Jeudi poésie

Jeanne Fadosi à la barre du bateau des croqueurs de mots pour la quinzaine nous dit : pour les jeudis poésie du 10 et du 17 novembre, je laisse le choix du sujet ou pour celles et ceux qui préfèrent un fil conducteur, de choisir un ou des instrument-s de mesure du temps.

L’horloge de Charles Baudelaire.

Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit :  » Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d’effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible,

Le plaisir vaporeux fuira vers l’horizon
Ainsi qu’une sylphide au fond de la coulisse ;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.

Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! – Rapide, avec sa voix
D’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !

Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or !

Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.

Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,
Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard !  »

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal

Publié par

giselefayet

Mots , images , mouvements, impressionnent ma plaque sensible et la communication en est le révélateur le plus puissant . Citation favorite : " Être libre ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaines , c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres." Nelson Mandela

18 réflexions au sujet de “Jeudi poésie”

  1. Un magnifique poème de Baudelaire alors qu’hier je suis allée en visite non loin de l’imprimerie où a été édité courageusement Les fleurs du mal et un poème particulièrement sinistre et glaçant Merci Jazzy

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  2. Le temps qui passe inexorablement….et qui en effraie plus d’un.
    Le poème de Baudelaire est assez sinistre!
    Belle illustration que je reconnais, jazzy.
    Bises et douce soirée.

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  3. sacré Baudelaire !
    Il est unique !
    C’est fort comme texte. Rapide et saccadé comme le temps .. Qui passe trop vite ..
    Super de l’avoir mis.
    Bises

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