Le tableau du samedi

Pour le  tableau du samedi, initié par Lady Marianne et poursuivi par Lilou et Fardoise, un clic sur le logo.

Pour cette quinzaine Lilou nous propose soit la couleur jaune soit les animaux et l’enfant . Je choisis ce deuxième thème pour ce samedi:

Je vous propose cette sortie avec les ânes de François Louis Lanfant .

J’aime beaucoup la façon dont l’artiste représente les enfants. Il ne s’agit pas de tendres bambins sages comme des images, avec les ânes ils sont bien décidés à faire les quatre cents coups. Au second plan, un garçonnet n’hésite pas à se mettre debout sur la croupe de l’animal, le deuxième essaye tant bien que mal de l’empêcher de détaler. L’âne du premier plan, bien décidé à ne pas se laisser faire, campe sur ses postérieurs. Un refus que l’artiste met remarquablement en scène. On peut se demander aussi si le plus jeune enfant, glissé dans le panier, ne va pas passer complètement à travers celui – ci tant sa position semble inconfortable. Le peintre a un sens de l’anecdote bien affuté.

Le bien être animal n’est visiblement pas la priorité de ces enfants , on peut le remarquer aussi dans le tableau ci dessous « les enfants à la ferme »

Je ne saurais dire qui du cochon, du mouton, des canards , a le plus à se plaindre de ce comportement enfantin, visiblement pas un animal ne leur échappe . Mais force est de constater que ces diablotins ne manquent pas d’imagination pour s’occuper des animaux .

Pour en savoir plus sur cet artiste voici la fiche de mon mari .

LANFANT  DE  METZ   François Louis LANFANT, dit

Sierck (57) 1814 – Le Havre 1892

Peintre

Fils d’un batelier originaire de Rouen devenu commis des forges de Hayange et d’une mère née à Rustroff (57).

Ayant passé son enfance à Sierck, il arriva à quinze ans à Paris où il travailla comme dessinateur chez des marchands de papier peint avant d’entrer dans l’atelier d’Ary SCHEFFER. Il fit ensuite son service militaire (sept ans à l’époque) et servit en Algérie dans l’armée de Bugeaud.  En 1842, il épousa à Paris Valentine DESMARES dont il eut au moins une fille née à Champigny (94) en 1847. Cette même année 1842, il fut engagé comme dessinateur par le naturaliste suisse Louis Agassiz qu’il accompagna en Suisse et en Italie. L’expérience tourna court : LANFANT quitta Naples à pied et s’engagea dans une troupe de comédiens ambulants. De retour à Paris en 1843, il débuta cette année-là au Salon avec un dessin : Romulus attaque et bat les Sabins. Il obtint une médaille d’or à celui de 1847 et y présenta jusqu’en 1868 des scènes de genre, parfois d’inspiration historique ou littéraire. Il fréquenta alors COURBET, Jean-François MILLET et des membres de la bohème parisienne comme le caricaturiste et photographe NADAR ou les écrivains Gérard de NERVAL et Henri MURGER. En 1868, à la suite d’un voyage à Trouville avec COURBET, il retrouva au Havre d’anciens amis comédiens et rencontra le musicien Louis TESSIER (1846 -1902) dont il devint l’ami. Il s’établit dans cette cité portuaire et aménagea un atelier rue aux Dames (actuelle rue Ernest Renan). Une rue de la ville porte son nom.

Il participa à de nombreuses expositions de province : Marseille, Saint-Etienne, Carcassonne (médaille de bronze en 1876), Bordeaux, Lyon, Avignon, Saint-Quentin, Pau, Bourg-en-Bresse, Montpellier et bien sûr Le Havre.

En Lorraine, il prit part aux expositions de la SLAA de Nancy en 1862 puis de 1874 à 1882 ainsi qu’à celle d’Epinal en 1881. Dans les différents catalogues de ces expositions lorraines, il donne comme adresse : « Chez M. Eliot, 16 avenue Trudaine. Paris ».

Son nom est parfois orthographié « Lenfant », notamment dans le catalogue du Salon de 1868 qui le dit né à Metz et domicilié « chez Mlle Brunet, boulevard de Italiens, 34 ». Ce désir de brouiller les pistes est à l’image d’un artiste original à l’existence romanesque marquée par une instabilité géographique (voyages, déménagements) et un exceptionnel élan vital : entre 1873 et 1881, il eut cinq enfants de deux compagnes différentes dont l’une aurait pu être sa fille et l’autre sa petite-fille. Le peintre Alexandre Louis FEULARD (1813-1889) était présent à la déclaration de naissance au Havre de son dernier fils en 1881.

Ses tableautins (ils dépassent rarement cinquante centimètres) connurent et connaissent encore un grand succès.

Deux de ses œuvres présentées à Marseille attirèrent l’attention de Maurice CHAUVELIN : « M Lanfant (de Metz) a adopté pour les tableaux de genre une manière libre et forte ; il ne lèche pas la toile et n’accorde pas aux détails plus d’importance qu’ils n’en méritent. De cette façon, il évite d’être froid et parvient à donner à ses moindres compositions tout le relief et toute la largeur de la grande peinture. Son Ciseleur et son Sculpteur se détachent parfaitement de leurs cadres ; vous jureriez que ces deux personnages lilliputiens sont de chair et d’os. » (1858)

« Lanfant, nom prédestiné, se fait une spécialité de scènes qui représentent les jeux, les querelles, les espiègleries et les défauts de l’enfance, sorties bruyantes d’école, batailles rangées, farces jouées aux voisins de la rue, maraudes dans la campagne, scènes aussi où l’enfant singe les attitudes, les gestes ou les passions des grandes personnes, œuvres inégales, mais toujours spirituelles, débordantes de verve et peintes souvent avec de belles qualités de pâte. »  Gaston VARENNE (1926)

Artiste doué et productif (il peignait indifféremment de l’une ou l’autre main), il réalisa aussi des portraits, quelques scènes de chasse et des paysages où l’on décèle l’influence des peintres de Barbizon, qu’il a fréquentés.

Il collabora avec Joseph GUICHARD et Emile LEMMENS à la décoration d’un piano à queue présenté par ÉRARD à l’Exposition universelle de 1855.

Il donnait des leçons de peinture pour compléter ses revenus. Parmi ses élèves citons le Nancéien Michel HENRY*.

A partir des années 1850, ses œuvres furent vulgarisées par la chromolithographie à travers des estampes réalisées par divers artistes dont les Lorrains Joseph BETTANIER* et Claude RÉGNIER*. Les plus nombreuses furent imprimées par LEMERCIER et éditées par GOUPIL qui était son marchand attitré. Au début de la décennie suivante, certains de ses tableaux furent reproduits par la gravure et par la photographie.

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Le tableau du samedi

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Fardoise nous propose de nous intéresser à « nos chères têtes blondes » .

J’ai choisi un tableau de Jean – Baptiste Fresez

Un charmant tableau où l’artiste se plait à rendre toute la délicatesse de la dentelle , leur transparence, le bouffant du tissu mettant bien en valeur les bras potelés de l’enfant.

Pour mieux connaitre ce peintre luxembourgeois surtout connu pour ses paysages, je vous propose la fiche de mon mari .

Longwy 1800 – Luxembourg 1867

Peintre, dessinateur, professeur de dessin et de peinture

Fils d’un modeleur en faïence.

Son père, originaire d’Audun-le-Tiche (57), était employé à la faïencerie BOCH de Septfontaines à Luxembourg, ville qu’il quitta pour Longwy à la suite de la prise de la forteresse par les Français en 1795.

Sa famille étant de retour à Septfontaines en 1802, Jean-Baptiste fréquenta l’école de dessin de la faïencerie puis fréquenta le cours de dessin de Pierre MAISONNET à Luxembourg. En 1814, il fut embauché comme peintre sur terre de pipe à la manufacture BOCH de Mettlach (actuelle Sarre). Le décès de son père en1818 l’incita à entrer l’année suivante comme commis chez un architecte luxembourgeois tout en poursuivant l’étude du dessin auprès de François Joseph MAISONNET, fils de son maître précédent. En 1822, il fut admis à l’Académie de peinture et de dessin de Bruxelles qui lui décerna deux ans plus tard le diplôme de capacité à l’enseignement. Il devint alors professeur à l’Ecole municipale de dessin de Luxembourg. Profitant de ses vacances pour étudier les grands maîtres à Anvers, il se vit attribuer en 1826 le diplôme de grande capacité par l’Académie des beaux-arts de cette ville. Il fit ensuite plusieurs voyages d’études à Paris (en particulier auprès de Charles Caïus RENOUX, spécialiste des architectures, et de l’aquarelliste Jean-Baptiste Louis HUBERT), à Bruxelles, en Allemagne et en Hollande (1841).

Marié en 1838 avec Barbe BRIMMEYER, il fut nommé en 1841 professeur de dessin et de peinture à l’Athénée royal de Luxembourg. Cette même année, des paysages à l’aquarelle offerts à Guillaume II, roi des Pays-Bas et grand-duc de Luxembourg, lui valurent de recevoir des bagues de diamants et de brillants. Il cumula dès lors les honneurs : membre de la Société des Beaux-arts de Gand (1844), chevalier de l’ordre de l’Aigle rouge de Prusse (1858) et de la Couronne de Chêne du Luxembourg (1859). Il fit aussi partie de la Société archéologique du Grand-Duché de Luxembourg, de l’Institut des Beaux-arts de Bruxelles et de la loge maçonnique « les Enfans de la Concorde fortifiée » dont faisait également partie Léon LYON*. Il avait obtenu la nationalité luxembourgeoise par option en 1848 et se vit attribuer en 1852 une médaille de vermeil à l’exposition de l’industrie et des arts de Luxembourg. A la suite du décès de l’homme d’affaires Jean-Pierre PESCATORE fin 1855, il fut chargé avec Auguste MARC* d’expertiser l’importante collection dont celui-ci avait fait don à la ville de Luxembourg.

Avant tout dessinateur, FRESEZ se consacra au portrait mais représenta surtout de nombreux sites du Grand-Duché réalisés à la mine de plomb, souvent sur papier de couleur et rehaussés de blanc. Ces vues pittoresques s’inscrivent dans la ligne du paysage romantique, alliant la précision du détail et le désir de restituer une atmosphère, en particulier dans la représentation des châteaux en ruines. Certaines ont été utilisées par Villeroy et Boch pour la décoration d’une série d’assiettes.

Un certain nombre de ses dessins consacrés à la ville de Luxembourg ont été lithographiés par le Belge Paul PLAUTERS et publiés en 1828, 1829 et 1839 (Bruxelles, Dewasme-Pletinckx).

C’est également d’après ses dessins que fut réalisé un ouvrage dédié au prince Henri des Pays-Bas :

  • Album pittoresque du Grand-Duché de Luxembourg (30 dessins lithographiés par Armand CASSAGNE, imprimés à Paris par LEMERCIER), Luxembourg, V. Hoffman, 1857 (réédit. Luxembourg, Linden et Hansen, 1932 puis ibid., Edouard Kutter, 1968)

Après son décès, sa veuve envoya au palais des Tuileries un exemplaire de cet album, ce dont elle fut gratifiée d’une médaille d’or.

Il peignit aussi des paysages à l’aquarelle et occasionnellement à l’huile, technique dans laquelle il réalisa des portraits où « il se plaît à mettre en évidence la beauté des tissus, la transparence des dentelles et divers autres agréments vestimentaires de ses modèles ». 

Jean-Luc KOLTZ (1989)

FRESEZ doit être considéré comme le fondateur de l’école artistique luxembourgeoise. Au cours de sa longue carrière d’enseignant, il forma de nombreux élèves dont deux nés en Lorraine : Nicolas LIEZ* et Auguste MARC*.