Jeudi poésie

Anne à la barre du bateau des croqueurs de mots pour la quinzaine nous dit :

Écrire un poème ou  une courte nouvelle évoquant un moment de vie influencé par un objet.

 Aujourd’hui  Ariel flâne seul dans le grenier d’Austen , son aïeul.   Les grandes fêtes de la faneuse sont proches et il aimerait bien se trouver une jolie tenue pour danser au son des flutes et autres galoubets. La troupe des elfes et des faunes de la grande forêt sera au grand complet cette année dans les allées du vaste domaine . Il parait même que le lynx feule déjà près de la stèle  en attendant leur venue  . Avec des gestes lents, il progresse parmi tous les objets étalés là sur le plancher, cherchant la grosse malle où dorment certainement de magnifiques trésors. Là, près de la mansarde, par chance, le soleil joue sur un fermoir. Il se précipite, soulève de suite l’imposant couvercle quand soudain, une énorme araignée saute de sa toile sur sa main. Hurlant telle une orfraie, il lâche tout en invectivant l’animal :

“ Saleté de bestiole , veux tu bien t’en aller , ton gros corps velu me donne  la nausée “ lui intime – t –il.

“  Sultan des aulnes , tu fais partie des élus de ce pays, à ce titre  il faudrait modérer tes élans , chaque parole peut être néfaste à ta destinée . Dorénavant tu devras éviter de telles fautes , il en va de ton salut .

Stupéfait, Ariel se fige sur son séant , voilà bien la première  fois qu’une arachnide ose lui adresser la parole .

“ Mais qui es tu ?

“ Enéas du grand saule , un  cousin d’Ansel qui un jour débarqua sur cette planète avec sa fusée intergalactique. La vie sur terre était devenue impossible, nous nous sommes mis à la recherche de cette contrée où  nous serions tous à l’abri des pluies acides.   Certes, ma piqûre est létale mais, si tu ne bouges pas, tu n’as rien à craindre et  nulle autre que moi ne sait aussi bien se prêter aux exigences d’une tenue confortable et correspondant au faste de la situation , si tu me fais confiance tu seras enchanté de mes prestations .   Il me suffit juste maintenant de me promener sur ton corps pour prendre tes mesures ,  regarde cette fustanelle dans la malle, c’est mon œuvre , elle appartenait à feu ton grand – père, il la portait bien avant que cette funeste guerre n’éclate  “.

Ariel, hypnotisé, n’ose faire un geste quand l’araignée se met à arpenter son corps . Au bout de quelques minutes pourtant, il doit se rendre à l’évidence, la tenue confectionnée est magnifique et lui convient à merveille .

“ Grand merci Enéas , je ferai tout  désormais pour que tes talents soient reconnus et que tu sois mieux apprécié ici bas”

Publié par

giselefayet

Mots , images , mouvements, impressionnent ma plaque sensible et la communication en est le révélateur le plus puissant . Citation favorite : " Être libre ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaines , c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres." Nelson Mandela

22 réflexions au sujet de “Jeudi poésie”

  1. Bonjour Gisèle quel beau conte, il rend hommage à cette bestiole qui fait souvent pousser des cris d’horreur quand on la croise,on la chasse , on la tue , et bien pas moi, délicatement je la prends avec un mouchoir en papier et je la mets dehors afin qu’elle fasse cette merveilleuse toile si fine qui relie les branches basses du lilas. Bisous bonne journée MTH

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  2. Pouah ! ! j’ai très peur des araignées … mais ton joli conte pourrait presque réhabiliter à mes yeux cette bête velue …..
    Bonne journée, Gisèle, bisous
    Geneviève

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  3. Pas peur d’une araignée, mais qu’elle vienne prendre mes mesures en passant partout sur mon corps, il faudra encore attendre un moment en discussions.
    J’ai un conte pour montrer le travail de l’araignée et un autre qui les met à l’honneur pour Noël.
    Bonne journée Jazzy

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  4. les fils d’araignée sont parmi les plus solides mais c’est beaucoup plus difficile à cultiver que les vers à soie. Ceci dit, si je n’ai pas peur des araignées, j’avoue ne pas trop les aimer non plus … bises

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  5. Ah bravo Jazzy, j’ai des frissons partout moi maint’nant ! hi hi
    Justement ce matin, dans mon lavabo bien blanc ! paf ! une tite naraignée. Je suis allée chercher mon balai, délicatement et du bout de mon long manche (trop peur de tout près), j’ai réussi à la coincer dans les poils et je l’ai mise dehors.
    Elle n’a pas pris mes mesures, oufffff !
    Bravo pour ce texte très original
    Bisous

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  6. J’aime l’araignée et j’aime l’ortie parce qu’on les hait. Victor Hugo.
    Pauvres araignées. J’ai bien aimé ton texte. Bises

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  7. Ton texte m’a tenue en haleine, Jazzy ,….malgré le peu d’amitié que j’éprouve pour l’araignée….j’admire cependant son art de la broderie et ses toiles où perle la rosée ….
    Bises et bon vendredi.

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  8. Tout peut vous arriver lorsque, dans un grenier, vous ouvrez une malle magique. Merci pour cette jolie nouvelle riche en images féériques et en allusions à d’autres temps, à d’autres très lieux . C’est très agréable à lire.

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