Jeudi poésie

Colette à la barre du bateau des croqueurs de mots pour la quinzaine nous donne comme thème celui de l’âge ou libre pour ces deux jeudis poésie .

Ne vous souciez jamais de votre âge,

Comme la truite, il est insaisissable

Prêt à vous échapper pour de vrais voyages

Au royaume enchanté de l’insondable .

*

Tantôt aurore , tantôt crépuscule,

Il est l’âge miroir des autres regards,

Ne laissez pas le noir dresser l’étendard,

En vous, l’âge est aussi libellule

*

Il est libre de s’envoler à l’instant,

Loin des tracas liant les esprits chagrins,

Ravi de garder toujours sa joie d’enfant.

*

Il chante en vous cet âge clandestin,

Jouant avec l’esprit, en prenant le temps

De choisir sa voie à la croisée des chemins .

GF 14/12/2022

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Défi 273 des Croqueurs de mots

Colette à la barre du bateau des Croqueurs de mots pour la quinzaine nous dit :

Thème : l’âge . Pour le lundi 12 décembre je vous propose de partir de la citation suivante :

« Impossible de vous dire mon âge il change tout le temps » Alphonse Allais . Écrivez un petit texte en prose ou en vers, pour expliquer et vous exprimer là-dessus, tout simplement (sérieusement ou avec humour) peu importe.

Ce n’est pas mon époux qui contredira Alphonse Allais , c’est donc lui cette semaine qui s’exprimera sur ce sujet , une nouvelle bougie à souffler sur le gâteau ayant depuis peu fait évoluer mon âge…..

Dans la majorité des couples, l’homme est plus âgé que la femme. Malgré un léger fléchissement, le phénomène cougar ne suffit pas à inverser la tendance.

    Je suis né le 18 novembre 1948, Gisèle le 11 décembre 1951. Ce qui représente une différence de 3 ans, 3 semaines et 2 jours, soit 1118 jours. Ce décalage n’a jamais posé de problème majeur mais soulève une question : ces trois années d’écart ont-elles plus de poids au début ou à la fin de de nos existences respectives ? La réponse pose le problème de la frontière entre temps objectif et temps subjectif.

    Si l’on envisage le début de notre parcours, la réponse est évidente. Ma future épouse était encore dans les limbes quand je macérais dans mes langes. Quand son tour fut venu de biberonner, je trottinais en barboteuse et mangeais des pâtes au beurre. Comme elle, je n’ai aucun souvenir des événements qui se sont produits entre novembre 48 et décembre 51. Elle a par contre un net déficit mémoriel pour la période 1951 -1954, alors que je me souviens de la petite voiture rouge offerte pour mes 4 ans et de la photo de Staline sur son lit de mort à la une de L’Est Républicain.

    Si l’on considère les trois derniers tours de piste calendaire jusqu’à ce premier jour de l’automne, mon avance est devenue un handicap. Le poids de ces années et les problèmes en découlant ont rendu plus tangible notre différence d’âge, d’autant plus que Gisèle entretient sa forme physique. Elle parcourt régulièrement la campagne à vélo alors que je me contente de pédaler dans la choucroute.

    Si je meurs demain, elle n’aura sans doute aucun mal à combler son retard puis à creuser l’écart .

Jeudi poésie

Colette à la barre du bateau des croqueurs de mots pour la quinzaine nous donne comme thème celui de l’âge ou libre pour ces deux jeudis poésie .

La vieillesse

Viennent les ans ! J’aspire à cet âge sauveur
Où mon sang coulera plus sage dans mes veines,
Où, les plaisirs pour moi n’ayant plus de saveur,
Je vivrai doucement avec mes vieilles peines.

Quand l’amour, désormais affranchi du baiser,
Ne me brûlera plus de sa fièvre mauvaise
Et n’aura plus en moi d’avenir à briser,
Que je m’en donnerai de tendresse à mon aise !

Bienheureux les enfants venus sur mon chemin !
Je saurai transporter dans les buissons l’école ;
Heureux les jeunes gens dont je prendrai la main !
S’ils aiment, je saurai comment on les console.

Et je ne dirai pas : « C’était mieux de mon temps. »
Car le mieux d’autrefois c’était notre jeunesse ;
Mais je m’approcherai des âmes de vingt ans
Pour qu’un peu de chaleur en mon âme renaisse ;

Pour vieillir sans déchoir, ne jamais oublier
Ce que j’aurai senti dans l’âge où le cœur vibre,
Le beau, l’honneur, le droit qui ne sait pas plier,
Et jusques au tombeau penser en homme libre.

Et vous, oh ! Quel poignard de ma poitrine ôté,
Femmes, quand du désir il n’y sera plus traces,
Et qu’alors je pourrai ne voir dans la beauté
Que le dépôt en vous du moule pur des races !

Puissé-je ainsi m’asseoir au faîte de mes jours
Et contempler la vie, exempt enfin d’épreuves,
Comme du haut des monts on voit les grands détours
Et les plis tourmentés des routes et des fleuves !

René-François Sully Prudhomme.