J’ai lu

Un jour d’août 1853, une goélette jette l’ancre dans un port californien. À la couleur de sa grand-voile, les habitants comprennent que son capitaine a réussi l’impensable : capturer la « Femme Solitaire », ultime représentante d’un peuple immémorial, abandonnée dix-huit ans plus tôt dans une île sauvage située au large de Los Angeles et Santa Barbara.
Elle parle une langue énigmatique et, contre toute attente, irradie une joie extraordinaire. Un nouveau venu dans la région, le Dr Shaw, noue avec elle un lien très fort. Pendant qu’il tente de déchiffrer sa langue, il s’interroge : qu’a-t-elle vécu dans l’île ? Les clans de la ville se reforment et menacent la survie de la Femme Solitaire. Le Dr Shaw prend fait et cause pour elle – un combat pour la vérité.

Un roman historique dépaysant et fascinant qui développe certains thèmes chers à l’auteur comme l’exploitation des peuples, le langage, Une Californie du 19ème que j’ai découverte avec beaucoup d’intérêt .

extrait

« Il s’est alors demandé si ce n’était pas cela, la joie : le recueillement après l’épreuve. S’abandonner à la grâce de l’instant et à l’embellie qu’on n’attendait plus »

Cinq hommes sont partis à la guerre, une femme attend le retour de deux d’entre eux. Reste à savoir s’ils vont revenir. Quand. Et dans quel état.

Un excellent livre de Jean Echenoz qui nous fait vivre la guerre au plus près par le biais d’ Anthime, Charles, Bossis, Padioleau, Arcenel. Cinq hommes partis d’un même village de Vendée pour rejoindre le front. Vous serez plongés dans le quotidien de ces hommes embarqués dans la guerre , une guerre qui les dépasse. Chaque phrase sonne juste et l »humour peut être présent même dans l’horreur .

Extraits

« Tout cela ayant été décrit mille fois, peut-être n’est-il pas la peine de s’attarder encore sur cet opéra sordide et puant. Peut-être n’est-il d’ailleurs pas bien utile non plus, ni très pertinent, de comparer la guerre à un opéra, d’autant moins quand on n’aime pas l’opéra, même si, comme lui, c’est grandiose, emphatique, excessif, plein de longueurs pénibles, comme lui ça fait beaucoup de bruit et souvent, à la longue, c’est assez ennuyeux. »

« Or, on ne quitte pas cette guerre comme ça. La situation est simple, on est coincés ; les ennemis devant vous, les rats et les poux avec vous et, derrière vous, les gendarmes. La seule solution consistant à n’être plus apte, c’est évidemment la bonne blessure qu’on attend faute de mieux, celle qu’on en vient à désirer, celle qui (voir Anthime) vous garantit le départ mais le problème réside en ce qu’elle ne dépend pas de vous »

« Je suis désolée de ce que je vous inflige, en ce moment. Mais il fallait que la planète ferme pour que les cœurs s’ouvrent. »
Le 17 mars 2020, par la grâce d’un virus, un sans-abri se retrouve confiné avec une créature de rêve. Est-ce la femme qui jadis enflamma son adolescence, une mythomane, une perverse manipulatrice, ou une ultime chance de survie ? Et si le sort du genre humain dépendait de la relation qui va se nouer, dans une maison à l’abandon, entre un ancien prof de 38 ans brisé par l’injustice et une exilée en manque d’amour ?
Avec ce conte philosophique irrésistible et poignant, au cœur d’une actualité bouleversant tous nos repères, Didier van Cauwelaert entraîne nos peurs, nos détresses, nos colères dans un tourbillon de révolte, de joie libératrice et d’espoir.

J’ai beaucoup apprécié ce roman, écrit en pleine période de pandémie, qui partant de la réalité se tourne progressivement vers le fantastique en interrogeant notre place dans le monde qui nous entoure. L’auteur nous propose une réflexion philosophique qui empêche de céder à l’anxiété face à ce virus tout en nous suggérant de repenser notre façon de vivre.

Extraits

« La plus belle aventure de ma vie a commencé mardi 17 mars 2020, une demi-heure avant que le confinement de la France entre en vigueur. J’attendais sur ma grille d’aération, au coin de l’Ecole militaire, que les rues se vident et qu’on vienne me chercher. Confiner un sans-abri, ça m’intriguait de savoir comment ils allaient s’y prendre. »

« C’est fou comme l’esprit humain s’habitue à tout, même à l’inconcevable, pour peu qu’il s’inscrive dans la durée. »

« La fin de la pandémie dépend de vous. Du temps que vous mettrez à vaincre le déni, la panique, le désespoir, la peur de l’autre et de vous-mêmes, à les convertir en amour. Pour assurer votre survie. »

Voici l’histoire d’un amour fou. Suzanne et Gabriel se rencontrent. Coup de foudre. Dès le dîner du lendemain, Gabriel demande Suzanne en mariage. Les quatre années qui suivent ce OUI virent au cauchemar. Suzanne et Gabriel partagent pourtant bien des choses, à commencer par leur passion de Savoir. Mais comment recommencer à aimer lorsque vos vies précédentes, et leurs fantômes, vous collent encore à la peau ? Comment se lancer dans cette aventure, dans cette traversée qu’est l’amour ? Bref, ce couple tremble, au lieu d’oser. Et se déchire. Ils s’étaient dit Oui devant le maire. Mais les Non en eux l’emportaient. La saison I de leur amour s’achève par un divorce prononcé le 10 octobre 2011 par madame Anne Bérard, vice-présidente aux affaires familiales (Tribunal de grande instance de Paris)
Ce livre ne lui est pas seulement dédié, ainsi qu’à sa greffière, madame Cerutti. C’est une longue lettre à elle adressée pour la remercier. Car en les séparant, « puisque telle semble être votre décision », elle sortit de sa réserve réglementaire pour faire part de sa conviction qu’« elle sentait en eux beaucoup d’amour ». La saison II va lui donner, ô combien, raison. Gabriel ne se contente pas de pleurer son amour perdu. Il part pour le Grand Nord et s’y trouve une fraternité immédiate avec ces étendues gelées. C’est alors, au coeur d’une tempête, qu’un message lui vient. Suzanne. « Je sais que tu vas t’embarquer pour une traversée risquée. Alors je voulais que tu saches que je t’ai aimé ». De battre le coeur ne s’arrête plus. D’autant que Suzanne arrive. Suzanne, ma Suzanne et sa leçon de courage. Ils partiront, ensemble, vers le détroit de Béring, et les deux îles jumelles Diomède, l’américaine et la russe : entre les deux court la ligne de changement de date. Vont-ils enfin s’installer dans le Temps ? Et qu’est-ce qu’un détroit ? Un bras de mer resserré entre deux continents. Comme l’amour. L’amour est une Géographie. Kafka avait raison : un livre doit être une hache pour briser en nous la mer gelée. L’amour, c’est pareil. Merci, madame la Juge. Après L’exposition coloniale, après Longtemps, l’heure était revenue pour moi de m’embarquer pour la seule exploration qui vaille : aimer

Un superbe roman d’amour et une écriture toujours aussi juste pour nous décrire tous les rebondissements de cet amour fou.

Extraits

« Qu’est-ce qu’un amour ?
La ronde des oui et des non.
On entre dans la ronde pour un oui ou pour un non.
Ce peut être un oui tout de suite, dès le premier regard.
Mais le oui peut commencer par un non qui n’est qu’un rempart, un oui qui se défend, un faux nez du oui. »

« Nous croyons craindre la mort. C’est la vie qui nous fait trembler. »

« René de Obaldia, un prince panaméen. Peut-être parce que né à Hong-Kong, il est constitué d’un alliage des plus rares : 30% malice, 30% pertinence, 80% générosité. Je sais, je sais, la somme dépasse 100. C’est l’une des libertés de ce René : ne pas se laisser réduire à des arithmétiques ordinaires. Voilà pourquoi il est devenu centenaire, en attendant mieux. »

La rencontre de trois destins malmenés : Elsa, Marie et Guillaume. Leur point commun : aucun d’eux ne dort la nuit. La vie de quartier les fera se croiser et se recroiser, au détour de la merveilleuse pâtisserie de Raphaël, d’un Lavomatic, d’une annonce sur Leboncoin….

Trois personnages attachants qui vont se rapprocher pour notre plus grand plaisir . Un ton léger , humoristique pour ce roman où l’amitié est tient une grande place et qui met de bonne humeur .

Extraits

« – Pourquoi avoir dessiné sur ce miroir?
– Pour ne plus voir ma tronche !
Guillaume avait hoché la tête comme s’il comprenait.
– « Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu plus avant de renvoyer les images », avait-il ajouté d’un ton grave. Je pense souvent à cette phrase.
– De qui est-ce?
– Jean Cocteau. »

« Les rapports humains la terrifiaient-ils au point de ne plus savoir faire la différence entre une main qui se tend et une main qui s’apprête à frapper ? Au point d’ignorer l’autre plutôt qu’accepter son aide et d’exprimer sa reconnaissance ? »

Jane, mère célibataire, vient d’emménager à Sydney avec son petit garçon et un secret qui est le sien depuis cinq ans. Le jour de la rentrée scolaire, elle rencontre Madeline, un personnage haut en couleur avec lequel il faut compter – elle se souvient de tout et ne pardonne jamais – et Céleste, une femme à la beauté époustouflante mais qui, paradoxalement, est toujours mal à l’aise. Elles prennent toutes deux Jane sous leur aile, en faisant attention de dissimuler leurs propres secrets. Cependant, quand un simple incident impliquant les enfants de chacune des trois femmes survient à l’école, les choses s’enveniment : les commérages vont bon train, les rumeurs empoisonnées se propagent jusqu’au point où il est impossible de démêler le vrai du faux.

Impossible de rester indifférents à ces personnages qui de suite vous entraine avec eux dans le tourbillon de leur vie. Quels secrets se cachent derrière les façades de ces belles grandes maisons? Pourquoi Jane a t elle quitté Newton ? Drôle, malicieux, touchant ce roman. Une plume addictive qui on le comprend de suite a séduit un producteur et scénariste américain David E. Kelley. La série télévisée est passée en 2020 en France , j’avoue l’avoir ratée .

Extraits

 « Si j’étais un peu grassouillette et pas particulièrement jolie, en quoi ce serait un problème ? Pourquoi c’est si terrible, si dégoutant ? Pourquoi faut-il que ce soit la fin du monde ? (…)
– C’est parce que l’idée que nous, les femmes, on se fait de notre propre valeur, repose entièrement sur notre physique, dit Jane. Voilà pourquoi. Nous vivons dans une société obsédée par la beauté, un monde qui considère que le plus important pour une femme, c’est de faire en sorte d’être séduisante pour les hommes. »

« Rien de plus facile que de raconter des mensonges, lorsque ceux que vous aimez en dépendent. »

« D’un point de vue intellectuel, je sais que je ne suis pas moche. Je suis plus que passable. Mais je me sens moche, parce qu’un jour un homme l’a décrété et que je l’ai cru. C’est pathétique. »

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J’ai lu

« Les larmes du vin sont des larmes sans chagrin. »
Intronisé « Chevalier du Tastevin » en grande cérémonie, Daniel Picouly, le narrateur de cette histoire, est invité à faire un discours sur le vin, trésor national et mystère absolu. Le défi est grand pour le « cancre des cépages. Ce qui pouvait apparaître comme un malentendu devient alors l’occasion de revisiter son itinéraire singulier, et de s’interroger sur la place de ce « liant social » dans nos existences.
De son enfance à aujourd’hui, il convoque de tendres souvenirs et des anecdotes cocasses dont on savoure le nectar. L’auteur se fait, avec humour et fantaisie, l’observateur des effets du vin sur chacun d’entre nous, esquissant une sorte de petite philosophie en forme d’éloge de la quête, de la mesure et de l’équilibre. Un bonheur.
On retrouve dans ce récit drôle, émouvant et sans doute le plus personnel, le panache de l’auteur du Champ de personne, Grand Prix des Lectrices de Elle, et de L’Enfant Léopard, prix Renaudot.

Je me suis vraiment régalée en lisant ce roman , Daniel Picouly a l’art de nous mettre dans la confidence de son parcours de vie avec un humour des plus appréciable. Franchement je vous recommande ce livre , un excellent remède contre la morosité ambiante.

Quelques extraits

«  En fait , si vous écriviez un texte plus conséquent vous ne choisiriez pas , comme titre, In vino veritas mais plutôt In bio veritas ( Je ne suis pas sur de le comprendre.)Vous avez fait du latin ?

_ Seulement dans les pages roses.

_ ça se voit.( Bien aimable ! ).En réalité, l’expression In vino veritas ne dit pas que c’est dans le vin qu’on trouve la vérité, mais plutôt dans le chemin où le vin vous mène: la sagesse ou l’ivresse.(Où Eymeric essaierait il de m’embarquer?) Ce sont deux tentations dont les extrêmes se rejoignent. Une version vinicole des deux infinis de Pascal.(ça fume dans le pressoir)Vous avez fait de la philo?(Seulement dans une baignoire. »

« Incroyable ! La m’am ne se souvient pas quels vins bizarres j’ai reçus pour mes anniversaires. Alors, je les ai imaginés. 

Pour mes un an : un vin de glace, le « Yéti », fait à partir de raisins vendangés sous la neige.

À mes deux ans : une bouteille de « Sherpa », un vin de l’extrême qui pousse à plus de 5000 mètres d’altitude sur une pente à 30 degrés. 

Pour mes trois ans, « Hoggar », un vin récolté à dos de chameau, au milieu du Sahara, avec une rose des sables sur l’étiquette. 

À quatre ans, « Abysse », une amphore d’un vin sous-marin récolté en bathyscaphe, dans la fosse des Philippines, à déguster avec palmes, masque et tuba. 

Pour mes quinze ans, un vin de cinéma : « Les Tontons », un vin voyou sulfaté rouge sang premier cru et blanc de noces, du 24 degrés/seconde, trois cépages royaux : du Volfoni italien, du Naudin rustique et du Folace folasse. Robe de deuil, bouquet de chrysanthèmes et cordite, nez de bourre-pif, Audiard en bouche et palais de justice. Silencieux au débouché.

Ces vins bizarres auraient tout changé, si je les avais connus. J’avais de quoi rêver. Je serais devenu trappeur, chasseur d’ours au Canada, méhariste, scaphandrier, sherpa dans l’Himalaya, cascadeur ou vendeur de tractopelles à Montauban.  

« Et maintenant ?
Je savais bien que jamais je n’en aurais fini avec la ponctuation. Aussi longtemps que je vivrais, et donc aussi longtemps que j’écrirais, je me battrais avec les signes, je m’acharnerais à bien placer les virgules. Et les points. Et les points-virgules. Sans oublier les tirets, les crochets, les chevrons auxquels je n’avais pas jusqu’ici prêté assez d’attention.
Mais une petite voix me parlait. Elle me vait de tout au fond, là, au milieu du ventre entre coeur et nombril:
– Toi aussi, tu as une histoire, Jeanne, ton histoire secrète. L’heure est venue de la raconter. »

Erik Orsenna a une superbe façon de parler de la langue, jamais il n’est ennuyeux , il nous captive du début à la fin de cet ouvrage. Il faudra que je lise les autres aventures de Tom et Jeanne de cet auteur .

Quelques extraits :

« Qu’est-ce qu’un discours ?
Une sorte de chanson, où la musique (le ton, le rythme) joue un rôle aussi grand que les paroles. Un discours s’écrit en parlant, en parlant fort. Les mots ressemblent à de jeunes oiseaux : ils doivent être lancés dans l’air pour vérifier s’ils savent voler. Si les mots s’écrasent, il faut en changer. »

« Notre langue n’est pas seulement un moyen de nous comprendre. C’est un bien que nous avons tous en partage, les petits comme les grands, les faibles comme les puissants ; c’est notre chose commune (respublica en latin, « république »). »

« On a tous de drôles d’amis, des amis que nos autres amis détestent, des amis dont nos autres amis nous disent : mais vraiment, sois franche, qu’est-ce que tu lui trouves ?
Ce drôle d’ami, pour moi, c’est la grammaire.
La grammaire essaie de mettre de l’ordre dans le grand peuple des mots. Si on ne leur imposait pas des règles, ils iraient n’importe où, les mots. Ils s’assembleraient n’importe comment. Et plus personne ne se comprendrait. Ou alors ils resteraient chacun dans son coin, ils refuseraient de former des phrases. Quel dommage ! Quel gâchis ! La grammaire rapproche, la grammaire relie, la grammaire accorde. »

Dans le train qui la ramène de Marseille à Paris, Morgane s’ennuie. « Confiez-moi un secret » demande-t-elle à ses abonnés.
Des centaines de messages affluent, tous plus personnels les uns que les autres. Elle en lit un, deux, puis elle les dévore tous, touchée par la fragilité qui s’en dégage. D’où lui vient cet intérêt pour l’intimité de ces personnes ?
La curiosité se mue en enquête, mais à mesure qu’elle progresse, un souvenir émerge à l’ombre des secrets des autres : le sien. Une histoire de famille secrète et douloureuse, celle d’une lignée de femmes marquée par le silence.
Archiviste de l’amour, révolutionnaire de l’intime et poétesse, suivie par plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Morgane Ortin est l’autrice d’un premier best-seller, « Amours solitaires », traduit en cinq langues. Avec son nouveau livre, « Le secret », elle délaisse les rivages de l’amour pour les abîmes de l’intime, révélant une autrice sensible et audacieuse.

Avis un peu mitigé concernant ce livre.. Certains témoignages me semblent tres bien analysés d’autres moins.

Quelques extraits

« Les secrets à étages m’ont
d’abord surprise, voire décontenancée. Pourquoi me confiait-on la plupart du temps les symptômes plutôt que les origines ? Par pudeur, par honte,
ou par besoin d’être rassuré avant d’aller plus loin. Parfois, aussi, parce qu’il est difficile de réaliser jusqu’où remontent les racines de nos silences. »

« J’ai grandi en extérieur, dans le bruit, pour ne pas entendre les silences qui emplissaient ma maison. Maintenant que je tends l’oreille, ce silence me parait de plus en plus assourdissant. »

« J’ai déjà menti par amour, construit des mondes parallèles pour protéger l’autre jusqu’à y croire moi-même. Je le faisais pour eux autant que pour moi, car mettre en péril ceux auxquels on est attachés, c’est se mettre en péril soi-même. L’amour, quoi qu’on dise, lie les existences, les responsabilités et les secrets. Souvent, c’est lorsque l’intimité se brise que la vérité éclate. »