Jeanne Fadosi (clic) à la barre du bateau des Croqueurs de mots pour la quinzaine nous dit :
Dômi ne m’en voudra pas si je laisse à Pierre Dac le soin de lui murmurer à l’oreille que les Croqueuses et les Croqueurs de Môts sont de tout cœur avec elle :
« Si haut qu’il peut grimper, un chemin qui monte n’est rien d’autre qu’un chemin qui descend en sens inverse et réciproquement. » L’Os à moelle de Pierre Dac
et
« Pour la marche à pied, le meilleur des chapeaux de paille ne remplacera jamais une bonne paire de chaussures. » Pierre Dac
Elle nous demande un poème en rapport avec un ou plusieurs des mots de ces citations
ou même selon votre bon plaisir estival.
D’emblée quand j’ai vu le mot marche j’ai pensé à ce poème bien connu de Victor Hugo
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Je vous propose aussi ce poème de Charles Baudelaire que j’aime beaucoup .
Le serpent qui danse
Que j’aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !
Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.
Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d’amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L’or avec le fer.
A te voir marcher en cadence,
Belle d’abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d’un bâton.
Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d’enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant,
Et ton corps se penche et s’allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l’eau.
Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l’eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,
Je crois boire un vin de bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon cœur !