
« Les larmes du vin sont des larmes sans chagrin. »
Intronisé « Chevalier du Tastevin » en grande cérémonie, Daniel Picouly, le narrateur de cette histoire, est invité à faire un discours sur le vin, trésor national et mystère absolu. Le défi est grand pour le « cancre des cépages. Ce qui pouvait apparaître comme un malentendu devient alors l’occasion de revisiter son itinéraire singulier, et de s’interroger sur la place de ce « liant social » dans nos existences.
De son enfance à aujourd’hui, il convoque de tendres souvenirs et des anecdotes cocasses dont on savoure le nectar. L’auteur se fait, avec humour et fantaisie, l’observateur des effets du vin sur chacun d’entre nous, esquissant une sorte de petite philosophie en forme d’éloge de la quête, de la mesure et de l’équilibre. Un bonheur.
On retrouve dans ce récit drôle, émouvant et sans doute le plus personnel, le panache de l’auteur du Champ de personne, Grand Prix des Lectrices de Elle, et de L’Enfant Léopard, prix Renaudot.
Je me suis vraiment régalée en lisant ce roman , Daniel Picouly a l’art de nous mettre dans la confidence de son parcours de vie avec un humour des plus appréciable. Franchement je vous recommande ce livre , un excellent remède contre la morosité ambiante.
Quelques extraits
« En fait , si vous écriviez un texte plus conséquent vous ne choisiriez pas , comme titre, In vino veritas mais plutôt In bio veritas ( Je ne suis pas sur de le comprendre.)Vous avez fait du latin ?
_ Seulement dans les pages roses.
_ ça se voit.( Bien aimable ! ).En réalité, l’expression In vino veritas ne dit pas que c’est dans le vin qu’on trouve la vérité, mais plutôt dans le chemin où le vin vous mène: la sagesse ou l’ivresse.(Où Eymeric essaierait il de m’embarquer?) Ce sont deux tentations dont les extrêmes se rejoignent. Une version vinicole des deux infinis de Pascal.(ça fume dans le pressoir)Vous avez fait de la philo?(Seulement dans une baignoire. »
« Incroyable ! La m’am ne se souvient pas quels vins bizarres j’ai reçus pour mes anniversaires. Alors, je les ai imaginés.
Pour mes un an : un vin de glace, le « Yéti », fait à partir de raisins vendangés sous la neige.
À mes deux ans : une bouteille de « Sherpa », un vin de l’extrême qui pousse à plus de 5000 mètres d’altitude sur une pente à 30 degrés.
Pour mes trois ans, « Hoggar », un vin récolté à dos de chameau, au milieu du Sahara, avec une rose des sables sur l’étiquette.
À quatre ans, « Abysse », une amphore d’un vin sous-marin récolté en bathyscaphe, dans la fosse des Philippines, à déguster avec palmes, masque et tuba.
Pour mes quinze ans, un vin de cinéma : « Les Tontons », un vin voyou sulfaté rouge sang premier cru et blanc de noces, du 24 degrés/seconde, trois cépages royaux : du Volfoni italien, du Naudin rustique et du Folace folasse. Robe de deuil, bouquet de chrysanthèmes et cordite, nez de bourre-pif, Audiard en bouche et palais de justice. Silencieux au débouché.
Ces vins bizarres auraient tout changé, si je les avais connus. J’avais de quoi rêver. Je serais devenu trappeur, chasseur d’ours au Canada, méhariste, scaphandrier, sherpa dans l’Himalaya, cascadeur ou vendeur de tractopelles à Montauban.

« Et maintenant ?
Je savais bien que jamais je n’en aurais fini avec la ponctuation. Aussi longtemps que je vivrais, et donc aussi longtemps que j’écrirais, je me battrais avec les signes, je m’acharnerais à bien placer les virgules. Et les points. Et les points-virgules. Sans oublier les tirets, les crochets, les chevrons auxquels je n’avais pas jusqu’ici prêté assez d’attention.
Mais une petite voix me parlait. Elle me vait de tout au fond, là, au milieu du ventre entre coeur et nombril:
– Toi aussi, tu as une histoire, Jeanne, ton histoire secrète. L’heure est venue de la raconter. »
Erik Orsenna a une superbe façon de parler de la langue, jamais il n’est ennuyeux , il nous captive du début à la fin de cet ouvrage. Il faudra que je lise les autres aventures de Tom et Jeanne de cet auteur .
Quelques extraits :
« Qu’est-ce qu’un discours ?
Une sorte de chanson, où la musique (le ton, le rythme) joue un rôle aussi grand que les paroles. Un discours s’écrit en parlant, en parlant fort. Les mots ressemblent à de jeunes oiseaux : ils doivent être lancés dans l’air pour vérifier s’ils savent voler. Si les mots s’écrasent, il faut en changer. »
« Notre langue n’est pas seulement un moyen de nous comprendre. C’est un bien que nous avons tous en partage, les petits comme les grands, les faibles comme les puissants ; c’est notre chose commune (respublica en latin, « république »). »
« On a tous de drôles d’amis, des amis que nos autres amis détestent, des amis dont nos autres amis nous disent : mais vraiment, sois franche, qu’est-ce que tu lui trouves ?
Ce drôle d’ami, pour moi, c’est la grammaire.
La grammaire essaie de mettre de l’ordre dans le grand peuple des mots. Si on ne leur imposait pas des règles, ils iraient n’importe où, les mots. Ils s’assembleraient n’importe comment. Et plus personne ne se comprendrait. Ou alors ils resteraient chacun dans son coin, ils refuseraient de former des phrases. Quel dommage ! Quel gâchis ! La grammaire rapproche, la grammaire relie, la grammaire accorde. »

Dans le train qui la ramène de Marseille à Paris, Morgane s’ennuie. « Confiez-moi un secret » demande-t-elle à ses abonnés.
Des centaines de messages affluent, tous plus personnels les uns que les autres. Elle en lit un, deux, puis elle les dévore tous, touchée par la fragilité qui s’en dégage. D’où lui vient cet intérêt pour l’intimité de ces personnes ?
La curiosité se mue en enquête, mais à mesure qu’elle progresse, un souvenir émerge à l’ombre des secrets des autres : le sien. Une histoire de famille secrète et douloureuse, celle d’une lignée de femmes marquée par le silence.
Archiviste de l’amour, révolutionnaire de l’intime et poétesse, suivie par plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Morgane Ortin est l’autrice d’un premier best-seller, « Amours solitaires », traduit en cinq langues. Avec son nouveau livre, « Le secret », elle délaisse les rivages de l’amour pour les abîmes de l’intime, révélant une autrice sensible et audacieuse.
Avis un peu mitigé concernant ce livre.. Certains témoignages me semblent tres bien analysés d’autres moins.
Quelques extraits
« Les secrets à étages m’ont
d’abord surprise, voire décontenancée. Pourquoi me confiait-on la plupart du temps les symptômes plutôt que les origines ? Par pudeur, par honte,
ou par besoin d’être rassuré avant d’aller plus loin. Parfois, aussi, parce qu’il est difficile de réaliser jusqu’où remontent les racines de nos silences. »
« J’ai grandi en extérieur, dans le bruit, pour ne pas entendre les silences qui emplissaient ma maison. Maintenant que je tends l’oreille, ce silence me parait de plus en plus assourdissant. »
« J’ai déjà menti par amour, construit des mondes parallèles pour protéger l’autre jusqu’à y croire moi-même. Je le faisais pour eux autant que pour moi, car mettre en péril ceux auxquels on est attachés, c’est se mettre en péril soi-même. L’amour, quoi qu’on dise, lie les existences, les responsabilités et les secrets. Souvent, c’est lorsque l’intimité se brise que la vérité éclate. »