent bercer  une dernière fois encor ‘.

(20/10/2019)

Et je ne peux oublier cette citation que j’avais proposée pour imagecitation 8 :

“ L’automne, l’automne merveilleux mêlait son or et sa pourpre aux dernières verdures restées vives , comme si des gouttes de soleil fondu avaient coulé du ciel dans l’épaisseur des bois “ Guy de Maupassant ( contes de la bécasse )

Jeudi poésie

Martine est à la barre du bateau des croqueurs de mots pour la quinzaine elle nous propose pour ce jeudi :

Portrait d’un homme ou d’une femme célèbre ou non ou autoportrait .

J’ai choisi de remanier un de mes poèmes pour ce thème.

Fichier:Venus botticelli detail.jpg

Une déesse,  les flots remontant,

Aujourd’hui charme le paysage,

Sur sa conque, pensive, elle attend,

Offrant sa nudité en partage .

*

Le velours de sa peau s’illumine

Caressé par Phébus le bienfaisant

Qui d’un pinceau habile dessine

Ses lèvres au sourire si plaisant

*

Et dans ses yeux s’éveillent d’infinis

Paysages aux ors resplendissants

Empruntés à l’ étoile, en catimini,

Où l’âme se pose en se réfléchissant.

*

Sa longue chevelure  en cet instant,

Comme  l’oiseau  sorti  de  sa cage,  

Coule  sur son corps en vagues sages,

Cachant ce mont de Vénus ravissant.

La naissance de Vénus.