Défi 275 des croqueurs de mots

Durgalola à la barre du bateau des Croqueurs de mots nous propose de composer un texte, qui débute :

  • soit par la phrase : « Le premier jour de l’année, surtout me plaît. »

extrait de « Notes de Chevet » de Sei Shônagon (dame d’honneur d’une

princesse au Japon – 11ème siècle)

  • soit par la phrase : « Le plus beau, dans ces voyages,

c’était ça : respirer l’air du réel. »

extrait de « Le Grand Partout » de William T. VOLLMANN (né en 1959,

Le premier jour de l’année surtout me plait. Elle ne cessait de se répéter cette phrase comme un mantra. Elle avait l’impression de se recentrer avec son moi le plus profond en oubliant tous les soucis qu’avaient drainés l’année qui venait de s’achever. Dorénavant, il n’était plus question que de son rapport à l’instant présent, au livre de sa vie à venir dont elle allait tourner les pages au rythme qui lui convenait.

Ses résolutions ? Elle ne se hasardait pas à ce genre de pari. Sa conscience réflexive lui faisait trop toucher du doigt le peu de crédit à accorder à ce type de décisions condamnées à plus ou brève échéance. Elle savait pertinemment que le moi auquel s’identifie l’humain est une construction de la société et de la mémoire. Comment ne pas être frustré quand l’image qu’on a de soi ne correspond pas à la réalité de son corps et de sa vie ?

Non , elle préférait laisser le champ libre à son intuition. Le doute avait suffisamment envahi son quotidien. Comme par magie le premier de l’an, le brouillard se dissipait et laissait entrevoir l’évidence. Envolées les émotions négatives, elle ne se connectait qu’à de l’énergie positive. Elle retrouvait son calme, sa confiance en elle, ouvrait la porte à la joie d’être en phase avec ce qui l’entoure.

Elle inspira profondément , fixa sur le papier des phrases positives histoire de bien s’en imprégner. Isba le chat qui lui tenait compagnie depuis plus de dix ans vint alors frotter sa tête contre sa main en suspends comme pour lui faire passer son message : le chat ne regrette jamais la vie qu’il n’a pas vécue. Savoir renoncer à l’idée qu’une vie pourrait être parfaite, allège vraiment le fardeau de la condition humaine.

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